Bandikoot « Odd stories » (2021)

6 min de lecture
chronique bandikoot odd stories
Temps de lecture : 3’00

Au beau milieu d’une année 2021 qui n’en finit plus de porter les stigmates de la crise sanitaire, les aficionados de crash ou de dub n’ont pas du rester insensibles à une nouveauté parue à la fin du printemps : Bandikoot (in Dub pour les intimes), a dévoilé le successeur de « Raw material » avec un format un peu plus long. Et ça fait plaisir !

Avec une pochette armée d’un uka uka, le doute ne peut plus être permis pour le dubmaker strasbourgeois qui l’a, à peine, camouflé dans des fougères bien vertes. Sur cette nouvelle dub session, Bandikoot glisse sur 8 pistes en prenant son temps toutefois : il n’y aura pas de relique au bout du compte avec un chrono de 47 minutes au total. Par contre, c’est un beau gemme dans la discographie du plaisir qui vient s’ajouter à la collection des trophées.

Sur ce « Odd stories », c’est un voyage au gré des contrées du dub qui se prépare. On sent bien l’influence des plus grands sur le titre d’ouverture, le très puissant Purple light, qui nous amène dans un dub digital-oriental sculpté à coups de skanks et de grosses doses steppa. Avec un point de rupture au beau milieu du morceau, amorcé par le saxo de Romain Pivard (Mux), Bandikoot casse des caisses et s’envole pour les îles Wumpa.

Sur Beyond dunes, Bandikoot se mêle à l’exploration de Kaly Live Dub (sur des airs de « Fragments » notamment) entamé il y a plus de 10 ans maintenant, mais la magie opère toujours. Le climat tropical est capricieux : une chaleur étouffante laisse place à un déluge puissant, fait de bass music et d’un dub supersonique, pulvérisant les run de Sonic le hérisson.

Pourtant, Léo Martin ne compte pas rester en place : du fait de ses capacités anthropomorphiques, l’animal fonce sans se retourner ! Pyrogue est sinueux, il va faire un coucou à un autre monsieur Martin (Brain Damage) avant de se lancer dans un jeu frénétique, entre sonorités de l’Asie et machines volcaniques.

Entre les bananes et les fruits Wumpa, il n’y a qu’un pas : Bandikoot change de franchise le temps d’une poignée de minutes avec Monkey’s hidding. Avec un renfort de taille dans ses rangs, Shiva de Brainless, les deux compères se taillent un sacré bout de gras, un bout qui reste en bouche pendant longtemps. Le genre de morceau à mettre KO Néo-Cortex en moins de 5 minutes assurément : le passage en mode dark dub se fait sans transition, le flow ravageur de Shiva rappelle l’ambiance ravageuse que savait créer Fumuj, du temps de leur « Drop a three ».

Bandikoot semble bien avoir compris que le concept peut se décliner en d’autres variantes toutes aussi percutantes : Tubes roo met les bouchées doubles et, à la sauce d’un team racing, et il se place dans le sillage d’un dub profond, sombre, agrémenté de bruitages en tous genres qui viennent déclencher un sacré boost dans la machine. C’est donc pleine bourre que Bandikoot s’envole, porté par un dub/electro qui devient hybride sur High Voltage ! L’artisan du son triture et débloque des nouveaux niveaux, les cristaux s’accumulent mais une âme maléfique n’est jamais bien loin. Dans un finish de haute volée, façon High Tone 3.0, Bandikoot fait de la place autour de lui.

La fin du disque restera dans cette veine digitalisée, prête à exploser : d’abord, K’hoot, tombe le masque : le son a muté, il est presque drum’n’bass, et c’est avec un costume furtif qu’il avance dans le noir. Le cortex n’a plus aucun sens, il n’y a rien de superficiel chez Bandikoot, tout s’entremêle dans une finesse sans faille. Accompagné d’un didgeridoo surprise, la transe s’invite à la partie pour débouler sur un blues encore plus étonnant en toile de fond de Rogue island. On continue la recette dans les vieilles marmites, et c’est un trio ethno-dub/blues qui s’occupe de boucler la boucle en compagnie de Fat Jeff. Une rencontre avec Papu Papu impromptue qui en appelle d’autres !

Avec son « Odd stories », Bandikoot réalise un album plus que prometteur. Il annonce la couleur et il démontre une fois encore que les nouveaux fleurons de la scène dub française sont bien présents. Un nouveau projet est déjà dans les tuyaux, avec AMA, et il va sortir très bientôt. Enfin, car il est toujours important de rappeler les bons plans, l’album est en téléchargement libre et gratuit sur ODG Prod.

Bandikoot, « Odd stories », disponible depuis le 7 mai 2021 chez ODG Prod (8 titres, 47 min.).

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Cortesia « La diferènci »

Article suivant

Mâle et Cléa Vincent au Roquerols (Sète, 34) 26.08

Dernières publications

Rakoon « Lounja »

Le raton laveur le plus célèbre de la scène électro/dub française a sorti la semaine dernière