Sans avoir pris une ride, Karpatt se pare d’un magnifique Angora (2016)

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Karpatt Angora

Pour tout bagage, on a vingt ans, on a une rose au bout des dents. C’est sûr, les trois compères de Karpatt ont gardé, malgré leur vingt années d’existence, cette même fougue, cette même envie communicative de partager de la bonne humeur, des bons mots et des explosions d’émotions. Cinq ans après « Sur le Quai », c’est à travers un « Angora » aux milles couleurs qu’ils s’offrent à un public qui commençait à s’impatienter !

Karpatt Angora 22 avril 2016

Karpatt c’est des voyages, des souvenirs et des visages. De Salvador résonne cette philosophie de l’ailleurs, et des gueules croisées sur les routes d’Amérique du Sud. D’emblée on retrouve cette joie partagée à travers la trogne de la musique, au fond de la chaleur des guitares et de la contrebasse en liesse, enrobé de la voix de Fred Rollat.

« Elle était de ses femmes / à qui on a tout pris / le sourire et les larmes / C’était dans une autre vie / maintenant elle regroupe / les femmes de son quartier / une fois par semaine / pour aller faire d’la course à pied »

Les trois compères continuent de raconter des histoires, des moments de tous les jours inspirés de leurs périples, que ce soit sous la forme de folk, de jazz manouche, de swing ou de rock, le groupe s’amuse des codes comme des mots.

Karpatt c’est aussi ces chansons déroutantes, qui nous font vaciller la caboche à la première écoute, dans une relative naïveté, puis auxquelles on s’habitue, et dont on fredonne les refrains en aussi peu de temps qu’il en faut pour l’entendre. J’suis mort  ou Pétales en sont le parfait exemple, comme on a eu tant d’autre, sur Mélisande, par exemple.

La mélancolie enrobe cet album. Mais une mélancolie qui ne plombe pas les nuages, une mélancolie bercée par les deux guitares aux arrangements subtils et fertiles qui mélangent les genres, comme Karpatt sait si bien les pondre, comme il l’a fait dans « Sur les Quais », comme il nous a aussi habitués sur « Dans le caillou». Se partager les rythmiques et les solos sur chaque chanson, les deux solistes le font à la perfection. Et qu’il est bon de se blottir dans les mélodies douces des Amours d’été et de Chez toi. C’est aussi ça, la force de Karpatt : on se reconnait dans leurs histoires, on pleure quand ils pleurent, on rit quand ils s’enjouent et surtout on chante avec eux.
Dans cette veine, Partage est à fleur de peau, une parfaite image, dans le miroir du son, de cette douceur accrocheuse que distille le groupe.

20 ans c’est une date à faire tourner les têtes, c’est un âge où l’on regarde en arrière, où l’on aime se remémorer les bons instants. Le plus célèbre trio de la chanson française aime à nous raconter cette histoire, à nous la chanter avec cette voix partageuse, avec cette envie de faire la fête, à travers des médiators et des Cordes.

« Pas facile de faire un bilan / sans basculer dans l’épitaphe / revenir avec un nouvel album / c’est comme fumer une première taffe / ça fait du bien et assez vite / on commence à sentir le manque / le manque de jouer / le manque d’écrire / le manque de cette vie d’saltimbanque »

Alors oui ils ont vingt ans, Fred Rollat, Gaetan Lerat et Hervé Jégousso ne sont pas pour autant plus adultes qu’avant, toujours Sur le caillou, ils continuent de chanter cette vie pleine d’envie, pleine d’embuches et pleine de musique de partout. Un groupe du monde. Car avec cet « Angora » c’est bien en groupe du monde que s’affirment les trois copains, ceux avec qui on aimerait gagner ses soirées à les perdre. Sans changer de recette, en laissant les guitares emplies d’humanité et de mélodies à reprendre, en gardant cette voix qui fait du bien aux oreilles, en conservant cet état d’esprit qui endort autant qu’il réveille.

Comme une histoire qui se répète, les engagements sont de la partie, le monde en marche en prend pour son grade. A ne pas s’avoir s’arrêter, c’est à coup de mélodie rock et manouche que le trio lui répond, à coup de Moulinette, nous aussi, on le trouve trop Encombrants.

Et c’est presque logique de retrouver Un jeu pour mettre un point final à ce disque. Tristement logique, même. Triste car d’actualité, triste car ce titre prend tout son sens aujourd’hui. Triste qu’on ne l’écoute pas assez. Mais beau malgré tout, beau même remixé, même avec une nouvelle gueule et se cachant derrière un nouveau mix. Beau, et c’est tout. Et c’est bien assez.

Plein de joie, plein de folie, avec un sincère plaisir de revenir sur les planches, avec des mélodies toujours aux couleurs de l’humain, du perdu et du désespéré, c’est ainsi qu’on pourrait décrire ce nouvel « Angora« , proche des gens, proche de la vie. Incontestablement un CD à conserver, à écouter et partager. Comme leur musique.

NB : L’album sort le 22 avril, des extraits de chansons seront alors ajoutés à cet article.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Salvador
2. J’suis mort
3. Amours d’été
4. Partage
5. Chez toi 
6. Péniche
7. Encombrants
8. Pupuséria
9. Ecarteleur
10. Pétales
11. Moulinette
12. Cordes
13. Un jeu

Durée : 49 min
Sortie : 22 avril 2016
Genres : Rock / jazz Manouche / chanson française
Label : At(h)ome

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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