SegFault « Bitten pick » (2016)

5 min de lecture
SegFault Bitten Pick

Début juin, Le Musicodrome vous avait promis une plongée en eaux profondes aux côtés de jeunes groupes prometteurs issus de la région Rhône-Alpes. Après avoir passé au peigne fin les agités d’Ubikar, attardons nous cette fois sur SegFault, nouvel arrivant sur la scène trip hop lyonnaise, qui vient tout juste de sortir son nouvel EP, « Bitten pick« .

Le hasard réserve parfois de bonnes surprises. Au détour d’un mail se cache un trésor, une pépite dissimulée qui ne demande qu’à être découverte. Façonnée à l’ancienne, la galette renferme sept titres. Sept titres symbolisant l’inconnu et la grande évasion… Derrière l’étiquette maladroite « trip hop » estampillée sur le jeune groupe, SegFault propose bien plus que ça : au carrefour des genres, ces derniers se rencontrent et s’entrechoquent pour finalement libérer leur énergie. A l’exception du titre d’ouverture, Spain, qui est peut être le morceau le moins surprenant dans sa construction, les six autres tracks sont synonymes d’aller simple dans les hautes sphères.

Très vite on comprend bien que SegFault impose le tutoiement et tombe les barrières : on a clairement envie d’être à leurs côtés pour se délecter de Baglama, véritable coup de cœur de l’album, qui défriche des plaines électroniques finement délimitées. Là où un sirocco viendrait te chatouiller les jambes un soir d’été, une mélodie lyrique domptée par la guitare t’apporterait cette touche de douceur que tu as tant espéré… Ce petit bijou, non loin d’évoquer A Backward Glance On Travel Road (Regular barbary), va d’ailleurs faire écho à une autre friandise sucrée, celle qu’on aurait justement le droit de déguster un Dimanche, coincée entre un piano et une ballade rock pour disparaître en un souffle.

Ne résistant pas à l’envie de marcher à découvert, SegFault démontre aussi qu’il sait hausser le ton et vous prendre à revers : Nostromo illustre bien ce sentiment d’ouverture, de métissage et d’intensité ressenti sur « Bitten pick ». Les premières notes électroniques ne sont qu’un leurre, des sonorités dub sèment le trouble entre quelques timides apparitions d’un didgeridoo pour finalement laisser exploser un vacarme métallique, étouffé par des riffs bien pesés ! Grand adepte de ce jonglage entre les styles, SegFault poursuit donc dans cette voie : Guenièvre, medley musical d’electro/jazz parsemé d’influences rock, laisse imaginer une belle furie sur scène ou encore sur Crash Dump, dont les scratches des Scratch Bandits Crew ont posé leur griffe façon « 31 novembre » (2013) et penchant hip hop. Déjà repéré par les Scratch Bandits Crew lors de leur remix contest, SegFault démontre aussi qu’il a déjà plusieurs samples dans son carcan.

Enfin, impossible de ne pas citer le déroutant Crystal town, sorte d’ovni hybride biberonné au rock, qui est aussi le seul morceau chanté (en featuring avec Culottes Courtes). Avec ce morceau un peu fou, le rendu, dans son ensemble, est surprenant, et mérite que l’on s’y attarde quelques minutes.

SegFault, c’est la bonne surprise de ce début d’été. Avec « Bitten pick », on se retrouve confronté à un monde tortueux rempli de méandres expérimentaux entre trip hop, fusion et triturrages électroniques. La douceur côtoie la fureur, la musique se pare aussi d’effets visuels à découvrir en live. SegFault se déguste autant sur galette que dans les salles obscures…

Résidence de SegFault au Ninkasi KAO (printemps 2016)

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Spain
2. Nostromo
3. Crash dump (feat. Scratch Bandits Crew)
4. Baglama
5. Guenièvre (feat. Arthur)
6. Crystal town (feat. Culottes Courtes°
7. Dimanche

Durée : 26 min
EP : 2ème
Sortie : 11 avril 2016
Genres : Trip hop / Rock / Electronique
Label : autoproduction

1 Comment

  1. J’adore ce jeune groupe SEGFAULT, plein d’idées et de créativité . Je leur souhaite une grande réussite.
    Merci pour votre article !!!

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Les concerts organisés par la TAF en juillet et août 2016

Article suivant

Imbert Imbert lève les barrières du Limonaire (Paris, 75) 02.07

Dernières publications