Yelli Yelli et Interzone Trio à Taparole (Montreuil, 93) 16.06

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Yelli Yelli & Interzone Trio à Taparole

Sortis un peu tard de l’excellent restau Ottoman du bas de la rue Pépin (ouai ok je dépasse un peu mon rôle là), on se dirige lentement vers le bar/la salle « La Pêche ». Avec Flo on cause beaucoup. Une dernière clope et il me laisse entrer seul, urgence de dernière minute. Dernier jour du festival « Hors les murs », n’ayant pas eu l’occasion d’y aller plus tôt dans la semaine, ni le week-end d’avant, et ayant raté La Canaille l’année passée, impossible de rater Interzone Trio cette année. C’est Yelli Yelli qui ouvre, on rate le premier morceau, pas le second.

Yelli Yelli, ce sont 2 femmes sur scène, l’une à la gratte, fait la voix principale. L’autre, essentiellement à la batterie, prête sa voix aux choeurs, et joue de temps en temps de la flûte traversière. Le duo distille une flok nord-africaine teintée d’accents rock. Des chants pour partie en français et pour partie non, la voix est envoûtante et le public favorable. Les morceaux s’enchaînent vite, nous faisant voyager par delà la méditerranée. C’est là-bas qu’on retrouvera Idir, dont « une lecture toute personnelle » de la chanson Ssendu sera proposée par la chanteuse. Magnifique. Très vite, le duo nous étonne… En annonçant le dernier morceau. Une petite demi-heure de live ? Pas beaucoup plus… Dommage !

C’est Interzone Trio qui prend la suite. Pourquoi ce nom ? Parce que la trio est composé d’un duo formé depuis 2003, Interzone (Khaled Al Jaramani  au oud & Serge Teyssot-Gay à la guitare), et d’un rappeur qu’on ne présente plus, Marc Nammour. Sauf erreur, les morceaux interprétés ce soir par le groupe étaient pour partie des compositions du trio et pour partie des musiques d’Interzone sur lesquelles Marc Nammour posait un texte.

Les deux instrumentistes, débutent lentement une introduction au concert. Ne sachant pas véritablement à quoi s’attendre, on reste scotché. Des notes planantes sorties tout droit du rock des 70ies anglaises et de l’oud à la sonorité si typique. Le mélange est détonant, mais ô combien appréciable. Des trémolos dans la guitare sortent de la curieuse intervention d’une baguette de percu dans la production du son et un chant traditionnel émane de l’oudiste.

Le frontman arrive sur scène, d’abord assis, mais bientôt debout. Un archet de violon est utilisé pour jouer de la guitare. Encore un mélange étonnant, encore une bonne surprise. On trouve d’entrée des similitudes d’univers entre celui un peu sombre et bien connu de La Canaille, et la musique proposée ce soir. Les nuances ne sont pas à décrire, leurs qualités tiennent dans ce mélange inattendu et lancinant. La nuit est sombre.

Interzone Trio à Taparole

 Chaque membre du groupe joue un rôle équivalent sur scène, aucun n’est plus mis en avant qu’un autre et les deux musiciens participent aux voix. Le concert avance, un chant principal que l’on pourrait situer à mi-chemin entre le rap et la lecture. L’ensemble des textes est orienté autour de la politique internationale et évoquent notamment le proche et moyen orient :

« Les chiites et les sunnites ne s’aiment pas / Les musulmans et les chrétiens ne s’aiment pas / Les arabes et les israéliens ne s’aiment pas / Mais tous…. Aiment le humus ! » Les textes sont acerbes et si de l’humour est inséré, le fond reste critique. « Les nations unies. Le sont, mais avec qui ? Et contre qui ? ». Difficile d’expliquer pourquoi tant les points communs paraissent minimes mais arrive un moment où la musique nous évoque avec force Cross Rulings de Kaly live dub. Vraisemblablement le fond du propos allié à l’ambiance oppressante imposée par la musique.

Interzone Trio à Taparole

« Qui sommes-nous ? Nous sommes les morts de demain. » ; « Le temps reste, et nous passons, le temps passe, et nous restons.« 

La complicité entre les musiciens sur scène est totale et les anecdotes racontées en témoignent : de Damas à Mexico, une sorte de lien existe entre les deux instrumentistes dont le jeu atteste. Le temps est passé, vite, et c’est le rappel avant la sortie, plus que deux morceaux… Nous aimerions rester. Une splendide plongée au coeur d’un univers atypique mêlant avec brio musique et engagement politique, comme on adore. Une formation à aller voir !

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