De jeunes stéphanois dont nous avons récemment parlé sur le Musicodrome sont en train de tracer leur route dans le paysage changeur de la chanson française, route qui les verra nous présenter bientôt leur deuxième album, le très attendu « Kordobella ». Les Barrio Populo, qui jouaient à Salon de Provence samedi dernier, ont-ils toujours la même folie sur scène et dans leurs textes ?
Drôle de soirée que celle qui nous attend ce samedi 8 février à Salon de Provence, soirée qui va se décomposer en quatre actes. Le premier se déroulant dans une petite librairie de la ville : la portée des mots. C’est en effet dans ce lieu insolite que nous retrouverons une première fois les Barrio Populo pour un show acoustique qui s’inscrit dans leur philosophie de travailler hors des grandes avenues empruntées par les musiques commerciales. Nous arrivons bien entendu en retard à la librairie, juste lorsque les 8 musiciens saluent les quelques badauds venus applaudir les saltimbanques d’un autre temps, tout juste de retour d’une tournée en Angleterre et en Irlande. Fort heureusement, voyant nos mines déçues et apeurées à l’idée d’avoir raté ce spectacle, les compères ne vont pas hésiter longtemps avant de nous jouer On continuera.
Le second acte sera détaillé d’ici quelques semaines, sous la forme d’une belle interview avec Victor, le chanteur du groupe.
Puis arrive le troisième. Une fois familiarisés avec le Portail Coucou, nous sommes prêts à offrir une oreille attentive au groupe montpelliérain Une touche d’Optimisme, qui s’est déplacé jusque dans le département voisin pour faire découvrir ses textes, souvent tout en simplicité, mais qui nous touchent par leur sincérité. Après une ou deux chansons, on parvient à déceler les multiples influences de ce groupe, qui tire vers Debout Sur Le Zinc lorsqu’ils ne reprennent pas la Rue Ketanou, ou qu’ils ne font pas de magnifiques références à Renaud, dans la très juste et prenante chanson Sur les marches.
Ils nous ont joué les chansons de leur dernier album, certaines en hommage à leurs parents, d’autre prônant leur musique comme un Joyeux bordel ! La clarinette qui se faisait si discrète sur les premières chansons semble alors se réveiller, donnant le ton aux instruments des gros bras. Malgré la relative faible affluence du Portail Coucou, la foule est assez réceptive aux 6 artistes présents sur scène. Une Touche d’Optimisme finit son heure de set par une chanson nostalgique avant de reprendre J’veux du soleil, pour réchauffer une salle encore timide dans l’attente des Barrio Populo.
Il est près de 23 heures lorsque le quatrième acte de notre folle soirée va s’amorcer. Et ce quatrième acte commence tout en folie et en bonne humeur. Victor, le chanteur, est toujours accompagné de toute sa trompe : un guitariste, un batteur, un bassiste, un percussionniste déchaîné, deux trompettistes et un tromboniste jouant de la scène comme d’un ballon, avec aussi un compère au clavier qui arrive sur scène en haranguant la foule et en sautant pieds nus sur les planches.
D’emblée, nos oreilles se dressent à l’orée d’une première surprise, la chanson Soleil Noir, que le groupe nous chante pour une des premières fois, et qu’il faudra attendre plusieurs mois avant de pouvoir réentendre sur leur cd. Une première chanson qui ne manque pas d’énergie et qui place directement ce concert sous le signe du rock et de la poésie.
L’envie des artistes de réchauffer la salle se traduit par une énergie débordante, notamment lorsqu’ils se mettent à reprendre les chansons de leur premier opus « Désordre », qu’ils maîtrisent on ne peut mieux, mais qui sont toujours interprétées avec un brin de nouveauté. En vrac, nous pourrons entendre les très belles chansons d’amour Thèmes Piétinés et Nos deux noms sur l’arbre, mais aussi les chansons à travers lesquelles le groupe prône depuis toujours la révolte, à savoir Cassons, l’attente ou encore La servitude !!
Nous nous demanderons ensuite Why, au travers d’une chanson très rock !
S’il est un groupe aujourd’hui qui tente de faire vivre la poésie sous toute ses formes c’est bien celui que composent ces 8 musiciens de la région stéphanoise. Ils vont le prouver en nous chantant leur version musicale du poème de Jacques Prévert : Paysage changeur, mais également en reprenant la chanson de l’immense Georges Moustaki Ma liberté, précédée d’un petit texte sur cette chimère, touchant et sincère, « nous sommes des loups sauvages ! ». Pour ne pas nous laisser sur la faim suscitée par l’annonce de la sortie le 12 mai de « Kordobella », Barrio Populo nous fera l’immense joie de nous jouer les titres Street Music et Pas peur, qui réveillent en nous des airs de Léo Ferré, des envies de poésie, de liberté et de révoltes, sublimées par une musique comme toujours très inspirée. Comment ne pas déborder d’impatience d’entendre l’album complet lorsqu’une telle présentation nous en est faite ?
Afin de ponctuer une magnifique soirée, les rockers vont nous interpréter La mort, en deux temps, le premier musicalement proche de la perfection, le deuxième a capela, avec tout le groupe sur scène (à savoir la présence pour cette chanson des ingénieurs son et lumière et de Lucas, l’homme à tout faire communiquant du groupe). On est sorti des étoiles plein les yeux du Portail Coucou, avec des rêves de rue, de révolte et de barricade plein la tronche.
Aller voir ce groupe est un beau cadeau, ça tombe bien ils partent en tournée.
A très bientôt alors les gangsters !