Chanteur et Guitariste du Groupe Scarecrow (voir par ailleurs) Slim Paul sort aujourd’hui un album solo, aux accents logiquement plus blues que hip hop. Entre calme et tempête, « Dead Already » est un cri à la vie, un murmure à l’avenir.
Slim Paul, emprunt d’influences multiples, a été membre du groupe Scarecrow aux côtés notamment de Jamo et Antibiotik, catégorisé blues/hip hop. Nous avions réalisé leur interview et la couverture d’un de leur concerts, apprenant à les connaître et vous les faisant découvrir avec joie. Aujourd’hui, Slim Paul revient seul, pour un album aux saveurs plus minimalistes, comme il l’avait déjà proposé avec Scarecrow dans Ain’t got no choice.
Nouvel univers, nouvelle découverte. Viens, suis nous, suis le, écoute.
Avec One of these days, Slim Paul met l’accent sur l’intensité montante du morceau. D’abord calme, il frémit avant de bouillonner comme une casserole d’eau sur une plaque brûlante. Et sa plaque brûlante à lui, c’est le monde dans lequel il vit, duquel il essayera de s’échapper. Stuck in my own City en est la preuve, on y sent un désir d’évasion, un désir d’accomplissement, de réalisation, d’une passion naissante, existante. Le rythme est volontairement lent, en total contraste avec la voix, cette voix si caractéristique, si rauque et si belle, d’un Slim Paul enragé, qui souhaite crier son emprisonnement. Un pointe de mélancolie, bienvenue chez lui.
Ça y est, nous avons passé sa porte, nous sommes à l’intérieur. Et il y fait chaud, il y fait soleil, il y fait groove. Avec Lady Sorrow, le style proposé est différent mais complémentaire. Un rocking chair, une pipe en bois, de la fumée dans la pièce, on se voit dans Hateful Eight. Un morceau lent et mesuré, une guitare électrique qui ne demande qu’à hurler, un beat simple, qui vient la calmer. Et puis c’est la bonne humeur qui l’emporte, lorsque Let Me In résonne. Les épaules roulent doucement, le son rentre doucement dans nos oreilles, les imprègnent.
« I Think I’m gonna walk Alone, but not Too Fast »
Puis c’est une plume de douceur qui nous tombe sur l’esprit, un matin calme, un tendre réveil, avec Nola song et Same morning. Toutefois, si le premier semble léger et joyeux, le second est plus brumeux, plus rocailleux, plus douloureux. Mais rien de mieux pour se dégourdir les jambes qu’un Beauty and the beat, dont le swing s’accorde parfaitement à la voix de Slim Paul, pour désembuer l’esprit, pour éclaircir les idées. « Going back to Mississipi », en courant, en volant, sans s’arrêter, just for « surviving ».
Come and play est un morceau où l’idée de mouvement s’arrête, où le mouvement stoppe. Ici, Slim Paul joue à j’y suis j’y reste (« Should I stay ? »), ne veut que passer du bon temps, profiter du beau temps. Mais est-ce si simple ? C’est Buried land qui donnera la réponse à cette question, au travers de ses saveurs nostalgiques, tristes, et cette musique minimaliste comme Slim Paul sait si bien faire, donnant plus d’emphase à sa voix, nous permettant de nous concentrer, en rythme, sur le message qu’il transmet.
Long gone, quant à lui, ressemble à Nola song sur un registre plus sombre, plus lourd, teint de responsabilités. Les contraintes sociales pèsent, et Slim Paul cherche à temporiser, à prendre le temps de considérer chaque chose individuellement, et dans leur ensemble. Le message que veut faire passer Slim Paul, il le fait passer en hurlant lorsque les émotions le submergent, ou calmement, lorsque la raison reprend le dessus, que le pragmatisme s’installe. Dans Free talk, il nous parle à cœur ouvert, toute raison gardée. Encore une fois, le morceau monte en intensité, essaye d’exploser en vain, laisse finalement sa place à Dead already. La chanson éponyme de l’album viendra ici poser un point d’orgue, de part sa durée comme sa diversité intérieure. Encore une fois, le morceau prend son temps, nous enlace, nous envahit progressivement. Les paroles sont parcimonieuses, ce qui les rend plus impactantes. Des cris sont murmurés, des plaintes sont hurlées, Slim Paul est bien vivant.
« One of These Dayes you gonna Shake for Me »