Rumpus : s’affranchir des règles que l’on s’impose

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Prise avec Lumia Selfie

Dans le cadre de son premier concert au Rex à Toulouse, le groupe Rumpus, aux influences jazz, a accepté de se livrer au jeu de l’interview. De Rumpus, étaient présents Stacy, Alex, Grégoire et Pierre pour répondre à nos questions.

Rumpus ne s’est pas fait en une fois, comment vous êtes vous rencontrés ?

Alex : C’est un peu moi qui ai pris le téléphone, qui ai fait bouger les gens. C’est un peu le fruit de toutes les super rencontres que j’ai pu faire musicalement et humainement – ce qui est étroitement lié pour moi. J’ai toujours eu envie de créer un groupe. Pas mon groupe, un groupe, avec des entités différentes, des gens qui viennent de différents horizons. J’ai essayé d’imaginer des personnalités qui se complètent et qui à la fois se suffisent à elles-même. Que ce soit un collectif rempli d’individualités ayant envie de s’exprimer.

Grégoire (à Alex) : C’est des gens que tu as rencontrés dans différents milieux, dans différents contextes. Avec Alex on s’est rencontré au conservatoire de jazz dans le Tarn. Pierre et Alex ont joué ensemble dans des bars, etc… En fait c’est des coups de cœur avec différents musiciens qui ont donné l’idée de voir ce que ça pouvait donner de les mettre tous ensemble. Moi j’ai rencontré Stacy au lycée, ça fait longtemps qu’on se connait. Et un soir lors d’un Jam avec Alex, Stacy était avec moi et c’est comme ça qu’elle a rencontré Alex.

Alex : Je voulais pas d’un groupe avec un leader, même si j’avais conscience que ce serait pas évident. Mais j’avais besoin d’être dans ce rapport d’égalité avec les autres. Par exemple quand je ramène une compo, des fois j’ai des parties de batterie qui sont écrites mais volontairement je ne dis rien à Pierre, je le laisse libre. Et régulièrement, on retombe sur les mêmes idées, les mêmes rythmes, etc…

Stacy : En terme de répartition, on est 4 à composer régulièrement, et on avance ensemble, pas chacun de son côté.

Quelles sont vos influences ?

Stacy : Mylène Farmer

Grégoire : Jean Michel Jarre pour Clément !

Pierre : Bernard Minet pour moi !

[rires]

Grégoire : Je pense que dans ce projet, le dénominateur commun c’est le jazz et le funk. C’est quelque chose sur lequel on est d’accord. Après chacun a ses influences.

Stacy : On a commencé en faisant des reprises. A la première répétition, chacun était venu en proposant un son qui lui plaisait.

Pierre : C’était au final plutôt un prétexte pour se voir et répéter ensemble, avant de commencer le projet Rumpus. Pour ma part, j’écoute beaucoup de chanson française, et j’assume.

Stacy : C’est très compliqué comme question, puisqu’on est tous inspiré par des trucs très nouveaux, eux-mêmes inspirés de pleins de styles moins récents, donc c’est difficile de cadrer vraiment nos influences. Elles sont toutes le résultat de rencontres musicales. Je sais que Greg et moi on est très sensibles à des musiciens comme Thundercat, Snarky Puppy, qui prennent leurs sources dans d’autres groupes, chez d’autres artistes.

Alexandre : Au final le jazz, c’est aussi ça. Le jazz est né à la Nouvelle Orléans, chez des gens qui n’avaient rien ou presque et qui se retrouvaient autour de la musique. C’est un carrefour de pleins de gens, de pleins de style, de pleins d’influences.

Grégoire : Après par exemple Clément, pour parler en son nom, est très traditionnel, c’est un Blues man, c’est une touche vraiment jazz, roots, qu’il va apporter au groupe. Rémi, le guitariste, est un peu plus du milieu expérimental, et il apporte des saveurs très rock, très brut, tirées notamment de Jimmy Hendrix.

Stacy : Rémi nous apporte aussi beaucoup de textures qu’on serait pas allé chercher nous même. Un côté un peu plus abstrait qui va venir coloriser nos morceaux. Sans même parler de son jeu de guitare, sur les arrangements en général. C’est simple, depuis qu’on travaille ensemble, l’effectif de pédales (d’effet, ndlr), a augmenté de deux par personne.

Grégoire : Et pour finir le tour et parler du dernier absent, à savoir Cyril notre trompettiste, lui c’est plus direct, il vient d’un milieu très jazz, classique, New-Orleans. C’est lui qui va amener de l’efficacité, qui va cadrer nos morceaux. Il va à l’essentiel, et est capable d’improviser pour amener de la fraîcheur.

Quelle évolution voyez vous pour votre projet ?

Stacy : Je pense qu’on a l’objectif de continuer à expérimenter la musique en live. Pour moi c’est très bizarre, je ne suis pas musicienne professionnelle comme les autres, et il me manquait cette partie rencontre. C’est un projet qui nous tient beaucoup à cœur, on a tous mis une part de soi à chaque étape, et j’avais besoin de côté confrontation avec le public. Et depuis notre premier concert au Rex (cf Live Report), ça s’est toujours bien passé. Donc pour moi le but c’est de continuer à expérimenter ça, à faire évoluer nos compositions en live, en fonction des retours du public.

Pierre : Quand t’es musicien, tu te nourris vraiment de ce que te donnes le public. On veut vraiment continuer à partager notre travail.

Préférez-vous devenir sédentaire ou rester itinérant ?

Grégoire : Déjà, Rumpus ne se définit pas comme un groupe de jazz à proprement parlé. On ne joue pas de standard, on ne joue que des compositions originales et qui sont souvent composées plus comme des chansons que comme des morceaux. Il n’y a pas spécialement un thème qui revient au fil du morceau. On essaye d’installer le chant à une part importante de notre travail, on veut qu’il y ait du texte.

Stacy : C’est vrai, mais c’est pas forcément vrai.

Grégoire : En fait, on se donne pas de règles. Certains morceaux peuvent avoir des apparences très jazz, là où d’autres seront plus proches des musiques actuelles. Mais pour répondre à la question, on se voit pas du tout sédentaire, c’est pas notre propos. On a l’intention d’aller à la rencontre du public plutôt que ce soit eux qui viennent vers nous. Faire découvrir notre musique partout et pas uniquement à Toulouse.

Stacy : On est un groupe qui est géographiquement éloigné, ce qui fait qu’on n’a pas d’attache particulière ici. Moi je suis étudiante à Bruxelles, et Clément habite en banlieue parisienne.

Quelle est selon vous l’influence du jazz sur les musiques diffusées en radio aujourd’hui ?

Stacy : Moi j’écoute pas la radio.

Grégoire : La seule radio musicale que j’écoute c’est France Musique, donc effectivement c’est du classique ou du jazz, mais pas spécialement de la musique actuelle.

Stacy : Après, il y a certains artistes qui sont totalement dans cette nouvelle vague qu’apporte le jazz et qui sont un peu plus mainstream, je pense notamment à Kendrick Lamar, qui est vraiment quelqu’un diffusé et qui s’accompagne de beaucoup de jazzmen. David Bowie, aussi, sur son dernier album. Je pense que l’influence du jazz dans la musique commerciale est souterraine, surtout pour les novices en matière de jazz, qui ne vont pas détecter directement les inspirations de tel ou tel morceau.

Pierre : Après, c’est de manière indirecte que le jazz a influencé la musique actuelle. Le jazz a influencé le blues, le rock qui eux-mêmes ont influencé les musiques qu’on peut entendre aujourd’hui à la radio.

Le jazz en France par rapport aux autres pays ?

Alexandre : Forcément, chacun a son environnement. Donc oui, le jazz a beau être universel, il n’est pas le même en France, aux Etats Unis ou même au Japon.

Stacy : En fait Jazz c’est tout et en même temps c’est rien. Tu poses le mot Jazz sur la musique que tu as envie. C’est la définition de ce mot qui n’est pas évidente, donc il est difficile de répondre à la question.

Grégoire : Le jazz a tellement de couleurs différentes ! Tu parlais de la différence entre deux pays, mais même au sein d’un pays comme la France, la manière de jouer sera très ouverte. Le jazz sait évoluer et s’adapter, c’est une musique d’improvisateur. C’est peut être même l’improvisation qui définirait le mieux le jazz, qui est au centre de ce style. Après certains vont le mélanger à de la musique du monde, d’autres avec les caraïbes, avec le funk, avec la pop.

Stacy : Moi j’ai eu à me poser cette question puisque dans mes études de cinéma, j’ai réalisé un commentaire sur la définition du jazz. Et en fait j’étais incapable de mettre des mots là-dessus. Je pense que le seul ou en tous cas le meilleur moyen de définir le jazz c’est de l’écouter. D’aller aux concerts. De le vivre. C’est quelque chose qui est sensoriel.

Le meilleur moyen de définir le jazz c’est de l’écouter

Grégoire : Au final, Alex pourra témoigner, quand on apprend le jazz on apprend pleins de règles, et au fur et à mesure il faut savoir s’en détacher pour se créer son propre univers.

Stacy : Et c’est tout à fait ce qu’il se passe dans le processus d’écriture de Rumpus. La question que je voulais éviter absolument c’est « Est-ce que c’est compréhensible ? ». Je trouve qu’à partir du moment où tu es honnête avec ce que tu fais, le reste suit.

Alexandre : On cherche de l’authenticité.

Grégoire : C’est la meilleur chose au contraire, pour un musicien, de surprendre et d’être surpris.

Pierre : Quand les gens me demandent « C’est quoi votre style ? » je leur réponds de venir à notre concert. C’est aussi pour ça qu’on a fait des teasers en amont, pour que le public ait des exemples de choses que l’on fait, même si ça ne nous définit pas complètement.

Alexandre : Finalement c’est en ça que Rumpus a une démarche jazz, c’est qu’on cherche continuellement à casser les barrières.

Vous pouvez retrouver Rumpus et leur EP, Somehow, qui est d’ores et déjà disponible à la vente. Encore merci à eux pour leur temps et leur bonne humeur !

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