Un tour de chauffe pour s’armer de patience à V2 (Montpellier, 34) 08.10

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Tour de chauffe victoire 2 montpellier
Béni
Temps de lecture : 2’40

Embourbée dans une situation qui ne cesse de se détériorer, Victoire 2 a rallumé la lumière dans son patio extérieur pour montrer que faire de la musique est encore possible en octobre 2020. Un feu de joie éphémère dans un hiver qui s’annonce plus que jamais glacial…

En ce jeudi 8 octobre, c’est le Gard qui est à l’honneur en terres héraultaises. Co-organisé par La FEMAG (FEdération des Musiques Actuelles du Gard) et le Département du Gard, ce tour de chauffe des talents gardois en région faisait donc une halte à Montpellier après des passages à Nîmes et au Mont-Lozère. Une soirée placée sous le signe du partage et de la découverte avec trois groupes à l’honneur (Tel Quel, Béni et Harold Martinez). Une soirée gratuite qui n’échappe pas non plus à la règle des « je m’en foutiste » qui réservent des places et qui, sous prétexte de la gratuité, n’ont pas dénié se déplacer.

Tel Quel tour de chauffe victoire 2 montpellier
Tel Quel

C’est bien dommage car, Covid oblige, les organisateurs ont déployé des efforts considérables pour que la soirée se déroule dans les meilleures conditions : dans une configuration « assise » avec la distanciation sociale, le service de restauration se fait directement à table. Un food truck, installé en extérieur, enchaine les allers-retours pour prendre les commandes et apporter des planches ou des assiettes. S’il est incroyable d’assister à des concerts de rock assis après autant de repos forcé, il faut bien reconnaître que toute l’équipe bichonne les spectateurs.

Tel Quel débute. Le duo, déjà croisé en février à Paloma en ouverture d’Oxmo Puccino, n’a rien perdu de sa superbe : c’est avec son tout frais premier album sous les bras, « Le jour gît au beau milieu de la nuit », que les deux comparses se renvoient la pareille. Un est au chant, plutôt rappeux, l’autre est aux instruments, alternant violoncelle, guitare… et faux ! Le rap rencontre la chanson pour subitement muter en rock, avant que celui-ci n’explose. Tel Quel, c’est puissant et tout aussi puissant. Une parfaite entrée en matière avec un public qui arrive au compte goutte.

Béni tour de chauffe victoire 2 montpellier
Béni

Le flambeau est ensuite à Béni. Changement de ton, il y a de sérieuses influences blues dans le rock embrumé de Béni. On sent qu’il y a de l’expérience sous le capot et le moteur ronronne sans accroc : le fondateur de Zen Zila n’en est pas à son premier coup d’essai et cela s’entend. Les textes sont habités et même si par moment on a un peu de mal à comprendre où il veut nous amener, on tape du pied sans se forcer. Avec la présence de Fabien Tolosa (d’Harold Martinez) en agité de la batterie, l’ambiance vire au bleu, un bleu hybride et charmeur, pour appeler à la danse.

Comme dans un dernier souffle, c’est justement Harold Martinez qui assure la clôture de cette soirée. Habile dans la langue de Shakespeare, peut-être qu’un switch avec Béni aurait été stratégique afin de permettre à tout ce beau monde assis et en mode digestion plus attentif à l’univers du groupe… Dans tous les cas, Harold Martinez a navigué entre ses anciennes et ses nouvelles compositions en toute décontraction, toujours entre rock, folk et blues, avec de nouveaux arrangements un peu plus digitaux pour accompagner les créations issues de « The grim reaper » (2019).

Tous les ingrédients étaient réunis pour passer une bonne soirée à Victoire 2 avec ce Tour de Chauffe et cela s’est confirmé. Nous aurons une pensée pour les artistes qui n’ont pas caché leurs difficultés vis à vis du public, statique, qui finalement ne laisse que peu ses émotions ressenties par rapport à l’énergie et à la musique qu’il reçoit. Drôle d’époque…

Crédits photos : Olivier Scher

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