Sec ne chante pas Léo Ferré – La Cave à Poésie (18/11)

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Dans le cadre de l’évènement célébrant le centenaire de Léo Ferré, « Yes! I am un immense provocateur! », qui se déroule à Toulouse, nous étions présent à l’une des 4 soirées du spectacle « Sec ne chante pas Léo Ferré ». Petit retour sur cette soirée détonante et étonnante ! Et par avance désolé pour le long format, un peu fouillis, on raconte ça comme on l’a vécu.

Une petite mise en contexte s’impose. Tout d’abord le lieu : La Cave à Poésie. Pour le 1ère fois le musicodrome s’y rendait, située au cœur de la rue pavée qui relie la basilique St-Sernin et la place du Capitole. La file d’attente est déjà bien pleine une bonne demi-heure avant le début des hostilités ! On arrive, on se présente, on s’engouffre dans la ruelle reliant l’axe principal et une cours intérieure, et puis entre ces deux éléments, une porte donnant dans une cave.

On rentre, attiré par la lumière, et puis le l’ambiance colorée et chaleureuse nous met une baffe. Des poutres de bois apparentes, une petite bibliothèque murale, un petit bar où vin rouge et bière artisanale se côtoient, un pan de mur bourré d’affiches et une petite scène pleine d’instruments. Les premier arrivés on même eu l’opportunité de s’assoir autour deux-trois tables sur un petit rehaussement boisé. (vous remarquerez la prépondérance de l’adjectif qualificatif petit(e)) La petite salle sera comble comme nous le dit la personne qui s’occupe des entrées, comme les deux soirées précédentes, et certainement celle qui suivra la notre.

Enfin bon, on prend une bière, et puis on on essaye de faire un peu de sociologie. On jette une oreille à droite à gauche, et puis on se rend compte que pour beaucoup on vient par curiosité, ou pour redécouvrir l’univers de Léo Ferré, ou pour se remémorer le bon vieux temps, ou bien encore des personnes venues voir Sec !

Sec, qui sont-ils ? C’est un duo formé d’un batteur et d’un bassiste. Extrait de leur auto-description : « SEC ne fait pas de JAZZ, sec ne fait pas de pop[…]sec ne joue pas des airs de guitare SYMPA, sec n’est pas artiste-auteur-compositeur-interprète,[…]sec ne touche pas de revenus PUBLICITAIRES, sec ne lit pas assez, sec a essayé le TRAVAIL et ça ne l’a pas rendu libre, sec ne met pas d’eau dans son vin,[…]sec ne joue presque pas dans les smac, sec n’achète pas de mp3, sec ne vend pas de mp3, sec n’est pas citoyen, sec n’aime toujours pas guillaume canet[…] ».

Pour ce spectacle ils se sont entourés de 6 compères, un orateur-chanteur, 3 cuivres, une autre basse, et un violon ! Nous de notre côté on ne connaissait pas trop Sec, mis à part que l’on nous ai souvent entendu parler de leur « Emeute Philarmonique de Sec » , qui regroupe plusieurs dizaines de personnes et qui est à priori quelque chose d’assez fou à vivre.

Bref en ayant un peu écouté et zieuté ce qu’ils proposaient, et sachant qu’on est pas forcément fin connaisseur de Léo Ferré, on savait pas trop à quoi s’attendre… Je vous donne déjà l’impression finale : on a prit une grosse claque. Bon aussi faut bien le dire nos oreilles ont bien ramassé. Petit récit de la soirée.

Environ 21h, les lumières perdent en intensité, la salle est pleine à craquer avec une bonne centaine de personne sur quatre dizaines de mètres carrés. Les artistes du soir sortent du public pour monter sur scène, et prendre place. Pas forcément de bonsoir, de grandes déclarations d’intentions, de discours ou autres mondanités. Et puis c’est parti. Alors on reconnaitra la Préface de « Il n’y a plus rien« , parfaite en introduction. Puis la « machine-humaine-sur-scène-à-sons » va dérouler. Si bien qu’on ne reconnaitra pas forcément tout les titres de Ferré revisités, mélangés les uns aux autres, se répondant entre eux. Mais on appréciera grandement l’énergie déployée, et l’intensité sinusoïdalement fabuleuse, qui se sont dégagées des 8 musiciens.

Un chanteur qui nous donnait l’impression d’être habité par les textes, une folie qui se dégage de ses poumons à chaque cris « NOUS SOMMES DES CHIENS », Le Chien. Un violoniste absolument fou, et génial, n’hésitant pas à faire du headband et à faire saigner son instrument (on se demande si il en a pas pété son archer à un moment). Des cuivres apportant beaucoup de justesse, dans les moments de frénésies musicales, mais aussi pour les moments plus calmes en posant une ambiance puissante et lancinante. Que dire des basses ? La touche rock, très rock, progressif, très prenant. Et puis un batteur, et une batterie, ultra tapageuse, rythmée et déstructurée à la fois. Tout ça de concert a donné au public un déroulé captivant.

Un déroulé captivant pleinement exprimé pendant Il n’y a plus rien, un digression musicale fantastique de plus de 15 minutes avec une expression viscérale, grave et sincère de ce texte incisif. Ou encore un moment fort, qui a pris aux tripes la salle, quand la scène a lâché ses instruments pour chanter en chorale L’âge d’or. Superbe. On remercie Sec, meilleurs que Wikipédia, qui nous aura apporté des anecdotes de vies de ce bon vieux Léo. Saviez vous qu’il avait fait Science Po avec Mitterrand ? Petit aperçu :

Bon tout ça c’est terminé sur une bande enregistrée d’un texte dont on a oublié l’auteur. Un joli texte qui parlait d’avoir la main sur le monde. Et de ne pas lever les mains. Puis les 8 de Sec sont descendus de scène, simplement, dans le public. 1h20 de concert quasiment en non stop, efficace, déluré, puissant, captivant. Ainsi ils auront fournit un hommage humble, sans en faire des tonnes. Certainement une volonté du groupe qui, à raison, ne veut pas en faire une idole car il était comme tout le monde. Un part de lumière géniale, et une face sombre comme en atteste ses avis misogynes. (Cf interview « L’intelligence des femmes c’est dans les ovaires. »).

Chapeau bas à la Cave à Poésie pour la soirée, et pour la totalité de l’événement, ainsi que pour le cadre qu’elle offre, chaleureux et convivial. On remercie grandement Aristide Saint-Jean pour les photos qu’il nous a gentillement autorisé à diffuser. Et puis félicitation à Sec pour la création musicale montée en si peu de temps.

Pour nous on se tournait déjà vers un autre concert « Ferréen » auquel on allait assister le dimanche, avec Imbert Imbert et Manu Galure au Chez ta Mère.

Jack'

Jardins partout, musique tout le temps.
"Une société normalisée est à la fois répressive et rationnelle, mais la rationalité la rend plus normalisée et plus répressive. Dans cette perspective, rationalité, répression, normalisation, seraient indissociable" J.Dreyfus.

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