Dub to Trance : De la puissance d’une Abstraction musicale (Villeurbanne, 69) 21.12

7 min de lecture

Vendredi, Le Musicodrome était au Transbordeur pour la dernière très grosse soirée de l’année : l’Abstraction #6 – Dub to Trance. Tout était dans le titre : du dub puis de la trance pour monter dans les bpm et mieux s’abstraire du réel. 

Avec la team Exoria aux manettes, on pouvait se douter que cette histoire serait rondement menée. La programmation était fournie d’artistes confirmés avec en prime le premier live de la collaboration entre Tetra Hydro K et Brainless. En entrant dans la grande salle, la scénographie de l’Octopus nous en mettait une nouvelle fois plein les mirettes. Un immense chat aux yeux hypnotiques était prêt à nous miauler dans les oreilles et faisait face à un live vidéo haut en couleurs. En plus d’être portés par les sons, l’Abstraction nous promettait, comme à chaque fois, un voyage visuel envoûtant. Le cadre était posé : celui de la fête, faite par des passionnés pour des passionnés.

Dans un Transbordeur à l’affluence idéale (la soirée n’affichait pas complet), ce sont les basses d’Ashkabad qui ouvraient le bal. Telle une véritable mécanique des fluides, les ondes du duo électro-dub nous attiraient du fond du couloir pour nous emporter au cœur de la foule où s’entrechoquent la masse des corps. Venus présenter leur nouvel opus « Reptile », Ashkabad nous emmène tantôt dans ses sonorités orientales tantôt dans ses bombes steppa (Sub Conscious). Les pieds choquent le sol, les bras battent l’air condensé, les oreilles sont dressées et les âmes se libèrent. Le duo conclut son set en sortant l’artillerie lourde, dans un dub très électro, presque glaçant, hyptnotique, sublime (Exovia). La magie de l’Abstraction opère : bienvenue dans un monde à part, où la physique s’active aux ondes d’un son profilé pour l’occasion.

Puis arrive le featuring Tetra Hydro K et le crew Brainless, dont la toute nouvelle collaboration venait d’accoucher d’une petite bombe : le « Chapter One », sorti trois jours plus tôt. L’heure était aux présentations et cette pépite – made in ODG Prod – semblait tailler pour le live. Et pas manqué, ça a chié ! Courbés sur leurs platines, nos chimistes testent leurs nouvelles préparations avec une précision et un engagement fidèles à leurs laboratoires. Côté fosse, les skankeurs se déchaînent sur la violence de basses toujours minutieusement posées. Nomada en est un exemple du genre. La voix des toasteurs de Brainless et les solos de saxo, sur AlelouJah notamment, viennent nous rappeler que le dub n’est pas qu’une tartinade de basses. Dans la lignée du dub électro d’Ashkabad, THK et Brainless finissent de nous envoûter sur leurs tracks très steppa dans une Utopia dont eux seuls ont le secret.

Les deux sets dub auront été d’une puissance rare, loin de la petite déception du Telerama Dub Festival en novembre dernier. Le terrain est parfaitement préparé pour la Trance Ethnic de Pettra. L’australien arrive avec ses grands cheveux longs et ses multiples instruments et s’engouffre parfaitement dans la brèche. Sous les yeux psychédéliques du chat, Pettra déploie des sonorités de nombreux horizons, à l’image de la flûte de pan sur le track Bansury, ou bien les envolées lyriques de Desert ou Spiritual Journey. Et l’australien de nous prouver qu’il est possible d’être bercé à 160 bpm. La salle est comblée à défaut d’être comble. Et l’Abstraction continue dans un grand élan de puissance et de volupté.

Grand nom de la scène psytrance, Avalon enchaine sur le même rythme, et même accélère encore un peu. Les lignes de basse sont puissantes, rapides, agressives. Les yeux du chat accompagnent la libération progressive des corps. Et l’on se dit que cette Abstraction là a quelque chose à part. Chaque set a une saveur particulière, tous ont une force commune : celle de faire danser, celle de laisser l’esprit s’évader. Le public applaudit Avalon, comme il avait salué les précédents artistes, et offre là une brève reconnaissance d’un bien plus grand dessein. Car c’est avant tout les heures de recherche instrumentale, de travail minutieux dans les méandres de la nuit, niché sur l’ordinateur, c’est cette expérimentation musicale du quotidien que nous acclamons. Le live en est son apogée, et la danse collective d’une foule, sa plus belle expression. Sa plus belle Abstraction.

Note : nous n’avons pas mis un pied dans le Club Transbo et ne pouvons donc pas chroniquer les artistes présents, désolé pour eux. Ni même The Ovni Show en dernier dans la grande salle, sur lequel nous avons tout donné quinze minutes, mais nos forces étaient d’ores et déjà consumées. Un immense bravo (et merci!) à Exoria et Mediatone pour l’organisation de la soirée.

Clem

Se réveiller tranquillement dans cette Concrete Jungle. Rouler à vélo en se disant que Demain c'est Loin. Prendre l'apéro à Chambacu et entendre gratter un peu de Guitare sud-américaine. Taper du pied sur Caldera. S'endormir à la belle étoile, laissant résonner le Groundation Chant. [Bob Marley | IAM | Aurita Castillo | La Rue Ketanou | Recondite | Groundation]

1 Comment

  1. Un bijou sonore c’te soirée ! (ou plutôt un collier de perles) Merci pour cette chronique très juste. Rien de tel pour finir l’année en bôôôté

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