Bob’s Not Dead « J’y pense ! » (2016)

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Bob's Not Dead J'y pense 2016

Toujours en vadrouille et jamais fatigué, Bob’s Not Dead vient de sortir le mois dernier le tome 2 de son histoire, « J’y pense… ». Un opus synonyme de prise de recul, comme si le cap de la trentaine était un gage de maturité, qui permet au bonhomme de poser, une nouvelle fois, des mots sur le monde qui nous entoure. Il n’est pas folichon, vous vous en doutez, mais nous ne sommes pas condamnés…

Lorsque Bob’s Not Dead sortait « Rock’n’roll vespa » après avoir sillonné les routes durant de nombreuses années, nous avions eu la chance de découvrir un gaillard attachant. A la fois drôle et sincère, Bob a surtout eu raison de persévérer : à force d’user le macadam et le zinc des comptoirs, l’artiste est bel et bien sur une dynamique lui permettant de faire son trou, doucement, certes, mais sûrement. Ses airs de faux rejeton de Brassens et Renaud assumés, l’artiste affine toutefois sa patte et construit son personnage.

Trois ans après le premier volet, voilà que Bob’s Not Dead revient cette rentrée avec « J’y pense… ». Au fil de 14 titres, l’artiste va nous aider à comprendre les tourments de son existence, ce qui l’anime aussi, trempé au fond d’un encrier. Emprunt d’une poésie qui tutoie la rue et l’espoir, les fantômes du passé cultivent la peur. Mais c’est bien les doutes du chanteur qui s’expriment dans un premier cri d’espoir sur A l’encre noire (« pourrais-je aller jusqu’au bout sans peur de m’écrouler ? »).

Les guitares criardes commencent alors à peindre un tableau sombre, où la noirceur d’un caniveau enveloppe la tristesse d’un homme blessé au cœur brisé. Au détour d’un troquet, la réalité est cruelle. Si cruelle que les notes nous pousseraient presque à croire au destin… Rattrapé de justesse au bord du vide, l’Avatar prolonge la tristitude des chansons de Bob. Toujours en acoustique, la track fait résonner les mots qui s’entrechoquent et s’évanouissent dans la toile de son cerveau. Comme si les galères du keupon traversaient le temps et l’espace, le constat est sans détour : « toute cette vie c’est que du bidon, c’est comme la salle des miroirs, que des reflets sans fond ». Ce n’est pas la très imagée (et délicate) discussion entre Trois feuilles mortes qui prouvera le contraire. Valdingué dans le château de cartes du monde, l’artiste s’offre une méditation salutaire, Sans artifices, pour tenter de retrouver cette énergie envolée.

Bien que l’écoute soit déstabilisante, les pièces de l’échiquier de son existence se mettent subitement à bouger : alors que « Rock’n’roll vespa » contait les joyeux périples de l’artiste à ses débuts ou de son émancipation, la lumière s’allume. Plus matures, les textes de Bob’s Not Dead viennent de prendre une dizaine d’années dans le coco. Mieux, ils questionnent sur un cap à passer (Trente ans) en tentant de se projeter dans un futur incertain.

Finalement décidé à passer outre, Bob’s Not Dead constate que pour le Délit de sale gueule il n’y a pas d’âge ! A bord de son camtar, Bob monte le son et sort les guitares pour un punk vrombissant ! Les mots, toujours teintés d’humour, reprennent du service sur un fond de rock’n’roll : sur Mes dernières volontés, Bob’s Not Dead joue avec la faucheuse pour repartir de l’avant. Guidé par les courants de la vie, le gaillard libère les mots sur ses rêves perdus (J’y pense) en laissant sa guitare voguer au gré des vents. Jamais à l’abri d’un Black out, il va même jouer des clichés quand il essaie de vous faire pleurer (« à une époque je pensais qu’il me fallait être malheureux pour écrire quatre couplets qui font piquer les yeux »).

Définitivement persuadé d’être dans la bonne direction, Bob’s Not Dead a finalement tout compris : après avoir bien galéré dans le monde des humains du 21ème siècle, il prend la tangente (J’me barre !) dans le monde des amoureux (Creuse manouch’).

Avec ce « J’y pense », Bob’s Not Dead dévoile un album beaucoup plus personnel que les périples rencontrés à bord de son vespa. En proposant un opus plus rock mais aussi très chanson, Bob’s Not Dead n’a rien perdu de son franc parlé. Entre humour, provoc’ et poésie, la voix rocailleuse de l’artiste continue de résonner. En toute humilité.

Clip « Délit de sale gueule »

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. A l’encre noire
2. Trente ans
3. Au détour d’un troquet
4. Creuse manouch’
5. Jingle
6. Délit de sale gueule
7. Mes dernières volontés
8. Sans artifices
9. Avatar
10. J’me barre !
11. J’y pense
12. Black out
13. Trois feuilles mortes
14. La mante religieuse
15. Piste cachée (pour les Kissbankers)

Durée : 43 min
Sortie : 1er septembre 2016
Genres : Rock / Punk / Chanson
Label : Cacahuète Production

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