Leïla Huissoud au Bijou (Toulouse, 31) 01.03

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En ce début du mois de mars, Leïla Huissoud et Kevin « Princesse »  Fauchet avaient fait le déplacement en région toulousaine, pour présenter au Bijou leur spectacle construit autour de l’Album « Ombre », qui sortira le 17 mars. Bonheur en suspension dans les regards. Douceur en création dans les mémoires.

Leïla & Kevin autour d'une même guitare
Leïla & Kevin autour d’une même guitare

Ils arrivent, et le silence envahit progressivement la salle. Ce silence, les deux artistes n’en ont pas peur, ils le manipulent comme deux poissons qui se jouent du courant. Ils nous englobent dans l’univers de leur sourire, de leurs yeux. Ce soir, la prestation ne sera pas que musicale, la beauté visuelle fera aussi partie du tableau. Leïla semble en équilibre, guitare à la main, hésitant entre se jeter à l’eau et rester au chaud dans son cocon, se demandant ce qu’elle a fait de son moral d’acier. Kevin, sereinement installé au piano, le sourire qui perle au coin de la bouche, la rassure d’un simple hochement de tête.

Dès les premières notes de guitare, la coquille se craquelle, laissant la place à une douceur subtile, un chaleureux et mélodieux Bonsoir à un public attentif, bien que plutôt calme. Mais Leïla et sa capacité à sourire sincèrement lors de chanson aux thèmes pas si joyeux – comme Dix pour Cent ou La Niaise – savent comment traiter ces sujets avec poésie et légèreté, mêlées toutefois d’une honnêteté profonde, touchante.

Leïla et Kevin se disputent face au public
Leïla et Kevin se disputent face au public

Très vite, le dialogue entre les deux artistes s’intensifie, et se transforme même en chanson. Anti Chanson-D’amour-A-l’eau-De-Rose-Qui-Suinte-Le-Bonheur, On s’connaît depuis longtemps illumine le revers de la médaille, la jalousie dans les coulisses de chacune des relations amoureuses que nous croisons.

Que ce soit le piano, la guitare, l’harmonica ou les percussions, à chaque chanson qui passe, Kevin tire un nouvel instrument du chapeau. Sa voix quant à elle, vient parfaitement étoffer la mélodie fluette que propose Leïla, pendant que leurs sourires malins répondent à leurs regards complices. Sur Les Doigts Glacés, ils partageront carrément la chanson autour d’une même guitare.

Lorsque le timbre de Leïla résonne, on n’a pas envie de l’arrêter, on ne peut pas la stopper, elle nous rentre dedans comme un train en marche. Cette locomotive aux reflets introspectifs laisse tout de même un wagon à des thèmes portés sur l’observation de la pénombre, préférant chanter sur Auguste que sur le clown blanc, préférant parler de l’Ombre de l’arbre que de ses feuilles vertes.

Leïla ne se laisse pas distraire par sa princesse au piano
Leïla ne se laisse pas distraire par sa princesse au piano

Alternant les rythmes rebondis et les silences emplis de malaise, passant d’une main tremblante à un déhanché assumé, le regard toujours droit et déterminé, la chanteuse ne se laisse pas impressionner, et son talent maîtrise dans l’instant tout ce que sa rigueur a oublié d’anticiper.

« Le malaise, c’est le seul truc qui les fait démarrer »

Le partage avec le public, notamment lors des transitions, pêche parfois chez les groupes célèbres dont les concerts sont trop bien rôdés. A l’inverse, Leïla prend son temps,  nous dévoile sa personnalité, agrippant le public par tous les moyens qu’elle connaît, cherchant à être un peu partout où l’on pourrait l’attendre. De Reggiani à Zemmour, des Misérables à Patrick Font, cette jeune femme ne se contente pas de jouer la facilité. Petit à petit, le public décongèle, et demandera même un deuxième rappel, la poussant dans les derniers retranchements de sa spontanéité, laquelle accouchera finalement du nom d’Evelyne Gallet, pour nous donner un dernier cadeau prônant de liberté.

La Niaise, chanson de l’album « L’Ombre » de Leïla Huissoud

 

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