C’est à regret que nous n’avons pas parlé de cet artiste plus tôt sur le Musicodrome, icône d’un renouveau musical discret mais fort, Lil Peep incarnait, non, incarne un hip pop ancré dans son temps. Lil Peep est une de ces pépites que nous pouvons aujourd’hui découvrir sans attendre la boite à image. Des sons maisons et un talent fou, zoomons sur cette scène US qui prend ses marques.
Gustav Åhr alias Lil Peep, s’est fait seul, devenu viral sur le net via des plateformes comme Soundcloud. Dès ses premiers mixes tel Veins en 2015, la route du succès lui est toute tracée et sa fanbase ne cesse d’augmenter. En moins de deux ans il sort son premier album : « Come over when you’re sober » (2017) et enchaîne les concerts et des clips à millions de vues sur YouTube. L’étoile est montée et était bien partie pour percer. Nous ne tomberons pas dans le pathos, la nouvelle du décès de l’artiste s’est répandue comme une traînée de poudre, nous laissant frustrés et tristes. Inutile d’en dire d’avantage, disparu en 2017, cet article n’est pas un hommage, nous n’en avons pas la prétention mais un encouragement à découvrir ou continuer de faire vivre les musiciens hybrides capables de mélanger du emo, grunge, hip hop, goth…
Si la vague du rap aux relents mélancoliques et torturés est une vague qui continue de grimper et semble s’implanter aux quatre coins du globe, Lil Peep n’en est rien. Ses sons sont empreints d’une force allant au delà d’Orelsan qui s’ennuie et autres idées réchauffées. Avec des paroles noires et piquantes, écouter Lil Peep revient à la douloureuse et satisfaisante sensation d’un tatouage transperçant la peau. Le jeune homme haut en couleur n’en est pas moins terriblement sombre, sur des sons électriques et des paroles comme « Fuck my life, can’t say that girl, Don’t tell me you can save that shit. » (Save that shit, 2017). Le ton est donné. La devise pourrait être un gros Memento mori inscrit dans une phase épicurienne qui va à contre sens des courants de pensées actuels comme « mangez bio et faites du sport ». La drogue, les abus, la mort, le sexe et les relations sont mis à l’honneur dans un style provocateur empreint d’un fatalisme absolu. Si le message est loin d’être politiquement correct, ni un exemple à suivre, il n’en est rien, puisqu’il n’est pas fait pour être suivi, simplement débité, expulsé voir apprivoisé. Lil Peep nous ouvre son monde à travers ses chansons, libres sont les interprétations, si le fatalisme nous dérange un poil, le reste n’en est pas moins accrocheur.
Ce qui fait la différence chez Lil Peep c’est justement cette différence, qui nous est tous propre et qui parfois est difficile à accepter. La dépression est souvent abordée à travers ses textes dans ses côtés les plus difficiles tandis que son look rose bonbon en fait un oxymore parfait. Ou comme il serait probablement plus juste de le dire, un énorme doigt d’honneur contre la noirceur de nos esprits.
Un symbole anarchie sur la joue surplombé d’un petit cœur noir, Lil Peep avait beaucoup de choses à nous dire et nous avions encore beaucoup à partager. Douloureux album pour nous qui nous y étions identifié, il reste un vide derrière le nom de Lil Peep mais quand le disque tourne, The brightside n’est pas difficile à trouver.