Heymoonshaker transforme le Jam en Wembley | Montpellier (34) 11.10

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Le Musicodrome assistait pour la toute première fois à une des soirées du festival Les Internationales de la Guitare à Montpellier. En effet dimanche soir, il y avait ceux qui voulaient voir la dérouillée du XV de France par les irlandais… et ceux qui préféraient se rendre au Jam pour se prendre une claque mémorable. Une claque venue d’outre-Manche également mais du côté de Londres avec un duo atypique, Heymoonshaker.

Découvert au festival Marsatac en 2012 en scène découverte, Heymoonshaker nous avait déjà tapé dans l’oeil. Sans album sous les bras à l’époque, la mayonnaise avait bien pris même si, maturité oblige, certains ingrédients manquaient pour que l’explosion en bouche soit totale. Trois ans après et deux opus affûtés, nous retrouvons donc Heymoonshaker dans le lieu cosy du Jam montpelliérain. Première venue en salle pour Le Musicodrome et très bonne impression à souligner : l’école de musique, avec sa salle de concert, donne sur une grande cours intérieure ombragée le jour, lui donnant un côté plus intimiste la nuit, tandis que l’intérieur est des plus chaleureux.

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En tous cas, lorsque nous avons poussé les portes du Jam dimanche soir avec une vingtaine de minutes de retard, nous avons pu saisir à la volée les derniers instants d’un autre duo atypique, celui de la première partie, Connie and Blyde. En toute légèreté, les Connie and Blyde, aka Caroline Sentis au chant accompagné de Bruno Ducret au violoncelle, ont hypnotisé le public du Jam avec cette introduction plutôt jazzy. Donnant des côtés presque lounge à la soirée, les influences des deux musiciens puisent leur source dans les répertoires de Björk et de Nosfell. Comme si tout était interprété dans un écrin, le moindre murmure semblait pouvoir briser la chrysalide de ce beau duo.

Après une bonne mousse histoire de s’accorder un peu de fraîcheur face à la température estivale de la salle, cette dernière s’est finalement remplie en quelques minutes dès l’apparition d’Heymoonshaker sur les planches. En début de tournée de leur second opus, « Noir », sorti le 2 octobre dernier, le duo est donc reparti à l’assaut des salles pour battre le pavé. Pas moins de 400 personnes occupaient la salle à leurs côtés, dans une configuration où la proximité entre les artistes et le public était de premier choix. Eux qui se vantaient, avec humour, d’être le premier groupe de beatbox/blues au monde, peuvent se dire qu’ils ont un talent indéniable. Durant 1h30, ils sont partis à l’assaut des morceaux. A deux la plupart du temps, en choeur ou à travers des escapades solos. Ils les ont attrapé, malmené, possédé avant de nous les présenter.

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Dans les premières ballades blues, on sent déjà qu’il se passe quelque chose d’unique ici. Bien sûr, David Crowe vole un peu la vedette à son acolyte Andy Balcon pendant les morceaux, tant ses performances de beatboxing sont tout simplement incroyables. Pourtant, ce qui donne à Heymoonshaker cette facette idyllique, c’est bien cette complémentarité. Ce constat est d’abord musical car Andy Balcon jongle régulièrement entre ses différentes guitares, allant du blues au rock jusqu’à des contrées plus agitées, alors que David Crowe, d’une synchronisation précise comme du papier à musique, remplit le rôle de boîte à rythmes, de batterie et même des machines électroniques. Sa démonstration solo d’un bon quart d’heure, déclinant tour à tour les variantes de l’électronique (dubstep, jungle, drum’n’bass…), a eu le don de retourner la salle provoquant l’hystérie… comme de la scotcher sur place. En effet, la force dégagée par David autant auditive que visuelle par son art des gestes avait de quoi en déconcerter plus d’un.

Heymoonshaker fait ainsi tanguer la salle, avec légèreté et précision, avec des tracks d’une douceur absolue comme Wheels in motion ou Amandine, presque crooner, ou d’autres clairement groovy tels Stoned et Coz i luv u. Mais n’allez pas croire qu’Heymoonshaker est là pour jouer les berceuses : sans crier gare, la machine peut subitement s’emballer comme sur la fin de Lazy eye ou sur le très métallique MF45. Habile avec les mots et véritable diffuseur de bonnes ondes, Heymoonshaker est le symbole de cette réconciliation entre les gen(re)s. Porteur d’un message sincère et plein d’espoir pour nous autres, les galériens du quotidien, le duo n’oublit pas d’où il vient : de la rue, de l’ambition folle de s’en sortir en écumant les continents, et des concerts organisés au pied levé car l’essentiel était, à tout prix, de jouer. Plusieurs fois le groupe interpella la salle, souvent en français, partageant des pensées et des conseils en toute humilité, sur fond de récession. La liberté, l’envie d’indépendance de leur musique et aussi de l’esprit, Heymoonshaker les affectionne particulièrement dans ses morceaux : tout s’accélère et tout se bouscule entre la voix éraillée et rocailleuse d’Andy et la machine infernale lancée à toute allure de David, la réalité éclate. Find Myself a home, Heavy grip, Colly drop, Ten letter word deviennent alors tapageurs et sentent le souffre.

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Appelant le public aux rêves et à préserver coûte que coûte dans le coin de leur tête un espace de liberté, Heymoonshaker a repoussé les frontières : les textes de Feel love, Best of my love et surtout le frémissant Take the reins n’ont fait que confirmer ce tour de force réalisé par le groupe. Leur mot d’ordre : « pour vibrer en concert à chaque fois que vous allez revoir un groupe que vous affectionnez, dites-vous que c’est Wembley ». Dimanche soir, le Jam, c’était Wembley !

Crédits photos : Photolive30

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