Mat3r Dolorosa « A noisy blast / Son of light » (2016)

6 min de lecture
Mat3r Dolorosa A noisy blast Son of light 2016

Près de 3 ans après son premier album « Think about your future now », Mat3r Dolorosa dévoile demain sa seconde création, « A noisy blast / Son of light ». Toujours dans la maison de Jarring Effects, l’artiste a promis du changement. Un changement d’ordre sonore qui laisse penser à une évolution des influences et des des tendances explorées. Une chose est sûre, c’est qu’il ne nous a pas menti…

Les tracks de « Think about your future now » (2013) étaient imbibées d’electro, d’abstract hip hop ou encore d’electronica. En 2016, après de multiples rencontres et d’expériences musicales, Mat3r Dolorosa s’est taillé un costume sur mesure, plus noir et plus incisif, en chamboulant les présences en premières lignes : désormais, ce sont des sonorités techno qui s’invitent à l’univers musical torturé de l’artiste sur cette nouvelle galette.

En seulement 9 titres, il s’est surtout promis d’aller à l’essentiel, sans fioriture et sans superflu. En effet, sur les 33 minutes de son, rien n’est laissé au hasard et le beatmaker a creusé chacune des places qu’il s’est faites avec précision. Ce « A noisy blast / Son of light » est un antagonisme à l’état pur, comme si l’artiste partait en croisade contre ses peurs et ses penchants.

L’homme au cœur sombre ne tarde pas à dresser le décor : les synthés confèrent à l’ouverture de l’album un côté littéralement envoûtant. Avec un Retroaction qui se sature au fil des minutes, l’air se fait plus lourd en parasitant le temps et l’espace. Sans trembler, Retroaction martèle l’esprit à coups de boucles électroniques pour prolonger le plaisir. Plaisir déchu, le même rythme s’installe : avec un son transpirant les notes d’abstract hip hop, Paradise se saccade et prend une tangente atmosphérique qui détone.

Exploration des cieux, exploration cauchemardesque tant ce début d’album est pesant, l’ascension se poursuit : Decline, véritable trompe l’œil, amorce de nouvelles embardées sonores comme le dubstep tandis que les parades au piano riment curieusement avec douceur. Entre démonstration et véritable assaut, Black memories ne fait que s’exprimer à sa manière : dans cette course infernale, la mémoire s’altère, les échos frénétiques de chacune de nos pensées se répètent pour s’embraser au plus profond de nous-même. Ce « moi » intérieur bouillonne sans toutefois exploser.

Sur Son of light, l’invitation proposée nous amène dans des recoins interstellaires et embrumés, à la fois froids et avisés, comme si l’on était bien obligé de faire face à son destin. Le destin, parlons-en. Il est tout tracé, comme s’il était tout simplement impossible de reculer. Dans une effluve sonore intense, Claro tape, frappe comme un sourd sur la caisse en faisant naître l’espoir.

Endurci et prêt à affronter la houle, l’écume finit pourtant par nous effleurer (My little chapel) : progressivement, les courants changent, un vent de chaleur envahit les ondes. Avec ces odeurs iodées, on se blottis contre les pierres brûlantes et on attend. On attend que le temps s’assombrisse. Proche des abîmes, les machines nous propulsent sur l’horizon et nous enveloppent dans un délicat fil de soi intemporel. Le pas chancelant, la chute est proche et la force de la compo se libère en un souffle (How he prays for her).

Malmené par ce voyage impitoyable, Pagan ne fait que prolonger l’expédition. Fracassé au sol, face contre terre, les éléments se déchaînent et s’entrechoquent, laissant apparaître un petit faisceau lumineux.

Au bout du tunnel, le côté sombre de Mat3r Dolorosa s’est révélé. Même si au terme de cet aller-retour cosmique l’artiste a traversé les âges et les tumultes du temps, on ne peut ressortir indemne de sa musique hybride et mutante. En prenant de la hauteur, vous y verrez peut-être une griffe personnelle et sincère, celle de « A noisy blast / Son of light ».

Clip « Son of light » Mat3r Dolorosa

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Retroaction
2. Paradise
3. Decline
4. Black memories
5. Son of light
6. Claro
7. My little chapel
8. How he prays for her
9. Pagan

Sortie : 23 septembre 2016
Durée : 33 min
Genres : Electro / Abstract Hip Hop / Techno
Label : Jarring Effects
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