Sidilarsen « Machine rouge » (2011)

9 min de lecture
Critique Sidilarsen Machine rouge 2011

Il y a tout juste 3 ans, Sidilarsen sortait l’album de la division « Une Nuit Pour Sept Jours ». Véritable engin de guerre du collectif toulousain Antistatic, tous les regards sont braqués vers « Machine Rouge », son successeur. Après une année passée en studio, impossible de nier l’évidence : la barre est placée très haut, les défauts du petit dernier n’ont pas été digérés.

Faisant parti des groupes phares de la ville rose, Sidilarsen a cultivé à la fois l’excitation et l’impatience des fans pour enfin dévoiler son quatrième opus. Les Toulousains ont tout d’abord donné de faux espoirs puisque la première date de sortie était fixée au mois de février dernier. Passée cette frustration, le groupe n’a pas hésité à se faire très discret jusqu’au printemps pour finalement revenir encore plus fort : la promo d’« Une Nuit Pour Sept Jours » ayant été discrète, Sidilarsen a cette fois-ci décidé de frapper un grand coup. L’opération ‘Sidilarsen distribue autrement’ du mois de mai a été un joli succès. De passage dans les grandes villes du pays (Toulouse, Bordeaux, Nantes, Paris, Nancy, Lyon et Nevers), le groupe est allé à l’encontre de son public pour offrir gratuitement leur premier single (Le Meilleur est à venir).« Du producteur à l’auditeur »pour reprendre une de leurs expressions.

Au moment de la première écoute, le couperet tombe : l’album dépasse péniblement les 40 minutes pour seulement 10 morceaux. Un peu court.

Sidilarsen a visiblement écouté les critiques émises à son égard et c’est une bonne moitié des morceaux de « Machine Rouge » qui secouent véritablement l’auditoire. À ce propos, les deux titres d’ouverture sont des immenses brûlots : Le Meilleur Est A Venir et Back to Basics qui sonnent comme un puissant retour aux sources. Deux titres à classer d’entrée parmi les incontournables de la discographie du groupe tels que La Morale de la Fable ou A Qui Je Nuis Me Pardonne. Là où « Une Nuit Pour Sept Jours » peinait à dégager des hits, les premières notes renversent la tendance. « Personne ne pourra nous punir, personne pour nous retenir », Sidilarsen prend les rênes à coups de grosses guitares, de lyrics perforants et la voix rauque de Didou est toujours aussi percutante ! Véritable bombe, Back To Basics est le symbole de cet unisson retrouvé entre l’électro/indus/métal et lance de la plus belle des manières ce « Machine Rouge ».

L’aventure se poursuit et, un peu plus loin, nouvelle claque. Plus saturé, plus digital, on ne peut que redemander de hits tel que Offensifs en featuring avec Mouss et Hakim de Zebda. Marqué par l’accent toujours aussi chantant des deux frangins ’100% Collègue’, on retrouve ainsi toute la force des paroles des deux collectifs : très humaine et engagée, cette piste assez électronique va puiser ses ressources dans les influences travaillées sur « Biotop » (2003), avec les guitares aiguisées en bonus sur le refrain. À l’ancienne et entre amis en quelque sorte. Ces tendances plus antérieures, on va également les déceler sur le début de Fantasia. Plus personnelle, non sans rappeler d’ailleurs Féline sur l’opus précédent, Sidilarsen va piocher dans des sons assez proches de Rammstein pour imposer la violence comme fil directeur.

Absolu va quant à lui marquer la première rupture. Car si ces morceaux seront très appréciés par les connaisseurs du groupe, Absolu surprend par sa forme. Dans le chant, la mélodie du refrain ressemble curieusement à un certain Jusque Sur Mars (2008)… mais musicalement Sidilarsen s’essaie sur un étonnant fond hip hop, proche d’un rock fusion, à coup de gros beats. Pourquoi pas. Densité, lui, porte bien son nom. Si dans un premier temps on peut se dire que ce genre de morceau est tout simplement inutile (exit les variantes électroniques et place à un métal brut assez banal), l’originalité d’une telle compo se dévoile dans sa seconde moitié : en featuring avec Soufiane Djaffer, Sidi se déploie sur un rock progressif entrecoupé de chant oriental, de dhôls…et de synthés. Une chanson sauvée en grande partie par ce featuring, même si sa place sur cet album peut être remise en question.

Si ces curiosités surprennent, Sidilarsen se retrouve pourtant à trop vouloir faire du Sidilarsen et sur ce quatrième album, l’excellent côtoie le moins bon. A Ton Ego, est un petit bijoux. Probablement un des morceaux les plus calmes de la discographie du groupe, mais aussi un des plus touchants. Les mots restent suspendus, froids, le track frappe par sa profondeur provoquée, on frôle même la pop… À l’opposé, Vie Passionnée se morfond dans un rock/pop similaire à celui développé par Mouss lorsque Mass Hystéria avait sorti son très controversé album pop éponyme en 2005. Enfin, Paradis Perdu se montre sans réelle saveur et n’apporte rien de nouveau à la recette du groupe tandis que Samira (en featuring avec Frederika) clôture l’album en demie teinte sur des sonorités plus sexy et beaucoup plus rock.

En proposant un opus composé de 10 titres seulement, Sidilarsen devait se montrer très persuasif en très peu de temps. Il a su réintégrer ses bonnes doses électroniques couplées à un rock puissant et a surtout prouvé qu’il pouvait trouver une réelle alchimie entre les différentes tendances explorées. Le groupe a mûri c’est indéniable. Malheureusement, après une telle entame d’album, difficile de ne pas rester sur sa faim avec la drôle sensation que l’intensité régresse au fil des morceaux. Tandis que l’accroche n’est pas forcément évidente selon les amateurs des multiples périodes du groupe, on peut se demander si c’est un signe d’éveil ou un virage assumé. A chacun de se faire sa propre raison.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1) Le meilleur est à venir
2) Back to basics (featuring Frederika)
3) A ton égo
4) Offensifs (featuring Mouss et Hakim de Zebda)
5) Vie passionnée
6) Fantasia
7) Absolu
8) Densité (featuring Soufiane Djaffer)
9) Paradis perdu
10) Samira (featuring Frederika)

Durée : 42 min
Album : 4e
Sortie : 20 octobre 2011
Genres : Métal / Electro / Indus

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

Rufus Bellefleur « Groovin’ Tales From The Gator Blaster » (2011)

Article suivant

Caravan Palace « Clash » (2011) -EP-

Dernières publications