Le printemps fleurit, le soleil se cache et peut-être que l’été déboulera sans crier gare… Si la météo est capricieuse, les sorties d’albums, elles, ne se font pas prier : le 26 avril dernier, deux d’entre-elles ont attirées notre attention. Il y a d’abord Jive Me, bien boulégant, et aussi Youhstar, plus rappeux…
Jive Me « Jive Me » (26 avril 2019) chez Uni Son -ELECTRO/SWING-
Un premier album, 12 titres, soient 12 petites bombes sucrées qui explosent en bouche. Le constat est implacable et il est bien inutile de faire durer le suspense. Forcément, dès la première écoute, les influences sautent aux yeux : Caravan Palace à ses débuts déjà sur la pente de « Panic », La Cafetera Roja depuis son dernier opus, « One shot » ou encore un Parov Stelar au top de sa forme… Forcément, avec une étiquette « electro/swing » qui colle d’emblée à la peau, les stéréotypes peuvent devenir récurrents : dans Jive Me, on retrouve ce vieux phono donnant un côté vintage à des mélodies jazz qui deviennent entêtantes à souhait comme sur Run ou Miss Annie, très Caravan Palace pour le coup. L’esprit groovy en guise de fil, le groupe déroule sans trembler : le groupe n’hésite pas à aller approfondir des horizons plus marqués, plus electro et plus saturés, comme Starry night et Mr O’Butler. Surtout, Jive Me s’autorise aussi des balades plus acoustiques, jazzy, qui contrebalancent aisément le tout (20’s, Love affair). Cette gouache animant l’album, le quatuor semble vouloir la distiller dans ses compos : dans un style plus manouche (Desert), presque raggamuffin façon Selah Sue (The crook) ou détourné soul avec une superbe ouverture (Lesson), la recette fonctionne… Les influences sont évidentes, peut-être trop ressemblantes par moments, mais l’album s’écoute avec une décontraction totale : c’est frais et ça donne la patate, on oublierait presque le printemps n’est toujours pas arrivé…
Youthstar « Back to the sauce » (26 avril 2019) chez Chinese Man Records -RAP/HIP HOP-
Youthstar est devenu, au fil des années, une des voix emblématiques du collectif Chinese Man. Depuis 2017 et un premier EP remarqué, déjà très branché sauce et piment (« S.A. mod »), le MC londonien n’a pas arrêté : il a continué de tourner sur le Shinkantaza Tour mais il s’est aussi rapproché de son pote bordelais, Senbeï, qui assure la prod’ de son second essai. Ici, grosses basses et scratches bien aiguisés au programme de ces six nouveaux titres, mais pas que : à l’image des sons façonnés par les Chinese Man, on reconnait aisément les influences de celui-ci dans le track d’ouverture, Pushing through walls, trempé dans la culture traditionnelle asiatique qu’affectionne aussi Senbeï. Propre et sans bavure, le MC pose sa voix si atypique sur une création signature du label Chinese Man Records. N’allez pas croire cependant que Youthstar va tomber dans la facilité : chaque track est unique et part défricher un nouveau terrain de jeu : Switched up est un brûlot digital, boosté à la drum’n’bass pour s’évanouir dans un élan dubstep… Il faut dire que le morceau partagé avec les (très) agités -et maîtres en la matière- Dope D.O.D sur Lil Mumbers a dû lui donner des idées ! Cette puissance, Youthstar se charge de la maintenir au niveau en impulsant des notes grime (qui l’accompagnent depuis longtemps déjà) comme sur Hype for the night. Pourtant, cela ne l’empêchera pas de prendre son pied en balançant des guitares poisseuses et une batterie rouillée, échos aux cuivres, en mode vieux bluesman baroudeur avec CW Jones le temps d’un Week-end sins. Un dernier kif viendra sur This one is fat, à la fois poilant et défrisant, qui fait bougrement secouer les têtes ! « Back to the sauce » est à peine descendu qu’on regretterait presque de l’avoir écouté trop vite. Vivement la suite, vivement le live !