Tagada Jones « La peste et le choléra », un album dans un contexte (2017)

8 min de lecture
Critique Tagada Jones La peste et le choléra 2017

Fidèles à leurs habitudes, le quatuor de Tagada Jones propose une galette ultra-engagée et nourrie du contexte socio-politique Français désastreux que nous connaissons. Après une tournée du Bal des Enragés close par un album live en 2016, le groupe n’a pas chômé en sortant son album de douze titres en ce début mars 2017.

Début de la campagne il y a deux mois quand les Tagada proposaient leur premier single de l’album qui lui a d’ailleurs donner son nom : La peste et le choléra. Son riff ravageur rappelant furieusement le violentissime Bück dich de Rammstein, et l’analogie évidente au tube de Trust Anti-social « impossible de vivre sans un gilet pare-balles » annonçaient en quelque sorte la couleur de l’album. Sur des bases plus que solides donc, ce titre évoque la situation actuelle au proche orient, résumant en un choix cornélien la situation des nombreux habitants fuyant leurs patries en guerre pour atterrir dans une Europe hostile. Entre la peste et le choléra, seuls « choix » donc laissés à ceux que l’on catalogue quotidiennement comme « migrants », Tagada Jones a choisi la révolte. Lettre ouverte à l’Europe et à « ses nouveaux camps« , un cri du cœur citoyen.

Plus récemment, le nouveau clip du groupe et premier titre de l’album, Vendredi 13 est une tribune contre la haine autant que l’expression d’une forme d’incompréhension face à de tels événements. Un titre en hommage aux victimes des multiples attentats du 13 Novembre 2015 perpétrés à Saint-Denis et Paris. Une incitation à rester « Tous debout » pour tous ceux qui ne se relèveront pas !

Pertes et fracas vient ensuite comme un hymne pour manifestants. Ce ne sera pas le seul titre de l’album que nous pourrons envisager comme tel, mais c’est sans doute celui qui parlera le plus aux innombrables citoyens ayant battu le pavé des mois durant et dans toutes les grandes villes de France contre la loi dite « Travail ». Tagada Jones poursuit ainsi son oeuvre éminemment politique et la déclaration de M. Hollande au mois de juin 2016 « Il faut savoir cesser une grève« , que certains ont interprété comme un très sinistre écho à celle de M. Thorez quelques années avant lui, pourrait être l’introduction du titre suivant Envers et contre tous. Un pamphlet contre le marasme politique qui nous entoure et dégoutte un peu plus année après année avec un soin improbable  la masse de citoyens devenue abstentionniste, de sorte que le titre du morceau pourrait paradoxalement être vu comme un slogan officieusement adopté de tous nos hommes politiques.

Guns emmène la critique outre-atlantique, plombant par la même occasion le nouvel élu de la maison blanche et la NRA qui encouragent à l’encontre d’un sens qui nous paraît commun et de façon outrancière la prolifération d’armes en tous genres aux Etats-unis. « Combien de massacres et de vies brisées ? / A en croire Trump, pas assez !« 

Un classique du punk, petit bijou pour manifestants encore une fois, avec le titre suivant : Mort aux cons. « Où sont passés les camarades / Les travailleurs les partisans / qui à chaque sortie du vieux con / osaient crier Mort au front !« . Appel à un sursaut d’orgueil en faveur d’une couleur moins terne que le brun du Front national, hymne contre le racisme ce titre pourra être repris en coeur à souhait ! « Que tu sois noir / que tu sois blanc / que tu sois chrétien juif ou musulman / que tu sois athée ou  sans faction / chante avec nous ce Mort aux cons !« 

Après le nihiliste titre de Didier Super J’en ai rien à foutre, Tagada Jones nous propose son « Ca m’énerve », plus révolté, dans le titre Le monde tourne à l’envers. Véritable liste à la Prévert des sujets fâcheux, facilement alimentée encore une fois encore par le contexte politique mondial duquel le groupe puise une grande part de son inspiration.

L’album tient le rythme à grands renforts de saturation des guitares et de battements effrénés. Passant à des sujet plus « sociétaux » dans les titres NarcissiqueEnfant des rues et Pas de futur le groupe critique tour à tour l’éternelle réaction, la société du jugement et le « passivisme » ambiant. Autant d’invitations à la résistance sur fond de No Futur.

Suite à leur hommage aux attentats notamment du Bataclan, les Tagada Jones proposent également leur titre « en mémoire de »  l’équipe du Charlie Hebdo. Je suis démocratie engage le groupe en faveur de la bien-nommée liberté d’expression et contre la barbarie en général.

Point final de l’album, Le point de non retour, tour à tour violent, puis calme puis violent, sonne clairement comme la fin de boucle pour cet album. Dernier titre et dernier thème abordé comme une évidence, le titre dresse le bilan de l’exploitation déraisonnée des ressources naturelles et de la dégradation continu de notre milieu. En s’interrogeant sur l’avenir laissé aux nouvelles générations, Tagada Jones voudrait avec un poil d’optimisme laisser une porte de sortie, à leur album comme auxdites générations. Hélas ce qu’ils peuvent faire dans leur album ne tiendra pas qu’à eux sur Terre. Le message passe, au moins au Musicodrome. A tous de le diffuser et d’en tenir compte !

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Vendredi 13
2. La peste et le choléra
3. Pertes et fracas
4. Envers et contre tous
5. Guns
6. Mort aux cons
7. Le monde tourne à l’envers
8. Narcissique
9. Enfant des rues
10. Pas de futur
11. Je suis démocratie
12. Le point de non-retour

Durée : 46′
Discographie : 13ème Album
Sortie : 3 mars 2017
Label : At(h)ome

1 Comment

  1. Bonjour.
    En tant que fane des TJ je me dois de commenter votre article.
    Je suis assez déçue de conclure sur le fait qu’il y ai peu d’analyse à votre interprétation de l’album. Vos dires ne sont que des évidences. Il est clair que c’est facile de répeter les refrains de chaque morceau pour en déduire le sens. Une analyse plus poussée des chansons aurait été plus idéale afin de comprendre leurs textes. Dans ces cas là autant lire les paroles, ces dernières étant largement assez explicites pour les comprendre.
    Les Tagada auraient donc « choisit la révolte » ? Vous êtes vous intéressé à leur carrière? Ce groupe est né il y a plus de 20 ans dans un mouvement punk en ayant comme inspiration musicale Parabellum, Sheriff ou encore les Béruriers noirs.
    Cependant je me dois de ne pas nier le fait que vos exemples/citations de groupes sont justes.
    Je me permets de faire une critique de votre analyse en raison des nombreuses informations dont je dispose à ma connaissance. Je m’informe un peu plus tous les jours sur leur parcours/actualité(s) grâce aux réseaux. Les suivre sur leur tournée et sympathiser avec eux m’a permise d’apprendre à connaître leur manière de penser (ainsi que leurs chansons évidemment).
    En vous souhaitant une bonne continuation.

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