Les deux chroniques express du jour mettent un coup de projecteur sur deux artistes aux accents hip hop indépendants : Oliver Saf et Spectateur. Du son sur les murs, « Aux murmures de l’aube », les rêves deviennent accessibles.
Oliver Saf « Aux murmures de l’aube » (19 avril 2017) -HIP HOP-
Plutôt habitué à le croiser au sein de Micronologie et de Darjeeling Speech, Olivier Saphir pour les intimes s’offre une escapade solo sous l’appellation d’Oliver Saf. Au printemps dernier, le rennais a pris la plume pour dessiner les prémices de son contours : son premier EP, « Aux murmures de l’aube », lui confère une allure agressive, stricte, quasi-furtive. Bien décidé à dépeindre le monde à coups de mots bien pesés, Oliver Saf signe une ouverture d’album qui secoue. « On est les dommages collatéraux (…) vu qu’on existe en douce, à savourer les miettes, nourris au goût de l’échec en guise de madeleines de Proust, j’étouffe ». Avec une guitare affûtée qui résonne au beau milieu d’une rythmique qui sent la poudre, la mayonnaise commence à tourner. Face à cette rage contagieuse, on serait presque déçu de ne pas exploser avec lui tant cette fin de track est tout simplement haletante (J’étouffe). Dans cet amas urbain, Oliver Saf continue de murmurer ses songes et n’hésite pas à s’aventurer dans les méandres du monde digital (Osiris) où les penchants rock ne sont jamais bien loin. Jonglant habilement entre rap, slam ou chant, Oliver Saf aime vagabonder, zigzagant entre les métaphores lyriques de notre quotidien (Pigeon de Paris) et le labyrinthe des transports, symbole révélateur d’une vie (Lignes). En compagnie de Matthieu Seignez et d’Adrien Daucé pour le son, Oliver Saf appuie un peu plus sa patte musicale dans un style bien à lui. Les sonorités electro/rock épousent bien ses courbes, on a hâte d’en découvrir davantage…
Spectateur « Their dreams » (10 avril 2017) -HIP HOP INSTRUMENTAL-
S’il y a bien une différence avec son collègue Oliver Saf, c’est que sur ce « Their dreams », les paroles sont restées dans les vestiaires de l’angevin. En revanche, s’il y a bien un point commun avec l’artiste rennais, c’est que cette nouvelle création de Spectateur a également déboulé dans les bacs en avril dernier. Pour ce nouvel opus (son quatrième), Spectateur s’est rapproché d’un des piliers du genre dans l’hexagone, Dr Flake. L’ambiance de « Their dreams » s’inscrit pleinement dans l’univers ambiant de ces deux artistes. En 11 titres et une première écoute dévorée d’une traite, on arrive à ressentir cette chrysalide qui enveloppe nos sens. Envoyé dans les bas fonds du monde, l’auditeur est secoué entre ses remords (Canibal mermaid) et ses peurs (Pyromaniacs). Les samples choisis sont astucieux, leur façonnage millimétré. Flirtant avec des sonorités d’Al’Tarba par moment, on sent bien que Spectateur s’est régalé. Cela s’entend. Rien que le featuring avec Dr Flake et Dj Low Cut, puissant, démontre bien toute son explosivité (A story of hypnosis). A pas feutrés (Their dreams), la descente dans les sonothèques des Dj’s des 90’s s’amorce (Sweet hatred) avant qu’un vent house ne se lève (Idowido). Touchant du doigt la lumière (Déjà loin), l’esprit se met à rêvasser. La nuit est proche. Elle s’évanouit dans un échos. « Their dreams ».