Le Musicodrome a mis un pied en Bretagne ! Et c’est par le bouche à oreille que l’on a entendu parler du Festival Insolent au Parc des Expos de Lorient. D’abord, la session d’automne dernier s’était déjà démarquée. Puis, en ce printemps, la date et l’affiche ont fleurie : Chinese Man, Le Peuple de l’Herbe, Tryo, Hilight Tribe, Manudigital et Joseph Cotton, Sara Lugo… Cette brochette laissait présager une bonne soirée festive et agitée !
Sortie de voie rapide, direction le parc des expos. On entre dans le premier parking où il est possible de stationner et camper pour la nuit. Un parking jouxtant les salles, sur le béton, qui est déjà bien garnie. On circule, les apéritifs sont déjà entamés chez les uns et les autres, les jeux de palets sont de sortis, et les baffles crachent du son un peu partout, mais nous décidons de tenter notre chance ailleurs…
L’ouverture du second campement se fait juste au moment de notre arrivée. Les messieurs de la sécurité nous indiquent que planter la tente n’est pas possible, qu’il faudra dormir dans voiture ou camion, que tous les sacs laissés en dehors des véhicules seront laissés à des démineurs, et qu’il faudra partir le lendemain avant treize heures sous peine de fourrière. Drôle d’accueil « insolent ». Mais la vue des beaux érables sycomores et leur bel ombrage, ce bout de prairie finit par l’emporter. Quelques tentes commencent à pousser et nous voilà vite rassurés par cette « insolence ».
Nous rentrons finalement dans le grand hall du parc des expo pour Gentleman’s Dub Club. Un groupe que l’on ne connaissait pas. La salle est immense, les basses bien dub raisonnent, et les contre-temps nous entraînent d’un rythme irrésistible. Leur dub, reggae fusion, ska, est parfait pour se mettre en jambe. Ils sont sacrément nombreux sur scène (trompette, batterie, saxophone, clavier, guitare et autre percussion) et on a assisté à une bonne découverte le temps de quelques chansons.
Quelques chansons avant de changer de hall. Autant le dire tout de suite, le fait d’avoir des concerts quasi-simultanés nous a poussé à faire des choix. Le premier choix car il est hors de question de manquer Le Peuple de l’herbe ! Fort de leur dernier album chroniqué sur nos ondes, ils ont proposé un concert qui leur correspond, c’est à dire qu’ils n’ont pas fait dans le consensuel. Une rage de la part des deux MC JC OO1 et Oddatee, un guitare électrique qui n’a pas hésité à saigner, et des basses qui auront envoyé sur la lune plus d’une personne. Ce qui est systématique avec Le Peuple et que l’on observe sur d’autres festivals, c’est que ceux qui restent aiment… alors que ceux qui n’accrochent pas quittent au fur et à mesure la fosse. Pas consensuel on vous disait. Le Musicodrome aime ça. Avec un subtil mélange entre les morceaux du dernier album et les morceaux monumentaux comme No Escape, le groupe s’est accordé aussi de longs moments instrumentaux complètement planant.
A la fin de cette bonne session du Peuple, on se dirige dans l’autre hall. Grosse galère pour circuler, mais s’est plutôt sympa et humain. La plus grosse sera d’arriver à récupérer des jetons pour boire et manger. Pas de fille d’attente, un amas de festivaliers qui se grille la politesse pour une attente à donner faim au mort. Après ce périple, direction la fosse pour Tryo.
La scène est remplie de drapeaux de couleurs qui flottent au vent, comme un appel à la tolérance. Les compères auront comme à leur habitude largement assurés. Avec un départ sur l’excellente France Telecom de l’excellent « Mamagubida », on ne pouvait pas bien mieux faire. Le décor est planté, et en vieux loup de mer, ils vont alterner les moments plus sautillants, aux moments plus calmes, leurs gros titres et leurs titres moins connus. Toi et Moi, Désolé pour hier soir, Serre moi, ou encore le fameux Hymne de nos campagnes seront entonnés par plusieurs milliers de personnes ! Tryo n’abandonne pas non plus son message écologiste, comme celui qui rend hommage à l’activiste Watson de Sea Shepered, ou encore le très juste Greenwashing. Des sourires, des bonnes sensations, de la percussion, de l’acoustique, des messages de plaisir sur et en dehors de la scène : Tryo rime toujours un bon moment.
On décide donc de prendre l’air et de gagner le cœur de la fosse avant le départ de Chinese Man. L’inter-plateau voit arriver l’immense praticable sur lequel les 3 dj poseront leurs tables de mixages. Immenses, avec de nombreux dispositifs lumineux et des formes spiralées qui auguraient de bonnes choses. Et en effet l’arrivée sur scène s’est accompagnée par les cris de joies de la foule qui n’attendait que de bouger sur les vibes du Chinois. Les 3 arrivent sur scène, les premières pistes sont lancées, les sons sont lourds, le show vidéographique et les jeux de lumières sont lancés. Ils deviendront inarrêtables pendant leur durée du concert. Au bout de 2-3 morceaux sans MC, la lumière baisse, la fumée apparaît, puis les stroboscopes géants s’activent et dessinent les silhouettes des 3 MC apparus soudainement sur les enceints géantes de Chinese Man.
L’effet de surprise assuré, la salle s’enflamme ! Les clips d’animation défiles et les morceaux alternent avec justesse des instrus electro et les apparitions des chanteurs. L’intensité est tout simplement parfaite. Le dernier album sera parcouru et nous reconnaîtrons Liar, Escape, Blah!. Chinese Man nous emmène dans son univers pendant toute la partie. Une partie qui se termine sur la terrible Independent Music qui enflammera une dernière fois ce grand hall.
Une petite pause, quelques bières, puis on change de hall. Direction Hilight Tribe ! Genoux bien échauffés, on arrive dans la salle, et on assiste aux derniers réglages du groupe star de Techno Acoustique. Le voyage sera un aller simple. Une fois les réglages terminés, le groupe se lance, la salle danse frénétiquement. Ce groupe a vraiment une faculté incroyable à hypnotiser les foules, à grands coups de percussions et didgeridoo ! Dommage cependant que la foule soit si massive… On retiendra les biens connues Shankara et Free Tibet, ainsi que l’excellente et très hispanique Esperanza ! L’espace se transforme en une énorme fournaise transpirante et fumante, l’aire y est presque irrespirable, et Hilight quitte la scène avant de revenir pour un long rappel qui fera bouger les corps et les esprits. La fin de soirée sera marquer par une oreille jetée à Alborosie dans le grand hall qui s’est nettement dépeuplé.
Cette dernière halte nous permettra de découvrir 3 morceaux de ce bon vieux reggae/raggamuffin que maîtrise parfaitement le chanteur italien et sa chorale ! On se détend et l’air est plus respirable, puis cela se termine tranquillement avec un retour tardif au campement. Un campement que nous quitterons le dimanche à treize heures pétantes !
En somme, le Festival Insolent était bon, rien à redire sur la programmation festive qui correspond à l’esprit festival. On se dirait-même que cela pourrait être plus terrible sur deux jours, y compris pour l’ambiance de campements qui n’ont pas eu le temps de se créer qu’ils doivent (déjà) se défaire. Mais avec deux sessions par an (automne/printemps), le délice peut se déguster deux fois. A chacun ses préférences !