10 ans après ses débuts, le Trottoir d’en Face sort son premier album « Nulle ombre » (2015)

7 min de lecture
Le trottoir d'en face Nulle ombre

Voilà un groupe qui rafraîchit, et qui fait du bien à écouter : Le trottoir d’en face, après dix ans à écumer les routes de France, a enfin pris le temps de se poser et de mettre sur CD 12 de leurs chansons, qui font résonner la joie et la colère, qui intriguent et enchantent. « Nulle Ombre » est leur première galette qui, colorée comme l’indique le titre, marquera à n’en pas douter un tournant dans la carrière des 8 musiciens !

Comme pour nous mettre directement dans leurs poches, les jeunes artistes (leurs 20 ans ne sont pas très loin) vont offrir Sur les sentiers du monde, qui a pour but d’ensorceler l’auditeur dans un univers de voyage et d’envie de vivre, loin de toute fausse naïveté, ils invitent à se perdre ensemble sur ces si beaux chemins escarpés.

« Je suis parti / là où les anges passent / là où les dieux trépassent / là où la vie est un mystère / originaire de mes arrières / avec mes idées fécondes… / je suis parti / sur les sentiers du monde ! »

Ce qui étonne tout au long de ces 12 titres, c’est la diversité avec laquelle Le Trottoir d’en face s’amuse à jongler, en bon saltimbanques qu’ils sont. Passant par des chemins suintants et bruyants d’un rock très propre et péchu (Addiction, Les fils d’or), délivrant des balades lunaires aux histoires nous obligeant à tendre l’oreille plus précisément (Sur la crête) en se tournant quelques secondes vers un duo clavier / guitare tout en tendresse (Je meurs pour la dernière fois), ils sont capable d’enchaîner les styles, d’explorer de joyeux méandres qui font de l’écoute de cette galette un agréable moment où nulle monotonie ne s’installe.

Une constante est à noter à l’écoute de tous les titres : l’omniprésence de cuivres, qui donne cette chaleur à une musique qui se veut populaire et festive, tout en restant censée et pensante. Trombone, trompette, saxo sont dans la lignée de ce que font les incontournables de la chanson cuivrée (Boulevard Des airs, Les Yeux d’la tête, Babylon Circus…), mais Le Trottoir d’en face arrive à se les ré-approprier, et à alterner entre force (Lobotomisère, Addiction) et douceur (Le voile noir, Demain).

« Un jour nous marcherons / les deux sur une crête / il nous faudra pour ça / écrire des chansons / des chansons que les fous / gueuleront à tue tête / que les gens bien pensant / pour sur, trouveront con / Nous nous tiendrons debout / tout deux sur cette crête / pour voir les deux versants / poésie et chanson « 

L’enchainement des deux voix est très plaisante, donne à l’oreille des saveurs qu’une seule teinte ne pourrait combler, et le groupe n’a pas peur de se frotter aussi bien à la chanson hurlée qu’à la chanson parlée et réfléchie.
Cet album n’est bien entendu pas exempt de combats, de coups de gueule comme la musique aide à faire passer (on connaît également le groupe pour avoir initié l’action du trottoir en fresque, accompagné de la très belle La Jeunesse Gronde), et sur La Bohème, Les fils d’or, on ne peut s’empêcher d’être touché par les défauts de ce monde, ici décriés.

Emplie de couleurs, « Nulle Ombre » justifie à lui seul les espérances qu’on avait mis en lui à l’orée du premier clip. Humaniste, pacifiste et rassembleur sans être naïf, poétique sans être abstrait, on retrouve de magnifiques chansons, et une énergie sans nulle doute poussée à son apogée lors des lives du groupe qui, à coup sur, doivent rester gravés aux fonds des encéphales…
Ce groupe d’amis a réussi à nous entrainer dans son monde, sur son trottoir qui est en réalité celui de la vie, de la foule, d’une foule de tous âges et toutes origines, symbole de ce qu’est le groupe, un rassembleur, chaleureux et proche des gens.

Comment finir cette chronique autrement qu’en vous présentant la chanson Je meurs pour la dernière fois, qui est une des pistes qui nous a le plus ému, une ode aux marginaux, un remède à la violence qui nous entoure, grondant et sûr, on se retrouve prochainement sur un coin de trottoir !

« Ne reste pas là / c’est fini cette fois / va, vas y échappes toi / la rue ne me sauvera pas / j’ai froid… /je meurs pour la dernière fois / ne reste pas là / c’est fini cette fois / je ne veux pas que tu vois / cette ombre qui plâne sur moi / sur moi… / mille procès sans avocat »

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Sur les sentiers du monde
2. Lobotomisère
3. Le voile noir
4. A fond tout le temps
5. Les soleils de faussaire
6. Addictions
7. Je meurs pour la dernière fois
8. Drôle de jeu
9. La bohême
10. Demain
11. Les fils d’or
12. Sur la crète

Album : 1er
Sortie : 28 avril 2015
Durée : 45 min
Genres : Rock cuivré / Chanson

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Un samedi à Gard à la Bière | Bessèges (30) 02.05

Article suivant

L’hypocrisie des majors a eu raison de Grooveshark

Dernières publications