En ce vendredi soir, Le Musicodrome prend la direction de la toute nouvelle salle de concert alésienne, L’Antrepote. Lancée par quatre associés il y a plusieurs mois, la structure réunie tous les ingrédients pour que les cévenols passent de bonnes soirées. Pour attaquer ce nouveau week-end du printemps, Papet J, MC du Massilia Sound System, venait avec ses musiciens du 149 Band pour mettre un joli oai.
L’affiche est alléchante : les derniers passages de Papet J à travers ses différents projets annexes en parallèle du Massilia Sound System attirent les foules… Pourtant cette fois, malgré un prix très attractif (10,70€) et un plateau local qui draine ses habitués avec Manyfeste, la formule n’a pas eu le succès espéré. Restauration, bar, jeux d’arcade et bonne ambiance, le cadre était pourtant posé… et malgré quelques détails à régler, nul doute que les organisateurs tiennent le bon bout et qu’ils doivent s’armer de patience.
En début de soirée, ce sont d’abord les locaux de Manyfeste qui, avec plus d’une heure de retard, ont lancé les hostilités. Le groupe, que nous avons déjà croisé au Dindon Attaque, n’a pas perdu de son esprit jovial avec son rock cuivré. 55 minutes pleines et festives, dommage en revanche que le son et l’acoustique n’aient pas suivis. Heureusement que le problème s’est résolu sur Papet J, d’autant plus que la salle se dote, cette semaine, de son propre matos !
En attente de ce fameux déclic, Papet J aura tout fait pour le provoquer : comme à son habitude, il a apporté un petit bout de Marseille avec lui pour nous conter ses histoires, ses secrets, son enfance, mais aussi les maux d’une société qu’il raconte souvent à travers Massilia. En digne « Raggamuffin vagabond », titre de son dernier opus sorti au printemps dernier, Papet Jali s’appuie sur ses nombreux périples pour partager sa musique. Il nous a d’abord invité dans son paisible Cabanon où il nous a parlé d’Humanity, du temps où il partageait la scène avec son acolyte Rit sous un étendard blues. Le Papet nous a aussi rappelé lorsqu’il était en roue libre avec le Soleil Fx, à l’époque où les Sound system marseillais étaient plus rudes et souples mais qu’il manquait De l’eau (« pour arroser ma ganja »).
Le troubadour occitan s’est en tous cas exprimé sur la grande scène avec toujours autant de liberté et de simplicité : dans ses temps moroses, « il faut lutter au quotidien pour survivre » et Un sourire ne tue pas. Comme « ce qui font l’opinion sont loin de toi et moi », Papet J pose la question : Pourquoi ? Car « on subit l’oppression en perdant tous nos droits ! ». Les Nuits Debouts en ligne de mire, le Papet entend, et nous aussi (J’entends), « les cris des opposants et des militants, le bruit de la sono des manifestants (…) et leurs slogans [qui] sont boulégant, fai avans tout le temps, fai avans y’a pas d’arrangement ! ». C’est à croire que les choses ne pourraient changer que si Jali devenait Maire de Marseille…
Porte-voix populaire devant les dérives policières, le Papet entame une revisite de certains morceaux du Massilia Sound System pour raviver la ferveur du peuple : Méfi! n’a jamais aussi bien porté son nom alors que le FN continue sa nauséabonde poussée (Ma ville est malade). A croire qu’ils nous mènent A l’agonie, Papet J & le 149 Band en profitent pour signer un bel hommage à Lux B sur Toujours (et toujours) et demande surtout de l’espoir sur un retentissant Y’a des fois.
La passion à jamais plus forte, l’étincelle n’est pourtant jamais bien loin : Papet J compte bien ramener un joli bout de Marseille pour agrémenter son discours. A l’aube d’un 1er mai ensoleillé, un Dimanche aux Goudes s’impose et l’on pourra une nouvelle fois se dire mais Qu’elle est bleue ! En gardant les bonnes vibes dans un coin de la tête pour définitivement se réchauffer (Raggamuffin vagabond, Reggae vocation), Papet J & le 149 Band ont allumé la mèche. Un dernier tour de piste traditionnel avec Vaqui lo polit mes de mai et nous voilà reparti pour danser tout l’été ! On aurait juste aimé que le public soit plus nombreux pour l’apprécier.