Näo, apprentis sorciers du mariage des machines et des guitares

7 min de lecture
Näo "Näo" (2012) Jarring Effects

Dans les tiroirs d’albums du Musicodrome, il y a des tas de cds sortis courant 2012 que nous avions envie, à l’époque, de vous faire découvrir et qui, pourtant, sont passés aux oubliettes. Aujourd’hui, petite séance de rattrapage avec un album à classer dans le dossier très vaste des musiques électroniques : Näo. Effet loupe et séquence découverte au programme, c’est aussi l’occasion de rappeler que Näo vient de sortir le 27 mai 2013 ce fameux dernier album en vinyle. L’actu n’est jamais bien loin !  

En toute franchise, lorsque nous sommes tombés sur Näo pour la première fois nous étions partis pour écouter un autre groupe du label lyonnais Jarring Effects, Aucan. Ayant reçu beaucoup d’éloges de la part des critiques pour leur dernier album « Black Rainbow » plutôt fusion rock/electro, Aucan avait réveillé notre curiosité mais la magie n’a pas opéré. Manque de spontanéité, manque d’originalité, album finalement assez linéaire au fil des morceaux, Aucan n’aura pas retenu notre attention. Un clic maladroit finit par nous faire tomber sur un groupe aussi atypique que son nom : Näo.

Näo, ces apprentis sorciers signés Jarring Effects

A contrario, Näo a complètement changé la donne : leur premier album, éponyme, sorti courant 2012 sur le label Jarring Effects se révèle être une petite merveille ! Si vous aimez le rock bien pesé à coups de guitares bien suintantes et la douce alchimie qu’elle génère au milieu du fracas des machines, alors arrêtez de lire ces lignes et écoutez de ce pas les premiers extraits proposés. Cette pâte signée Jarring Effects, on la reconnaît à nouveau. Ô que ce label jouit d’une original touch en matière de musiques électroniques (acoustique, dub, expérimental, hip hop…) qu’il faut à tout prix préserver.

Glad by N\u00e4o on Grooveshark‘,’hspace’:null,’vspace’:null,’align’:null,’bgcolor’:null} » alt= » » />

Revenons à l’univers de Näo. Car ce dernier vous happe sans ménagement, sans se faire une place par la force. C’est une invasion lente et brutale. Autant le premier album, « Picture This If You Will… » sorti en 2009, laissait deviner les traits de ce projet avec poigne et légèreté, autant ce second opus affiche une marge de progression imposante. Plus nerveux, plus affirmé que le premier, ici, chaque track nous fait basculer de l’autre côté du miroir.

Pour les amateurs de riffs rugissants, Uusi est le reflet d’une fougue contenue brutalement projetée en première ligne. D’une instru rock timide au soubresaut de la batterie, les machines explosent de mille feux à l’unisson avec les guitares. Plus loin, Mechanical endosse un costume plus sombre, plus lourd, à la frontière du métal, là où même les sorciers électroniques n’osent point aller. Cette effusion de sueur, jamais en reste, est succinctement happée par Somme, dont l’évolution fait progressivement basculer l’auditeur du côté obscur… Et ce ne sont pas les longues envolées lyriques au piano de Trent qui berneront cette écoute tortueuse. Comme un leurre, un fracas métallique teinté de rock finit par rompre ses chaînes…

Imago by N\u00e4o on Grooveshark‘,’hspace’:null,’vspace’:null,’align’:null,’bgcolor’:null} » alt= » » />

De cette violence maîtrisée né l’espoir. Comme une douce mélodie, Naö arrive pourtant à vous emmener au-delà des frontières : Glad, par son intro au carillon endosse, deux facettes. La première, planante, qui se voit subitement doubler par les claviers qui donnent tempo. Subitement, les guitares prennent les devants, fragments d’étoiles, l’univers s’effondre sur lui-même. Aucun répit, Ilogic ne laisse pas en reste, le rock dans toute sa splendeur rappelle aussi que Naö garde une identité rock qui fracasse. Avec un soupçon électronique, Naö s’offre par dessus ça un panel de ballades dans des contrées lointaines : envoûtant à souhait, jamais surdosé, Imago est une véritable pépite : comme une fureur murée au silence, les débuts presque trip hop envoûtant cette armée de l’ombre. Pourtant, tout est maîtrisé. Des ondes digitales au chaos, il n’y a qu’un pas mortellement affirmé. Montant progressivement en intensité, le track perd subitement pied : les guitares jaillissent, les machines prennent le pouvoir sur une alchimie parfaite ! 

Trent by N\u00e4o on Grooveshark‘,’hspace’:null,’vspace’:null,’align’:null,’bgcolor’:null} »>

A côté de cette débauche sonore, Naö réussit ainsi à bousculer les sens : d’un lyrisme déroutant et d’une acoustique irréprochable, Killing Time ou encore Nope sombre dans une douceur insoupçonnée.

Nombreux sont ceux à affirmer que le genre rock/electro est devenu usé, sans saveur. Pourtant Näo arrive à nous faire redécouvrir cet univers sans la moindre bavure. D’une richesse incontestée à une maîtrise d’une finesse justesse, Naö réalise, pour son second essai, un coup de maître.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Glad
2. Ilogic
3. Uusi (V3.0)
4. Calibrate
5. Nope
6. Imago
7. Mechanical
8. Somme (V2.0)
9. Trent
10. Killing time

Sortie : Octobre 2011 sur le label Ant-Zen / Juin 2012 sur Jarring Effects
Durée : 46 minutes
Genres : Rock / Electro
Discographie : 2e

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Festival les Rocktambules, Jour 2 : un sacré cimetière d’éléphants à Rousson (30) 01.06

Article suivant

Gari Grèu « Camarade lézard » (2012)

Dernières publications