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La vache cévenole est toujours là. Elle a survécu à la crise de la vache folle, elle est passée entre les mailles du filet de H1N1 et on espère qu’elle survivra au Covid-19… Car la Meuh n’a beau être qu’à une seule bougie de la majorité, cette dernière a encore plus d’un tour dans son sac à dégainer. Et en 2020, le festival compte bien changer de stratégie.
Pour cette 17ème édition, les étudiants de l’école des Mines d’Alès (30) ont donc choisi de maintenir le cap amorcé lors de la précédente édition en terme de programmation et de line-up du festival. Bien décidé à ouvrir davantage l’univers musical qui gravite autour du festival, celui-ci va connaître un virage plus marqué vers le monde de la nuit et la frénésie qui l’anime. En gardant comme fil directeur les groupes plutôt reggae et plus récemment rap en guise de tête d’affiche, les organisateurs ont choisi d’insister davantage vers des influences digitales pour fleurir autour de celles-ci. Un choix assumé qui rime avec un souhait d’élargir le public du festival au lieu plutôt de retourner vers des sonorités plus proches de la chanson française et du rock, une des étiquettes qui lui a longtemps collé à ses débuts. Changement d’époque, changement d’ambiance !
Un vendredi soir à cinq ou six têtes
Comme l’année dernière, la Meuh Folle va rugir cinq fois dès le vendredi soir avec cinq concerts à la clé… pour six groupes ! D’abord, comme la tradition l’exige, c’est le groupe vainqueur du tremplin organisé par le festival à la fin de l’année 2019 qui va officiellement ouvrir l’événement. En l’occurrence, ce sont les jeunes montpelliérains de Persian Rugs qui vont avoir la dure tâche d’ameuter la foule en tout début de soirée à coups de douceur et de légèreté, avec une sauce jazzy et soul. Cette première invitation devrait être une parfaite introduction pour s’envoler vers des terres plus lointaines, celles explorées depuis quelques temps déjà par Marcus Gad. Accompagné ce soir-là de ses musiciens Tribe, Marcus Gad va imprégner les compos de Nouvelle Calédonie avec un reggae métissé à souhait. Avec un nouvel album prévu pour le 13 mars prochain, Marcus Gad va ainsi revenir avec des nouveaux morceaux sous les bras.
Souhaitant monter tout doucement en intensité, le troisième groupe de cette soirée est sans contestation la tête d’affiche du vendredi soir (pour ne pas dire celle du festival cette année) : Protoje & The Indiggnation promet un aller simple en Jamaïque sans même forcer. Son dernier album, « A matter of time » (2018) est une véritable bombe et il avait su, à l’époque, se mettre au niveau de son album phare, « Ancient future » (2015). En quelques années, Protoje a su mettre tous les aficionados de reggae dans sa poche, n’hésitant pas à tendre vers le hip hop quand il faut, pour prôner aux côtés de Chronixx leur vision du reggae façon 2.0. Ça promet !
Ensuite, ce vendredi soir basculera en mode nuit avec l’avant dernier concert de cette soirée : histoire d’accentuer ce changement de ton, c’est un vent dub qui va souffler dans le parc des expositions avec Tetra Hydro K qui vient avec Brainless Sound System dans ses valises. Si on peut être un peu frustré de voir qu’il n’y aura qu’un seul concert de dub cette année, ce sont deux groupes habitués à user les sound system qui vont toutefois faire chauffer le son durant près d’une heure. Amateurs des soirées free-party, nul doute que ces deux-là ne vont pas hésiter à virer de bord au cours de leur live… On vous aura prévenu ! Enfin, en clôture de ce vendredi soir, la température devrait tutoyer les sommets avec les nouveaux chouchous de la scène trance hexagonale, La P’tite Fumée. Formée dans le sillage des inconditionnels Hilight Tribe, La P’tite Fumée a su tirer son épingle du jeu en injectant des instruments à cordes tels que la guitare pour l’associer au côté tribal du groupe. Un beau oai sur scène est annoncé. Chaud !
Pour le samedi, on prend les mêmes…
A propos du samedi soir, la Meuh Folle a choisi cette année de répéter sa nouvelle formule privilégiée à cinq groupes. Une première pour le festival qui voit donc le nombre de concerts payants passer désormais à dix sur l’ensemble des deux soirs. En tous cas, il va falloir arriver tôt pour ne pas rater un des premiers gros groupes de cette soirée avec Broussaï. Si le festival bat le triste record de l’édition où les compos chantées en français sont le moins représentées, il ne faudra pas arriver en retard pour en profiter car ce sera Broussaï qui s’en portera garant. Déjà venu sur le plancher des vaches alésiennes en 2012, de l’eau a coulé sous les ponts depuis où deux albums studio sont sortis, dont le dernier en date est « Une seule adresse » (2019).
Le relais sera ensuite transmis au survivant « rap » de l’édition cette année après les venues de Demi Portion et Hippocampe Fou l’an passé : c’est donc Kikesa qui endosse le costume de la séquence découverte au milieu de cette programmation très « reggae ». Le nancéen a sorti en 2019 son tout premier album, « Puzzle », et il faut dire que plusieurs surprises s’y cachent. Si l’histoire a d’abord commencé sur YouTube avec les DDH (Dimanches De Hippies), Kikesa n’a pas hésité à faire le grand saut avec son premier disque. Il y a bien sûr ce fil rouge rap, mais on sent bien que le bonhomme aime jouer des styles… Reste à voir maintenant ce qu’il a dans le ventre en live !
Après cet aparté plus urbain, c’est un autre artiste déjà venu dans les Cévennes qui vient reprendre le micro : en début de carrière en 2013, Biga*Ranx n’avait pas eu à rougir de sa prestation… c’est plutôt les festivaliers qui avaient manqué ce soir-là et la Meuh Folle fut à deux doigts de ne pas s’en remettre. Sept ans plus tard, le blanc bec revient à Alès après avoir mis ses pieds dans tous les plus grands événements reggae nationaux.
Pour conclure ce samedi soir, deux lives vont ensuite se succéder avec un objectif partagé : mettre KO quiconque se mettra en travers du chemin de Droplex et d’Undercover. Après les expérimentations menées avec Vandal et consorts précédemment, les organisateurs ont donc choisi d’enfoncer le clou avec deux poids lourds de minimal et de psytrance. Deux finish qui annoncent du brutal, un final tout aussi brûlant qu’aliénant, âmes sensibles s’abstenir. Le hongrois Droplex ne va pas faire la route pour rien, les deux agités d’Undercover non plus.
Et autour de tout ça ?
Le programme ne s’arrête pas qu’aux soirées en nocturne. La Meuh Folle, c’est aussi un samedi après-midi dédié à la musique et, depuis 2014, aux sound system. En bon « GO », c’est le collectif du Bhale Bacce Crew qui revient cette année encore poser son sound system à l’ancienne pour ambiancer le camping et les festivaliers. Au-delà du traditionnel village associatif présent tous les ans, un invité surprise s’est aussi glissé dans les présents de cette nouvelle édition avec la venue d’Anem Electro : ce collectif d’artistes sera présent sur le site avant l’ouverture des portes le vendredi et le samedi. Il propose des activités assez surprenantes avec les festivaliers avec un espace spécifiquement dédié. L’expérience, franchement inédite, vaut le coup d’être essayée… On ne vous en dit pas plus pour ne pas lever le voile sur cette mystérieuse expérience.
Retrouvez sur Le Musicodrome nos reportages réalisés sur l’édition 2019 :
- Infodrome « live report » par Machy et Aïollywood : ici
- Review photos « Jour 1 & 2 » par Photolive30 : ici
- Review photos « Les festivaliers » par Photolive30 : ici
17 et 18 avril 2020, au Parc des Expositions d’Alès (30). Pass 1 jour : 23.80€ (prév.) et 25€ (sur place), Pass 2 jours : 36€ (prév.) et 39€ (sur place). Plus d’informations sur la Page Facebook du festival ici et sur le site officiel ici.