Soixante ans, une tribu, et beaucoup de coeur pour Pierre Perret !

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Voilà soixante ans que Pierre Perret accompagne des générations à travers ses chansons, ses coups de gueules, ses élans mélancoliques, sa saine colère et sa poésie travaillée et accrocheuse. Des premières chansons écoutées avec la timidité de nos pudeurs d’enfants, aux écoutes adultes, sensibles et douces, qui restent et perdurent, chacun garde des paroles et des mélodies de Pierre Perret en tête. Depuis soixante ans, il y a de quoi se souvenir et se remémorer. C’est autour de tout cela que s’est réuni une belle tribu, la tribu de Pierre Perret, pour un hommage émouvant et savoureux.

Soixante ans c’est onze lettres et un espace, surtout soixante ans c’est une vie, une vie entière, et ça valait bien un hommage, un vrai, un beau, un sincère. Alors quand on parle de vrai, de beau et de sincère, les Ogres de Barback ne sont jamais bien loin. Ils ont naturellement offert ce beau cadeau à Pierre Perret, qu’ils chantent et côtoient depuis déjà des années : soixante années de route regroupées dans une carte postale sonore de 15 titres, avec des artistes divers et variés. Des artistes beaux et originaux, pas ceux que l’on voit passer chez Drucker, pas ceux qui lorgnent les plateaux télés et les radios commerciales et qui se sont fait un malin plaisir à assassiner Renaud, à bafouer Jean Ferrat

Non, ici ce sont des artistes que l’on n’attendait pas vraiment (pas tous) aux côtés des Ogres de Barback, et c’est un choix revendiqué (voir interview d’Alice ICI), que d’ouvrir un horizon, un répertoire, en sortant des sentiers battus, ce qu’ont toujours fait Pierre Perret et ses petits Ogres, ses enfants de cœur. Les quatre frères et sœurs ont fait les mélodies, qui reflètent à merveille l’étendue de leurs talents, capables de passer du reggae pour Mon P’tit Loup, sur une délicieuse version de Flavia Coelho que l’on n’attendait pas ici, à un rock énervé et distordu pour accompagner le Zizi, chanté par François Morel et un Didier Wampas fidèle à lui-même !

Les hommages sont sincères et revisités là où l’on ne s’y attendait pas, l’objet est beau, le cadeau encore plus. Car si le grand public et les médias ont résumé l’ami Pierrot à deux ou trois chansons, c’est l’occasion d’en redécouvrir d’autres, des grandes et des petites, des grandioses et des sans prétentions, des vieilles et des récentes, des drôles et des sérieuses, des chansons et des chansons.

Alors on retrouve certains vieux compagnons de la route des vieux combats, qui remettent au gout du jour des chansons qui n’ont jamais perdu de leur intensité et de leur tendresse : Loic Lantoine désormais toujours entouré de son Very Big Experimental Toubifri Orchestra , les voix toujours prenantes de Christian Olivier et Benoit Morel (qui offrent ici une version à chialer de La Vivouza), la folie de Tryo

Les marseillais du Massilia Sound System se font même un malin plaisir de reprendre le fameux Tonton Cristobal, pour une version « marseillaise » et détonante.

Impossible de citer tous les noms qui ornent chacune des chansons de cet album, mais comment ne pas souligner la sublime version de Mimi la Douce de Magyd Cherfi, et l’émouvante interprétation de Lily par Féfé, Lionel Suarez et la bande Eyo’nlé, qui a déjà accompagné Les Ogres de Barback sur scène et sur disque.
On vous citerait toutes les chansons volontiers, elles ont toutes cette ivresse de l’inattendu, cette folie douce et harmonieuse qui accompagne l’idée que l’on peut se faire d’un hommage. A travers cette heure de chanson, Pierre Perret peut être fier d’avoir donné naissance à tant de chansons qui ont accompagné tant de routes, qui ont bercé tant d’enfants qui n’ont aujourd’hui plus peur de passer par les chemins de traverses, du moment que ces chemins mènent à la beauté, à la bonté et à l’amitié.

Les Ogres de Barback ont concocté ce sacré cadeau, en réunissant cette ribambelle d’humains, et ne chantent « que » sur une chanson, avec le principal intéressé. Fillette, le bonheur c’est toujours pour demain. Qu’on découvre ou qu’on redécouvre cette chanson, comment ne pas être touché par la sensibilité de la voix légèrement fatiguée de Pierre Perret, comment ne pas succomber au charme de cette relève qui tient haut la barre de la chanson qui pense et qui rêve, comment ne pas s’écouter ces vers d’une haute volée en boucle, en essayant à chaque passage de ne pas gonfler des yeux ?

Ce disque montre bien que la vie de Pierre Perret n’a rien d’originale, elle est comme la vôtre, comme la leur, comme la nôtre, elle est humaine et sincère, avec des amours et des amitiés, des tristesses et des joies. La seule différence est que ces petits riens qui font des vie, Pierrot en a fait des chansons, pour lui, pour nous surtout. Aujourd’hui elles le sont encore plus, avec cette idée de partage gravé quelque part derrière la caboche, entre la Terre et la Lune, gravé pour longtemps sur ce disque magnifique qui n’aura bien entendu pas l’aura qu’il mériterait. Dans le fond ce n’est pas plus mal. Qui trop embrasse mal étreint, et dans ce disque nous sommes entre de beaux bras, blottis et nichés dans le chant et la musique, la verve et la poésie, avec des copains, des anciens et des nouveaux, mais surtout avec de beaux artistes. Pour ça, merci aux Ogres de Barback, merci à Pierre Perret, merci tout simplement.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Ma P’tite Julia (Pierre Perret, François Morel, Lionel Suarez)
2. Mimi La Douce (Magyd Cherfi)
3. Estelle (Tryo)
4. Je suis de Castelsarassin (Olivia Ruiz, Mouss & Hakim, Lo Barrut)
5. Lily (Féfé, Eyo’nlé brass band, Lionel Suarez)
6. Ma nouvelle adresse (Loic Lantoine et the Very Big Experiental Toubifri Orchestra)
7. L’oiseau dans l’allée (Danyèl Waro, Rosemary Standley, Jidé Hoareau, René Lacaille)
8. La vivouza (Christian Olivier, Benoit Morel)
9. La petite Kurde (Idir)
10. Mon P’tit Loup (Flavia Coelho)
11. Celui d’Alice (Alexis HK)
12. Tonton Cristobal (Massilia Sound System)
13. Le Zizi (Didier Wampas, François Morel)
14. Fillette, le bonheur c’est toujours pour demain (Les Ogres de Barback et Pierre Perret)
15. Le café du Canal (la tribu)

Durée : 60 min
Sortie : 24 octobre 2017
Label : Irfan Le Label
Genres : Chanson française

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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