Un an après leur dernier album « Corps de mots », une ode à la poésie où ils ont mis en musique tous les grands poètes, le groupe mené par Christian Olivier sort un album de compositions, intitulé « Les terriens ». Toujours plein de surprises, cet album électrique et éclectique en ravira plus d’un; courte présentation pour vous mettre l’eau à la bouche et des intrigues plein la tête !
Ce groupe phare de la scène française, découvert par ses influences punk, ballade le long de ses routes quelques habitudes. L’une d’elle est de nous faire découvrir des personnes, d’illustres inconnus, à travers leurs chansons, leurs albums : après Emma et les désormais célèbres Gino et Ginette ou encore les autres Manuela, c’est à présent avec Alice que nous allons faire connaissance. Par l’intermédiaire de cette chanson rock qui rappelle l’album « L’an demain« , douceur et poésie se sont données rendez-vous tout au long de ces trois minutes d’ouverture.
Mais les Têtes Raides savent aussi revenir aux sources avec des influences beaucoup plus rock, presque électriques, avec la très belle Moderato que nous avions pu découvrir en partie grâce aux teasers. « Pourquoi tu me regardes / pourquoi t’es sur tes gardes ? Si t’avais pas compris / on est des grains de riz ! », la batterie et les guitares sonnent, la poésie chante, un fracas léger porte les paroles profondes.
Depuis toujours les Têtes Raides arrivent à frapper juste dans le choix des titres qui ornerait leurs pochettes (ici en collaboration avec les chats pelés!), on pense tout de suite à « L’an demain », à « Banco », au « Gratte Poil »…. Mais cette fois, c’est une demi-déception qui nous attend avec Les terriens, chanson au rythme saccadé comme Christian Olivier et ses compagnons en ont le secret, mais l’on retiendra surtout que ce n’est pas la chanson la plus enivrante de l’album. Peut-on le reprocher aux Têtes raides ? Sous ces allures blues, le groupe se laisse avant tout porter dans différents univers, nous concoctant par la même occasion une composition que l’on retiendra finalement comme atypique.
Le piano résonnant, la voix de Christian Olivier envoûte sur la chanson suivante : Oublie moi, où seule une guitare vient s’immicer dans les méandres de cette magnifique chanson, prenante et douce, belle et mélodieuse, qu’on ne se lasse pas d’entendre, une des plus belles réussites poétique du compositeur. « Oublie moi / s’il te plaît / oublie moi / sans regret… », c’est cette mélodie que nous garderons en tête. Désireux aussi de garder cette fameuse marque de fabrique, on notera les changements de tons au fur et à mesure de l’album : tel un festival d’eclectisme, avec Le rendez vous, chanson aux allures très rock, sombre sans être triste, qui nous intrigue autant qu’elle nous hypnotise, tout comme l’Au-delà, enjouée au possible, qui rappelle les grandes heures de « Banco » !
C’est aussi de par leurs prises de position et leurs coups de gueules qu’on connaît le groupe, on a eu L’iditenté ou Expulsez moi qui évoquaient des thèmes bafoués, ce sera aussi le cas de La tâche, qui évoque les plus sombres heures de notre histoire sans les remettre au goût du jour (« No pasaran ! »).
Si aucun se demande où le chanteur va puiser tant d’inspiration, son Carnet n’y est sans doute pas pour rien. A travers cette chanson un peu psyché, on est littéralement emporté par la poésie qui en émane, par la voix rauque et graveleuse qui sait puiser au fond de nos sentiments. Magnifique. Un constat également partagé avec Des silences, qui nous laisse sans mot, en guise d’apothéose.
La fin de l’album, beaucoup plus rock avec des A ta gueule, Vers ou je vas ou encore sur Bird (chanté en anglais), continuera de résonner : nous nous y sommes habitués, on perçoit nettement ses envies d’ailleurs, mais les Têtes Raides restent fidèles à elles-même.
Avec un album aux nombreuses influences et couleurs, ce dernier ne dévie pas de la marche empruntée un beau jour voilà près de 30 ans. Musicalement, Christian Olivier innove, s’entoure différemment sans pour autant changer de style. On reconnaît à chaque note les Têtes Raides, on s’ennivre du sang qui coule des chansons, on adore leurs idéaux et on ressent les émotions qui s’en dégagent. Les années passent, mais ils ne vieillissent pas d’un poil. Du grand art !
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Alice
2. Moderato
3. Les terriens
4. Oublie-moi
5. Le rendez-vous
6. La tâche
7. L’au-delà
8. Mon carnet
9. Bird
10. A ta gueule
11. Vers où je vas
12. Des silences
Sortie : 17 février 2014
Durée : 42 minutes
Album : 13ème album
Label : Tôt ou Tard