Mani Deïz « Infinity-1 » (2018)

5 min de lecture
Critique album Mani Deiz Infinity trip hop 2018

Pour ce premier jour de l’été, Le Musicodrome a eu envie de vous proposer un voyage trip hop, à la fois paisible et surprenant, aux côtés d’un artiste encore méconnu ces derniers mois : Mani Deïz.

Depuis toujours, cet artiste des Yvelines traîne dans le domaine du son. D’abord parce que le personnage est ingénieur du son. Mais pas seulement. Il est aussi arrangeur, réalisateur de clip et également musicien. Il est vrai que ce touche à tout a l’habitude de traîner dans le milieu du rap et du hip hop. Pour preuve, le mois dernier, l’album « Chansons », réalisé avec le rappeur Lucio Bukowski, a débarqué dans les bacs. Il y a 15 jours, c’est « Infinity-1 », premier véritable opus de Mani Deïz sous un étendard « trip hop », qui déboulait. Touche à tout Mani Deïz ? Oui, mais surtout sur tous les fronts !

Pour ce premier essai sur ces contrées trip hop, nous ne savions pas trop à quelle sauce Mani Deïz allait nous manger : distiller une première préparation trip hop n’est pas un exercice facile et ce pour plusieurs raisons. La première est qu’il faut parvenir à créer l’étincelle, cette petite flamme qui nous fait adhérer au projet, nous évader. La seconde est de ne pas tomber dans le déjà entendu… car le genre connait déjà plusieurs sacrés mentors.

La lecture de « Infinity-1 » se lance sans réelles attentes particulières. L’effet est pourtant quasi-immédiat : les 13 pistes s’avalent d’une traite. Aucun obstacle ne vient entraver une écoute qui fourmille nos sens. Le beatmaker manie nos sens à sa guise, sans retenue, et nous propose une invitation remplie de bonnes vibrations. La première piste, Fallin’, est lourde, un peu dans la veine abstract hip hop qu’aime explorer le toulousain Al’Tarba. Les renforts d’un chanteur, d’une chanteuse ainsi qu’une violoniste viennent apporter toutefois ce petit truc en plus à l’univers de l’artiste. D’ailleurs, comme bien souvent dans le genre « trip hop accrocheur », la douceur et la justesse sont les maîtres mots de l’histoire : Le voyage et Blue fish sont deux pépites portées par les cordes et l’ambiance atmosphérique provoque l’effet escompté… Qu’il est bien dommage que ces deux pistes soient si courtes.

Outre ces morceaux où la pureté s’affiche sans gène, Mani Deïz s’aventure sur des chemins plus abstract et downtempo comme sur Jupiter’s song ou sur des voies clairement plus digitales comme sur Drops qui nous entraîne dans un état second. Soucieux de garder une certaine cohérence avec ses influences propres, Mani Deïz n’hésite pas à les faire ressortir sur ses titres. Certains s’imprègnent de notes massives comme le faisaient les grands adeptes du style : entre Attila, The descent, Subarachnoid et Follow me, l’artiste propose des tracks à l’ancienne, un trip hop marqué par cette lenteur mais par cette puissance, où les racines hip hop rencontrent des guitares ou une batterie.

Aussi, l’artiste se permet aussi de proposer des envolées plus personnelles -plus rythmées aussi-, comme sur Burning clouds : l’apport des scratches enrobe le tout tandis que White tempest se pare d’une dorure rock qui ne laisse pas indifférent. Enfin, impossible de ne pas citer le titre éponyme de l’album, Infinity-1, qui offre une très belle évasion, mélodieuse à souhait.

Il n’y a aucun doute : pour un premier album façon « trip hop », Mani Deïz réalise-là un véritable tour de force sonore. Même si certains morceaux souffrent peut-être d’un manque de personnalité -la faute à un genre musical déjà pas mal visité-, ce « Infinity-1 » mérite amplement le détours pour les amateurs du genre. Mani Deïz a annoncé qu’il était actuellement en train de travailler sur un second volet de la même veine, sincèrement, on attend cela avec impatience.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Fallin’
2. Infinity-1
3. Follow me
4. White tempest
5. Subarachnoid
6. Le voyage
7. The descent
8. Burning clouds
9. Drops
10. Attila
11. Blue fish
12. Jupiter’s song
13. When you left

Durée : 39 min
Sortie : 4 mai 2018
Label : Banzaï Lab
Genre : Trip hop

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