Volo, encore et toujours « Avec Son Frère » (2020)

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chronique volo avec son frère album
Temps de lecture : 3’20

En ce 13 mars sortait l’album Avec son frère de Frédéric et Olivier Volovitch, du groupe Volo. Un grand bol d’air frais dans ce climat de confinement. Le Musicodrome en a profité pour l’écouter, le réécouter, et vous en proposer un aperçu sur papier, juste pour vous donner l’eau à la bouche, l’envie d’aller y glisser une oreille.

Volo, c’est un groupe de musique bien sûr, mais c’est avant tout deux frères. Deux frères qui, contrairement à d’autres BigFlo&Oli ou Zebda, se mettent à jouer ensemble sur le tard. Quelques albums plus tard ils sont toujours là, fidèles à leur univers, le déclinant à merveille, l’offrant à de nouveaux thèmes ou le laissant repeindre des images bien connues. Le Musicodrome avait été présent à leur concert à Toulouse, où ils avaient présenté quelques unes des chansons ci-dessous.

Quoi de mieux pour Volo que de lever le rideau de cet album Avec Son Frère. Titre éponyme de l’album comme de ce groupe, Frédo et Olivier s’en vont, laissant derrière eux le reste de la famille, si présente, si distante. Sur la route, bien que tous les deux, ils affrontent le monde extérieur, et comme eux Je Me Demande Quand « même, comment sera la prochaine crise financière », même si nous avons à l’heure actuelle de nouvelles cartes entre nos mains, qu’eux n’avaient pas lors de l’écriture. Un joli goût de groove et de funk en arrière-plan, des questions existentielles, on est agrippés, on est avec Volo. Depuis Quand, plus tard dans l’écoute, donnera un verso, un alter-égo à ces questions de temps sans précédents. Les kilomètres défilent, ils sont toujours main dans la main, mais ils jettent leur premier regard dans le rétroviseur. Avec Jeune et Beau, les deux frères amorcent une descente en souvenir vers leur enfance, sans parachute, sans amertume, avec cette douce odeur de brouillard qui vient emplir toutes les images dont on parle à l’imparfait. Parmi ces images, le temps à fait le tri, et Olivier n’en garde qu’une, celle de Joséphine. Une chanson pour sa fille, un câlin mélodieux, quelques pensées stendhaliennes pour « que ne durent que les moments doux ».

Disons qu’ils soient frères. Disons que, comme la majorité des frères, ils aient grandi dans la même maison. Disons que cette maison, comme eux, ait fini par changer, par vieillir, par acheter quelques rides. Disons que leurs parents décident de la vendre. Disons que ce soit dur, émotionnellement, à accepter pour les frères Volo. Disons qu’ils en fassent une chanson ?

De leur voix splendides, ils continuent à marcher sur la route de leur album, sur la route de leur carrière, entre deux guitares, saupoudrés de quelques percussions pour les besoins de l’album. D’histoires de vie en révolution philosophiques, ils zigzaguent. Des fausses notes dans la partition ? « Je n’en voyais aucune ». Des folies nocturnes ? Volo s’en délecte dans la Contre-Lune. Mais ces folies parfois, mènent à des déceptions. Et ces déceptions parfois, mènent à des choix douteux. Au milieu de cet état brumeux, De Mon Mieux vient alléger l’addition : à vivre sans s’inquiéter des conséquences, on ne peut « pas mourir d’ennui » !

volo2

Que ce soit Un Peu, Beaucoup, Bout de Trottoir ou En Vérité, les morceaux de Volo se dégustent de la même manière : on roule doucement des épaules, on laisse les images s’allumer dans nos têtes « dans tout ce qu’on a compris », on se dresse au milieu du salon « Une fois n’est pas coutume », et les paroles nous emmènent jusqu’à ces différences qui nous rassemblent, nous permettant « de ne rien regretter, « de tout se pardonner ». On s’approche doucement de la fin du voyage, la route de l’album propose un virage maternel, un visage paternel, un espoir de boucle, d’une continuité, d’une infinité, d’une histoire qui ne s’arrêterait jamais, donnant astucieusement naissance à de nouveaux personnages, à la manière des quatre saisons, que Vivaldi comme la Terre ont su enchaîner à merveille. Des saisons, Volo choisira l’Automne, en faisant une chanson comme on s’assoit autour d’un feu de bois, entre copains tristes, dans la forêt d’une nuit trop morte.

Volo confirmera cette envie de boucle, ce sentiment de cycle d’apprentissage, cette notion de temps qui passe et qui revient avec C’est Toi, chanson qui était déjà présente, qui était « déjà beaucoup » dans un de leur précédents albums, Sans Rire.

Dans cet album on retrouve un Volo aux textures plus travaillées, aux voix plus épurées, mais aux émotions toujours aussi percutantes, enveloppantes, de balade en promenade, de larmes au coin de l’œil en sourires au coin des lèvres. C’est, sans surprise mais avec régal, un album dans la belle continuité du travail des frères Volovitch.

Volo, « Avec son frère », disponible depuis le 13 mars 2020 (14 titres, 52 min.)

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