Bagnols Reggae Festival is the most High (Bagnols-sur-Cèze, 30) 27.07

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Ecoute conseillée : Eek A Mouse – Rude Boy Jamaican

Le Musicodrome était pour la première fois au Bagnols Reggae Festival ce samedi, pour une magnifique nuit reggae-dub. RIDDIM !

En arrivant en ce début de soirée à Bagnols-sur-Cèze (30), on entend au loin le reggae-ska des Skatalites bercer de cuivres le parc Arthur Rimbaud, comme si nos vieux amis jamaïcains tentaient d’amadouer les sourcils froncés du ciel gardois.

Mais c’est d’abord sous les peupliers du Dub Club que nous échauffons les cannes. Devant les trois stacks de la sono de Blackboard Jungle, la foule danse sur le dub très roots d’Amoul Bayi Records. Une belle découverte d’un dub authentique et joyeux, joué par trois copains pour tout un public de copains (et en chemin, ils retrouvèrent d’autres copains). Alors que Dawa Hi-Fi commence à sortir les cotons-tiges, on file découvrir la grande scène. Avec sa belle voûte, et les arbres du parc qui l’embrassent, elle s’intègre parfaitement dans le cadre verdoyant du festival. Comme côté dub, la qualité du son est excellente. Alors qu’Horace Andy est tout juste en train de finir de chalouper, il ne nous reste qu’à recharger en jetons pour basculer une bonne mousse devant Eek-a-Mouse.

Le show Eek-A-Mouse

Bon, le bât blesse sérieusement côté binouze : c’est Heineken ou Desperados au menu (avec le demi à 3 et 4 balles). Quand on sait que se traîne une bonne brasserie artisanale (La Gervoise ou la Grihète) à quelques kilomètres de là, ça fait râler. On espère que Bagnols saura se mettre au niveau du No Logo et autres qui servent des bières du coin à un prix raisonnable. Bon, on est seulement à la deuxième édition du Bagnols : tout est pardonné !

Boum, il est 21h et c’est le moment du premier gros coup de cœur de la soirée : Eek-a-Mouse, sa cape noire et son chapeau. A mi-chemin entre Buffalo Bill et Heilé Selassié, le sulfureux jamaïcain use de sa voix pour conquérir le public, caché derrière sa tenue de bandit. Avec son timbre exceptionnel, la souris joue de toute sa gamme vocale pour nous enivrer dans un concert aussi original que puissant. En fermant les yeux, on imagine passer sur scène Nina Simone, Cedric Myton ou LKJ. De l’aigu au grave, Eek-a-Mouse déroule ses classiques Wa-Do-Dem, Ganja Smuggling ou Police in Helicopter. Une grande performance pour un artiste surdoué, qui a fait vibrer Bagnols avant l’orage.

Pluie diluvienne : une bâche à l’ancienne !

Car arrive alors l’autre grand moment de la soirée. Une forte averse s’abat sur le parc Arthur Rimbaud et on commence à se dire que l’on rentre doucement dans le Warrior Style : danser à l’énergie sous la pluie, dans la boue et tout faire pour l’aimer, pour l’apprivoiser, cette pluie. Et d’ailleurs, pourquoi, avec ses 300 000 ans d’existence, l’humain ne s’y est toujours pas habitué à la pluie ? Blackboard Jungle n’a pas forcément la réponse à la question, mais Blackboard Jungle a la réponse à la situation. Trois énormes bâches sur les stacks, puis trois énormes bâches pour le public qui danse sous la flotte. S’en suit donc ce moment magique : les immenses bâches portées ensemble comme un parapluie par une foule grandissante, alors qu’Iration Steppas s’attèle à faire sauter tout le monde. On se sent d’un coup comme dans un cocon, protégé par la chaleur humaine, par cette force collective les bras levés, par cette ambiance bon enfant sur le dub tonitruant d’Iration. Big up BlackBoard Jungle qui a fait une fois de plus honneur à la culture sound-system, à l’ancienne. Danser, être libre de danser. Partout, toujours !

La pluie cesse, et l’on part s’enjouer sur les classiques enchantés de Third World : Ninety Six Degreeees in the Shaaaaaade ou Now that we’ve Found Love. Third World joue son reggae très travaillé, très composé en laissant une belle place aux solos, avec notamment un sublime Redemption Song au violon.

Une petite Heineken saveur eau, une fin de set d’Iration Steppas survolté, et puis un retour à l’adolescence avec Tiken Jah Fakoly. Pour tous les anciens présents sur le festival, ce sont Third World ou Skatalites qui marquent ce retour à l’enfance. Pour tous les plus jeunes, c’est Tiken Jah. Seul artiste francophone sur la scène reggae de la soirée, l’ivoirien parcourt son large repértoire pour nous emmener chanter sur ses mythiques Plus rien ne m’étonne, ça va faire mal, le Balayeur balayé ou Françafrique ! Le public donne de sa voix pour accompagner le rebelle panafricain dans ses mantras de lutte politique. En concluant son set sur Le Monde est chaud, Tiken montre là toute l’étendue de son combat. Un combat écologique sur lequel le festival peut encore largement progresser à l’avenir (avec par exemple des poubelles de tri à l’entrée du festival et du camping… ou de la bière du coin bordel ! 😋).

Fin de soirée, nous avons le choix entre les elders de Rockers Jamaica et Blackboard Jungle sur sa sono… On commence avec les anciens mais pour une fin de soirée, le rythme est quand même un poil lent. On file sur la scène dub, où Blackboard Jungle joue des dubplates mélodiques dans un magnifique rebond collectif. Les notes s’envolent, la basse donne le tempo. Ça gratte les oreilles, ça décante, ça décape, c’est parfait pour conclure. Dans cette belle ivresse collective, Blackboard fait tirer les last tunes pour notre plus grand plaisir.

Une programmation incroyable, un site magnifique et un esprit familial pour un festival à la taille parfaite. Bravo et à l’année prochaine Bagnols !

Crédits photos: Patrick Frilet

Clem

Se réveiller tranquillement dans cette Concrete Jungle. Rouler à vélo en se disant que Demain c'est Loin. Prendre l'apéro à Chambacu et entendre gratter un peu de Guitare sud-américaine. Taper du pied sur Caldera. S'endormir à la belle étoile, laissant résonner le Groundation Chant. [Bob Marley | IAM | Aurita Castillo | La Rue Ketanou | Recondite | Groundation]

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