TH Da Freak « Coyote » (2022)

8 min de lecture

TH Da Freak, groupe du bordelais Thoineau Palis, sort son album « Coyote ». Signé sur le label Howlin Banana avec les comparses de Johnny Mafia, TH Da Freak hausse le ton !

Lancer « Coyote », c’est comme se réveiller doucement d’une soirée vaporeuse, agréablement emmitouflé dans une bonne couette. Le soleil vient finalement balayer ce brouillard matinal et on sent que cette journée ne va mener nulle part si ce n’est à planer dans une légèreté familière.

On pourrait croire que l’on connaît TH Da Freak, à la croisée de l’indie folk et du rock californien, à la sauce Kurt Vile.

Des pointes d’électro ou de gains savamment orchestrés viennent ponctuer les guitares entêtantes. L’album est produit, l’auteur aimant à arranger ses compositions lui-même. On l’imagine aisément geek passionné mais cool, dans la lignée des collègues de Nada Surf, de l’autre berge atlantique.

Killing bleach, qui ouvre l’album, est de cette trempe-là. Les guitares chaudement préparées et la voix posée à la Kevin Shield démarrent la BO de votre vie rêvée. Le titre atterrit directement dans la playlist ouh ouh, et lendemain de soirée bercé par le soleil, sur les tons pastels. Oui oui, on vous voit les créateurs de playlist des majors à écrire des romans !

La guitare légèrement saturée vient joliment égayer la fin du morceau Kurt Vilien.

Melany should run, taillé en tant que balade fédératrice, nous entraine dans les soirées au coin du feu avec les fantômes des Crosby, Still & Nash (et parfois Young). Là encore, la guitare folk est agréablement accompagnée par les voix canonisées et la douce mélodie gentillement électrique.

Come rescue me in the forest vient remettre un peu d’entrain à ce voyage. Plus dynamique, plus entraînant, ce titre a un potentiel extatique live non négligeable ! Les pédales commencent finalement à interagir. On reste dans la même veine de cet indie-folk/indie-rock qui pourrait tout à fait accompagner un film de Zach Braff.

Pretty cool vient faire une mise en abime de cette musique. Encore une fois, la production est très présente, avec superposition des contre champs. Les violons font leur apparition pour garder une saine nostalgie dans cet enthousiasme contrôlé. Finalement ce Pretty cool est à l’image de ce proverbe états-uniens, les gens sont comme des canards, cools et paisibles en surface alors qu’ils pédalent à fond sous la surface. 

Notorious man est quant à lui plus brut, plus teenage rock des années 90’-00’. Court, le morceau semble rendre un hommage discret à cette période d’insouciance sans y plonger à fond, en restant sur cette corde adolescente. Prometteur pour mettre une couche électrique en concert, à suivre.

Please don’t cry in my arms nous ramène à une balade plus entendue, plus triste. Le violon y ajoute là aussi une dimension plus émotionnelle. On espère une envolée qui ne viendra pas, nous laissant avec cette nostalgie en périphérie. 

L’expérimental No future, après son intro dans la lignée de l’album, vient taquiner les vocoders à la Daft, pour s’en jouer, façon Albarn post Blur. Une courte durée qui intrigue.

On enchaine donc rapidement avec My queen (Ola), plus recherchée et dansante. Une pointe d’insaisissable dans le riff, qui se dissipe pour ramener tout le monde sur Venice Beach, d’abord en roller puis un tour sur Muscle Beach, en enclenchant la case électrique/électronique. On sent le travail de recherche et de production de ce titre en plusieurs temps, désaccordant nos repères mélodiques et rythmiques. On danse ou on pogote ? Là encore, il faudra aller écouter TH Da Freak défendre son album sur scène pour se faire une idée.

Le titre éponyme arrive d’ailleurs enfin, mélange du Steve Gunn, du Hope Sandoval ou bien du Courtney Barnett. Toujours en multi voix, il nous tarde d’écouter ça en live. Ces paroles résonnant avec une rencontre en face à face avec l’animal en question, impossible de s’endormir totalement mais bien de rêvasser en songeant. On ressent cette recherche constante de ne pas s’enfoncer dans un schéma, qui marche pourtant.

Le plus classique The call pourrait être écrit par Kurt Vile ou ses anciens comparses de War On Drugs. On s’y croirait. Les jeux vocaux mettent en appétit pour le live.

L’album se conclue sur Sail away. On reste sur des sonorités familières et une sensation adolescente, est-ce le son des pré-millenials ? Toujours à la limite de basculer dans la puissance, on a envie de pousser un peu plus et le bougre arrive à nous récupérer dans un nouveau riff. Gageons que l’ivresse aidant, les versions live feront basculer l’ensemble dans une urgence spontanément libératrice tel ce final extrêmement prometteur, et entêtant.

TH Da Freak, « Coyote », 11 titres (disponible depuis le 7 octobre 2022) chez Howlin Banana.

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