Scarecrow : Ensemble et pourtant si seuls (Partie 2/2)

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Scarecrow Pois Chiche 2016

Deuxième partie de l’interview réalisée par Groum’, toujours en compagnie des membres de Scarecrow qui, en définitive, avaient bien des choses à dire au Musicodrome !

Paroles en français, moins d’impact ?

Slim Paul : Les américains sont le berceau de notre culture depuis 60 ans, c’est eux qui envoient leur musique en europe, et l’europe suit en général. C’est vrai que l’anglais est parlé partout, mais je pense que c’est un peu du flan, les gens sont demandeurs. On aura pu avoir des doutes sur le rap en français, mais en fait pas du tout !

Vous avez joué aux états unis, comment a été accueilli le rap français là bas ?

Pap’s : L’américain a pas le même état d’esprit. Quelque soit la langue, il va pas se dire « Ça va rapper en français », c’est plus « Il y a un nouveau groupe, il vient de l’étranger il joue chez nous, qu’est-ce que ça va donner ? »

Slim Paul : Le problème en France, c’est que y’a des quotas de langue française, il faut de la chanson française sur la radio. Forcément, ils ont besoin de mettre du français à la radio parce qu’ils soutiennent des projets qui sont tellement pauvres, que s’ils faisaient pas ça, on aura très peu de musique française sur les ondes. On a fait une tournée en Allemagne, on est tombé sur un groupe de Hip Hop, deux mecs. Le chanteur était aveugle, il se pointe avec sa canne, il commence à envoyer un flow en Allemand, c’était de la balle, et les instrus aussi étaient ouf !

Jamo : On a rien compris à ce qu’ils racontaient, mais on a surkiffé le concert !

Slim Paul : Pourquoi on entend pas de la musique comme ça, en France ? Du rap allemand, de la musique espagnole, de la musique italienne… Aux Etats Unis ils passent de la musique française à la radio ! Je mattais un match de Basket (Slim Paul est fan de NBA, ndlr), ils ont passé Booba dans la salle.. A Orlando ! Après je suis pas fan de Booba, mais c’est sur le principe, tu vois ? Nous, on est assez excité par les Etats Unis, pas pour le cliché du rêve américain, parce qu’on a rien à y gagner là bas plus qu’ailleurs, mais c’est vrai qu’on est assez excité par leur ouverture d’esprit. Bon on a rien vu des Etats Unis, on a fait New York, mais cette année on y retourne en Mars, on va voir le Texas, la Louisianne, et les mecs nous mettent en avant, ils nous mettent sur le programme, ils mettent des vidéos de nous sur leur site, ils font leur taff ! Et nous ça nous fait plaisir de voir que notre projet, qui est original, est soutenu par des gars comme ça.

Jamo : Après même en France, ça dépend des programmations. On a eu énormément de chance de faire partie de festivals qui nous ont suivi et qui ont aimé notre travail. Il nous ont fait confiance très tôt, qui nous ont permis de jouer sur des gros festivals alors qu’on pesait rien. Certains nous ont programmés à des beaux horaires, qui nous ont finalement fait des fleurs dans le sens où on pèse rien, on sait qu’à cette heure là il va y avoir du monde… C’est à nous de faire nos preuves ! A nous de conquérir le public !

Scarecrow « All now »

Pour cette histoire de conquête du public, sur un festival, des gars comme Mountain Men vont avoir un réel échange avec le public, contrairement à David Guetta, qui lui n’a plus besoin de ça..

Jamo : Bah voilà, t’as la différence entre l’artiste et le produit. On respecte le métier des business man. Mais au même titre que nous on va pas jouer sur leurs plates bandes, qu’ils ne viennent pas jouer sur les notres. Qu’une grosse production veuille faire du business, aucun problème. Mais qu’elle ne pompe pas la place à ceux qui veulent faire de la musique, qui essayent de créer quelque chose de nouveau. Et pour revenir sur Mountain Men, tu les verras le 26 mai si tu viens nous voir au Bikini ! On fait une soirée pour la sortie de notre album, c’est la fête, j’ai un peu peur d’ailleurs… On a demandé à ne pas avoir de concert le lendemain, de manière à bien pouvoir profiter, partager entre nous sur cette sortie d’album.

Pourquoi Scarecrow ?

Antibio : En fait le nom découle du logo. On a un logo qui est un peu à l’image du groupe, l’éventail que tu fais de bric et de broc, et nous comme on vient d’univers totalement différents, on a trouvé que ça représentait bien les différentes personnalités, les différentes sensibilités du groupe. Et puis après, épouvantail, scarecrow en anglais…

Des projets pour l’avenir, des featuring, des envies ?

Antibio : Tournée aux etats unis en mars (15 jours), on joue au SXSW qui est un gros événement, donc ça fait plaisir, et puis après tournée européenne et au delà, et puis 26 mai au Bikini pour la sortie de notre album. Il y aura Mountain Men et Al Tarba pour cette soirée.

Jamo : Ce qu’il y a de bien avec cette soirée, c’est que c’est notre soirée. C’est nous qui la produisons, et on s’est fait plaisir, à savoir qu’est-ce qu’on veut offrir au public ? Et là on fait un vrai plateau Bues Hip Hop, avec Mountain Men, qui pour nous en Blues en France, c’est la Rolls, t’as El Tarba, qui nous a bluffé malgré tous les mecs qui font du Hip Hop qu’on avait déjà rencontrés, et nous on est au milieu, avec notre style Blus Hip Hop. Cette soirée, c’est finalement la synthèse de notre style. Et du coup t’as des mecs qui vont venir pour Mountain Men, pour le Blues, qu’on espère aussi amener vers du Hip Hop, et vice versa. Et nous, on propose quelque chose d’intermédiaire !

All, Now – une dénonciation du « Tout tout de suite » ?

Slim Paul : On est des consommateurs compulsifs et automatisés, on te prend on te jette. Et ce qui est intéressant dans ce morceau, c’est qu’Antibio parle de ça, et que moi je fais le rapport avec la relation amoureuse, la relation humaine.

Antibio : On a essayé de dépeindre le concept de désir et manque, qui est créé et alimenté par les médias. Dès que tu possèdes ce que tu désires, tu désires autre chose.

Slim Paul : Puis c’est toujours ce sentiment de possession, Mes chaussures, Mon ordiateur, y’a plus de partage et ça, ça nous bousille la tête. Je vais pas te raconter Fight Club, mais c’est un peu ça !

Pap’s : Mais du coup, Slim Paul, y’a pas de raison que Ta meuf ça devienne pas aussi Notre meuf…

Un petit mot pour la fin, un conseil pour les internautes ?

Jamo : Allez aux concerts ! Éteignez vos télés, allez dépenser 5 euros pour découvrir un groupe dans un bar, parce qu’on le fait pas suffisamment alors que c’est important !

Crédits photos : Photolive30 (Fête du Pois Chiche 2016)

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