Dans le cadre du Festival des Voix à Moissac, le Musicodrome avait été invité au concert de Grand Corps Malade. Nous avons donc assisté à cette soirée, heureusement ensoleillée, dans le cloître à ciel ouvert de l’abbaye de Moissac. Bien évidemment, comme cloître rime avec respect du patrimoine, il n’était pas autorisé de prendre des photos avec flash. Aussi, vu la distance et l’éclairage, les photos que nous vous proposons pour agrémenter cet article sont…. Originales !
La première partie de cette soirée a été assurée par Berezko, un duo polyphonique aux inspirations italiennes. Élégamment vêtus de noir et de blanc, ces deux voix d’une complémentarité harmonieuse ont su nous amener sur différentes ambiances. De la campagne et son rossignol poétique à du beatbox beaucoup plus rythmé, tantôt l’un accompagnant l’autre, tantôt l’autre accompagnant l’un, Berezko nous a fait voyager. Les voix nues dans un premier temps ont ensuite été légèrement accompagnées par des bruits de plage (à la manière d’un Nicolas Jaar), venant ajouter une corde au voyage. Une mélodie aux airs de chants traditionnels corses, une autre similaire à un Papageno opéresque, une dernière aux saveurs de berceuses russes, et le tour était joué : le public se tenait prêt à accueillir Grand Corps Malade.
Puis est entrée en scène cette voix. Celle qui a apaisé nos soirées, stimulé nos matins. Celle qui calme et qui résonne jusqu’au fond de nos rêves. Celle de Grand Corps Malade. La voix s’il en est une, en rythme et sans bavure, se baladant dans ce festival comme un poisson dans l’eau. Grand Corps Malade, accompagné de Mehdi au piano, d’Olivier aux guitares et de Feedback aux percussions, était là pour nous présenter son nouvel album, Plan B. C’est d’ailleurs cette chanson éponyme qui a ouvert le bal, avant de nous montrer un visage plus chantant, plus ouvert, toujours aussi empreint d’humour sincère. Étonnamment, Grand Corps Malade a la même voix pendant les interludes. On en vient à se demander si cette voix ne serait pas tout simplement la sienne…L’enquête est en cours.
Y’a pleins de vies qui sont tombées quand j’ai secoué ma mémoire
D’histoires de vie en histoires de cœur, nous parlant de ses deux fils, de sa voiture et de Deezer, Grand Corps Malade a les mots pour tenir son public en haleine. De Pocahontas à Roméo Kiffe Juliette, ses inspirations sont diverses et sur son public, son inspiration se déverse. La complicité s’est sentie sur scène, que ce soit sa partie de Poker avec Ehla (si on l’épèle É-l’H-L-A c’est marrant. Enfin, un peu. Ceux qui n’auront pas compris cette blague, là au-dessus de la falaise de votre humour, et lâchez là) à qui il a laissé la place qu’elle méritait, ou Mehdi et Feedback s’éclatant sur un Ma tête Mon Cœur et Mes Couilles à l’accent oriental.
On s’en fout papa qu’elle soit juive, regarde comme elle est belle !
Plus proche de lui, ce nouvel album sonne presque autobiographique. Que ce soit l’éloge de sa femme, Dimanche Soir, ou celle à ses fils, Définitivement et Tu Peux Déjà, les titres qui parlent de lui sont de plus en plus nombreux, rendant le concert plus intime, plus authentique. Ses regrets exposés sur Acouphènes, ses choix expliqués sur La Syllabe Au Rebond, Grand Corps Malade se livre à nous sans filtre. Chef d’orchestre charismatique menant la musique au Touchpad et le public à la baguette, Grand Corps Malade sortira de scène sur une, ou même deux, standing ovations. Un public de Moissac comblé, qui venait de faire le plein de poésie et de soleil, repartira en dansant sur les dernières notes remplies d’espoir de Ensemble.