Feu! Chatterton + I Me Mine à Paloma (Nîmes, 30) 22.03

6 min de lecture

Feu! Chatterton, l’ovni de la chanson française (du rock ? du jazz ? de l’électro ? de la folk ? de la variétoche ?) venait s’échouer au bateau Paloma pour une invitation au voyage lyrique. En première partie, I Me Mine présentait le rendu de sa résidence au studios Paloma, avec un set éclectique.

Difficile de classer ce trio d’I Me Mine, nom hérité du titre des Beatles dont ils se réclament, tant la diversité du set proposé était grande. Un temps déstabilisé par ces enchainements, on se met malgré tout à taper du pied en se demandant ce qui va arriver. Au programme, de la pop sophistiquée nous rappelant Foals, des pépites nous soufflant les Smiths, de la brit pop colorée nous remémorant Blur et même du Radiohead période In Rainbows. Que des références qui forcent le respect et qui placent la barre haute. Le set enjoué laisse présager un bon accueil pour leur album « Ellipsis », qui sort le 30 mars. De la langue de Shakespeare avant d’accueillir des admirateurs de celle de Molières.

Le retour sur scène de Feu! Chatterton coïncide avec le retour de Magic le magazine, dont ils font la une ce mois-ci, présentés comme fer de lance de la pop française. Ce n’est rien de dire que le retour sur scène du groupe était attendu. Après un premier opus aussi déstabilisant que jouissif, et une tournée qui avait conquis l’hexagone, Feu! Chatterton revient avec un deuxième album, différent, avec quelques sonorités électronique et toujours un verbe sophistiqué. Les dandys reviennent avec une ferveur perceptible dans la fosse romaine de Paloma.

Dès le départ, on sent une envie de renouer avec la scène et partager ces textes à écouter et réécouter pour en comprendre parfaitement le sens. Et les premières notes démarrent en douceur avec Je ne te vois plus, balade nostalgique chuchotée à nos oreilles impatientes. En parfait enchainement, comme sur leur dernier album L’oiseleur, Grace suit ce chuchotement qui se fait plainte grave, avec la dose de dramaturgie propre au quintet. Les hurlements des chœurs contrastants parfaitement avec les paroles suaves et tristes d’Arthur.

Avec ce surplus d’âme propre au live, Ophélie nous fait partir dans les tours. Avec Ginger, Anna, Malinche, on peut dire que les dandys ne manquent pas à leur image charmeuse. Abordant leur live comme un voyage, le départ se fait à partir de la côte Toscane sur le tragiquement connu Costa Concordia, où les transitions entre partie intimiste et grandiloquente  s’accordent parfaitement pour faire monter l’émotion. L’oiseau vient alors remettre un peu de légèreté après ce moment de gravité. Celle-ci n’est pourtant jamais très loin, comme un spleen, où la mémoire et les émois passés sont décryptés. La puissance électronique travaillée de Ginger et ses envolés lyriques repunchent le set, avant que l’ivresse ne nous enivrent. Personnifiant à merveille la sensation des basculements de soirée, le voyage spatial, temporel nous ramène à l’aube. Avec une interprétation totalement originale, puissante, et progressive. On souhaiterait que le riff entrainant et la batterie ne s’arrêtent jamais. Feu! Chatterton confirme ici que s’ils peuvent verser dans l’électro rock, ils sont malgré tout porté par une orchestration rock. Le voyage continue alors avec Anna, qui, comme pour nous faire mentir s’électrise merveilleusement, comme lorsque nous passons en zone libre. Revient alors l’un des tubes du premier album, la mort dans la pinède qui raconte les émois amoureux avec l’urgence adolescente à corps perdu. Cette première partie de set se conclue avec Boeing, vers un nouvel horizon? Toujours celui du souvenir, dont le clip est sorti tout récemment. Attendu, ici, La Malinche vient conclure ce concert en effervescence totale, avec une débauche d’énergie, laissant un public surexcité qui aurait bien aimé écouté la version live de fou à lier. Tellement bruyant et enjoué qu’un deuxième rappel permettra d’ajouter Sari D’Orcino dans une setlist équilibrée dans les albums du groupe. Ce dernier déclarera en fin de concert qu’il avait un peu peur en ce début de tournée mais que Paloma lui a rendu le sourire avec un public chaud et passionné, comme Feu! Chatterton.

Setlist :

Je Ne Te Vois Plus / Grace / Ophélie / Côte Concorde / L’Oiseau / Ginger / L’Ivresse / À l’aube / Anna / Zone Libre / La mort dans la pinède / Boeing / Encore : Souvenir  / Porte Z / La Fenêtre / La Malinche / Encore 2 : Sari D’Orcino

Crédits photos : Photolive30

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Transglobal Underground & Natacha Atlas à Victoire 2 (Montpellier, 34) 31.03

Article suivant

L’hybride Lil Peep (« Veins »)

Dernières publications