Barjac m’en chante, jour 4 : un peu de légèreté sous le cagnard (Barjac, 30) 31.07

12 min de lecture
Les escrocs à Barjac m'en chante

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas à Barjac. Ce mardi, sous un soleil éclatant, c’est Leïla Huissoud et Davy Kilembé qui s’offraient au public sous le chapiteau. Puis la soirée annonçait des sourires un peu partout dans l’espace Jean Ferrat, avec l’atelier de réparation de chanson et les escrocs. Une soirée à surveiller de près, donc !

Nous n’avons malheureusement pas pu assister au concert de la jeune pépite Leïla Huissoud, mais nous la connaissons bien sur Le Musicodrome, pour avoir déjà chroniqué ses albums et concerts ! Pour sûr elle aura su mettre le public dans sa poche par sa malice, sa jeunesse et sa douceur, si jeune pour passer à Barjac, espérons que l’accueil qui lui a été réservé fut bon !

Davy Kilembé, l’entière surprise !

C’est une des inconnues de ce festival qui jouait ensuite, à 18h30, sous le chapiteau. Un chapiteau moins rempli que les jours précédents (sans doute la chaleur en aura découragé certains), mais avec malgré tout une fière allure ! Ce chanteur attaque seul à la guitare, avec déjà des rythmes chaloupés, presque reggae parfois, avant d’être très rapidement rejoint par la contrebasse et la batterie. Les « joueurs de bâton » le suivront ensuite tout le concert !

Davy Kilembé à Barjac m'en chante

Les chansons de Davy Kilembé s’alternent, les thèmes se croisent, les émotions s’entrechoquent.  La sincérité du chanteur et de ses musiciens est bien réelle, les sourires fusent sur scène, et ils sont communicatifs. L’énergie déployée est agréable à ressentir, et la musique est agréable, elle surprend par ses sonorités soul, ses sonorités que l’on n’a pas l’habitude d’entendre à Barjac. Les trois artistes manifestent l’envie assumée de faire danser le chapiteau, de le retourner. Peine perdue. Mais ils auront le mérite d’avoir essayé jusqu’au bout, et d’avoir néanmoins réussi à faire applaudir en rythme (ou presque) l’assistance sur plusieurs chansons !

Ces chansons d’ailleurs, ce sont des voyages qu’ils nous proposent, que ce soit en pirogue (Pagayer), sur la lune (avec la belle Neil Amstrong où se côtoient français et anglais) en vélo (avec une chanson sur le tour de France) ou en voiture (avec la fameuse 4L de Momo, touchante de mélancolie). Des voyages toujours surprenant et différents. Les textes sont légers mais bien ficelés, et agréables à entendre.

Davy Kilembé à Barjac m'en chante

D’autres instruments se greffent, et le groupe peut s’enorgueillir d’avoir fait applaudir chaudement Barjac à un solo de batterie, chose pas gagnée d’avance. Alors même si, comme le dit le chanteur, « on se croit à Jazz à Vienne, vous êtes assis et vous écoutez les chansons », le public a passé un bon moment, une belle découverte que ce chanteur touchant et attachant !

On répare aussi les chansons à Barjac !

Jean Mouchès et Alain Sourigues se livraient ensuite à un drôle d’exercice dans cet antre de la chanson, des mots et de la rigueur textuelle : réparer les chansons démodées, les remettre au gout du jour, les rendre plus jeunes… Pour dire vrai, on ne savait pas à quoi s’attendre en voyant les deux compères monter sur scène…

Dès l’instant des souffleurs de vers, le public a commencé à comprendre qu’il n’en était pas au bout de ses fou-rires, avec Les conquérants, poème de José Maria De Heredia, déjà retravaillé et rendu hilarant par les deux chanteurs !

Après une rapide démonstration par bribes de ce qu’ils étaient capables de faire, au niveau de la ré-écriture de « tubes », ils ont commencé par remettre au gout du jour L’aigle Noir pour le rendre plus attractif à destination d’une radio de jeunes. Quel délice, quelle folie. Les textes sont massacrés, triturés, méconnaissables, un texte triste devient drôle, un texte drôle devient encore plus drôle. On comprend pourquoi les deux associés de l’Atelier de Réparation de Chanson sont bardés de diplômes en la matière, pourquoi aussi ils sont les seuls de France à détenir ces diplômes. Personne ne peut réparer aussi…bien, les chansons qui ont marqué les décennies précédentes.

Atelier de réparation de chanson à Barjac

Personne n’échappe à leur spectacle, Renaud, Lavilliers, Cabrel, Souchon, Brel…. avec une malice et une bienveillance évidente, les plus grands chanteurs sont moqués. Et quelle fraîcheur. On rigole tout le spectacle.

L’apothéose arrivant peut être lors d’une émission de radio mise en scène, pour expliquer comment procéder à la traduction des plus grands tubes…. hilarant ! Il y a également ce moment où les deux artistes, excellents guitaristes et chanteurs, il est à noter, mélangent Barbara et Brassens pour un résultat…mitigé !

ARC, Atelier de Réparation de Chanson boucle sa prestation avec Les Champs Elysées qui deviennent Nos chants révisés. Du début à la fin c’est un régal, on s’amuse, c’est léger, le spectacle semble ne durer qu’une seconde. Cela fait du bien aussi, de rire à Barjac !

Les escrocs, ça passe ou ça casse…

Puis pour finir la soirée en  apothéose, c’est un groupe qui a roulé sa bosse qui arrive sur scène. Un groupe qui, comme il l’explique, travaille 2 ans puis s’arrête 12 ans. Nous sommes tombés à la bonne période, et voilà les trois compères multi-instrumentistes sur la grande scène de Barjac !

Etranges-Etrangers de Prévert à trois voix est un beau texte pour ouvrir le concert ! Sur scène sont disposés des montagnes d’instruments, avec lesquels les trois musiciens (excellents au demeurant) vont jongler toute la soirée. Ce sera une guitare, un sax et une batterie pour la première chanson, une petite valse qui nous entraîne loin, et on s’y rend avec plaisir : Loukoum et Camembert !

Le ton est donné, avec une forme drôle et surprenante, Les Escrocs vont tenter de partager des émotions, des valeurs, une façon de penser !
Le trio emmène sa musique voyager dans les Caraïbes sur plusieurs chansons, avec des percussions absolument trop nombreuses pour être citées, et certaines très exotiques, voire méconnues. Découvrir de nouveaux instruments à Barjac. Qui l’eu cru ?

Lorsqu’ils chantent Assedics sur leur manque d’envie de travailler, on sent ces grands frères des Zoufris Maracas parés pour la déconne à tout moment. Les trois hommes bougent sur scène dans leurs costumes jaune, bleu et rose, à leur image, déjantés !

Un set absolument imprévisible, où se succèdent une très belle chanson sur les SDF, avec un accordéon qui vient en plein milieu lui redonner de la vie et du rythme, puis deux chansons sur des airs reggae. La trompette succède au piano, à l’accordéon, aux maracas, pour tenter de faire danser, bouger, s’amuser le public de Barjac. Mais cela n’est pas gagné. La pureté des mots recherché est telle qu’une partie du public a du mal a s’amuser avec eux, les leurs ne pouvant qu’être tristes ou graves. Qu’à cela ne tienne, le trio continue même si le répondant n’est pas aussi beau qu’ils le souhaiteraient. Un piano-voix : le Jackpot nous fait rire autour d’une sombre histoire d’héritage bien rythmée !

Après un solo incroyable de flûte à bec (le fait même d’en effectuer un est grandement louable), Les Escrocs l’avouent, ce sont eux qui ont inventé le slam ! Une heure bien rôdé, où les trois compères auront tout tenté…

Ces Escrocs là auront même tenté quelque chose d’inédit à Barjac, et l’idée était belle, de descendre dans le public pour le rappel, les têtes recouvertes de casques pour chanter en acoustique avec leurs instruments La Mobylette. A ce moment une petite partie du public était déjà partie, pas réceptive !

Atelier de réparation de chanson à Barjac

Au diable, une soirée comme ça fait du bien, même ici à Barjac, on sourit et on rit de bon coeur, on en prend plein les oreilles car nous sommes en face d’excellents musiciens, et on se frotte à une écriture différente. S’il n’y avait que des Leprest, Dimey, Sylvestre… apprécierons-nous autant les Leprest, Dimey, Sylvestre ? Alors merci aux Escrocs et à ARC pour les sourires et la légèreté !

La soirée se terminera fort tard, avec encore une fois une quinzaine de scènes ouvertes, sous ce chapiteau, sous la baguette de l’atelier de manufacture de chanson !

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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