Les Sales Majestés « Overdose » (2019)

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Deux ans après « Droit dans le mur » et l’élection de « notre » nouveau président, Les Sales Majestés reviennent plus énervés que jamais avec, d’emblée, un constat implacable. « Overdose ».

En 2015, Les Sales Maj’ sortaient un album en mode « rouleau compresseur » avant de lever (un poil !) le pied sur « Droit dans le mur ». Avec un nom d’album aussi évocateur que réaliste, celui-ci n’avait épargné personne, comme toujours, et il est encore l’heure de faire les comptes… En 2019, le groupe a décidé de remettre ces bons vieux ingrédients qui transcendent leur musique depuis près de 30 ans déjà dans ce huitième opus boosté à l’adrénaline. Ici, plus de non-dit, plus de fourberie, impossible de se cacher : là où « Droit dans le mur » pêchait par moment avec certaines compos sonnant un peu bis repetita, « Overdose » réalise un (quasi) sans faute.

« Overdose » s’inscrit pleinement dans cette tradition punk : des morceaux de moins de 3 minutes, des enchainements sans temps mort et une dizaine de titres avalée en 30 minutes chrono. A chaque titre son combat, à chaque titre ses revendications, la boucle est bouclée. Il suffit juste de se montrer patient tant les thématiques ne manquent pas : certaines reviennent toujours et avec insistance, malheureusement elles reflètent aussi l’image d’une société qui va mal.

D’abord, ce nouvel opus ne pouvait pas se lancer autrement : Macron, symbole tout puissant de cette France tendue au bord de l’explosion, ne revêt pas le rôle du catalyseur et c’est une véritable bombe qui est larguée en ouverture. Hit incontestable de l’album, le refrain fait taper la tête contre les murs et il devrait s’inviter sur tous les camions sono (« La France en marche c’est marche ou crève ! »). Un peu facile diront certains, terriblement défouloir pour d’autres !

Petite curiosité trouvée dans ce disque, Les Sales Majestés vont pousser le vice plus loin en essayant de proposer des combos de titres avec des thèmes communs. C’est ainsi qu’après le premier portrait taillé à la hache de Macron, c’est Castaner qui matraque le relais. Matraquage de la jeunesse, matraquage des contestataires, les punchlines continuent à coup de « police partout, justice nulle part ! ». Début puissant !

La machine n’a pas le temps de ronronner qu’elle est déjà lancée pleine bourre : en référence aux derniers protagonistes cités, un hommage aux Gilets jaunes était forcément à prévoir dans ce disque, pour tous ceux qui ont bloqué les ronds-points de l’hexagone une bonne partie de l’année passée. Les Sales Majestés en profitent également pour remettre les pendules à l’heure en évitant la récupération : un punk/rock anti-facho et anti-libéraux est toujours rassasiant. Il permet surtout de garder un œil sur une hyène tapie dans l’ombre : Antifachistes est un véritable brûlot et il ne manquera pas de rappeler que Marine Le Pen sera encore-là en 2022.

Ce joyeux monde en mouvement, le groupe va prendre de l’altitude sur deux autres morceaux (Apocalypse et Overdose) en invitant des sonorités métal à leur univers punk… et elles ne vont pas créer l’unanimité. Si elles ont le mérite de mettre un coup de frais côté créa’, les refrains hurlant font pêcher un peu le côté mélo. Dommage. En revanche, les questions abordées méritent que les regards restent braqués sur elles, chute du genre humain oblige, destruction de la planète, en filigrane, qui suffoque.

Blasés par le monde qui ne tourne plus rond et ceux qui le dirigent, Les Sales Majestés font, à nouveau, le constat amer que Tout est faux (« Tout le monde triche, tout le monde ment, tout le monde fait semblant ») et que pour ne pas être déçu, Je crois en rien. Noir mais réaliste, le refrain est alors implacable : s’il ne parait pas si surprenant, il enterre définitivement l’Homme et ses belles idées, ce qui le motive mais aussi ce qui le déchire.

Finalement, rendre hommage à ce qui permet de raviver la flamme devient presque alors une évidence : en mode Salut à toi, Pogo pogo « c’est la danse du chaos » invite tous les petits agités à continuer de se battre pour leurs idées, où chaque combat mérite d’être mené. Plus loin, Punk à gogo peut rappeler à certains la Mayonnaise à gogo des Sheriff mais elle est surtout une ode à tous les amateurs du genre. Enfin, Peace and love est une chanson aux rêves perdus, à des souhaits d’une autre époque semblant bien révolus. Insouciance des uns, naïveté des autres, les dictas du néo-capitalisme en ont décidé autrement.

Les Sales Majestés, « Overdose », disponible depuis le 22 novembre 2019 chez DKP Prod.

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