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Cap en Ardèche pour retrouver des anciens baroudeurs qui ont souhaité revenir aux affaires en ces temps troublés. Si la période n’est malheureusement pas très bien choisie, il est toutefois nécessaire de savoir passer la vitesse supérieure pour se remettre à l’endroit. C’est ce qu’a choisi Le Baratin de la Joie en sortant son nouvel EP, « Mikro fasoli », le 5 mars dernier.
Même si l’envie de retrouver le plancher des vaches pour rallumer la flamme continue de bouillir, Le Baratin de la Joie n’a pas souhaité attendre la fin de cette crise sanitaire pour nous partager sa dernière création. 5 titres pour repartir, 5 titres pour relancer une machine qui s’est enrayée trop tôt et qui n’a pas envie de se dire que c’est trop tard pour en profiter.
Découvert dans les années 2000, Le Baratin de la Joie était souvent à l’affiche des bons plans concerts gardois, héraultais et ardéchois. Avec leur « Éloge des fous » (2004) sous les bras, cette belle bande de potes avait fait du rock’n’roll festif un porte-drapeau qu’il venait agiter sans complexe les soirs d’été bouillants jusqu’à plus soif. Si le groupe est devenu de plus en plus hybride au cours du temps en y incorporant davantage d’électro dans leur rock saignant, comme sur « Allegro » (2008), le groupe s’offrait une corde de plus à son arc. C’est finalement après un EP éponyme un peu plus lisse et peu moins percutant que Le Baratin de la Joie splite, en 2012. Terminus, tout le monde descend.
2018 marque d’une pierre blanche le redémarrage du projet. Quelques concerts se programment, il y a une envie certaine de reprendre les choses en main qui se profile. Des mois de travail plus tard, une crise Covid et pas mal d’emmerdes, « Mikro fasoli » se laisse approcher. Avec des années de plus dans le guidon et une belle collaboration avec Kémar, de No One Is Innocent. Pourtant, il semblerait que Le Baratin de la Joie ait décidé de lever (un peu) le pied niveau intensité.
Le Baratin de la Joie aime nous ressortir son bagout habituel pour faire chauffer les guitares. Just free, avec Kémar justement, nous invite à sortir du bois à découvert. Bien rock, bien saturé, tantôt anglais tantôt français, Just free prend à contre-pied tout ce qui gangrène notre quotidien en regardant dans les yeux ceux qui nous gouvernent.
Ce penchant outre-Manche, Le Baratin s’y engouffre avec Any desire qui confirme cette envie de jongler entre les deux langues. L’atmosphère devient moite, le rythme ralentit, le rock est là en soutien derrière un final brûlant et hurlant ! Si on est moins emballé par le punky/rock Angy, qui dit, au hasard, « oui ! », le groupe va se payer un Je me crève détonant. Plus parlé que chanté, Je me crève est une main tendue à Noir Désir ou encore à Eiffel, avec des riffs saillants en plus. Puissant !
Et une dernière pépite pointe son nez : là où certains attendaient ces fameuses touches electro dans le rock des ardéchois, Yana prend la tangente. En clôture de cet EP, une parure acoustique, ukélélé en prime, accompagne Le Baratin de la Joie. Un peu d’électrique au bord du verre et voilà que ce nouvel cocktail est sifflé d’un trait, sans broncher. C’est aussi simple que ça.
Le Baratin de la Joie, « Mikro fasoli », disponible depuis le 5 mars 2021 en physique (février en digital) chez TOLMI éditions.