Pour la troisième année consécutive, Le Musicodrome s’est rendu aux abords d’Uzès (30), plus précisément du côté de Montaren, pour assister à la traditionnelle Fête du Pois Chiche. Après un vendredi soir estival qui dépassait les 27°C, le samedi s’est paré d’un costume pluvieux qui a gâché la fête… Mais au Pois Chiche, on finit toujours par s’arranger.
La programmation avait beau être légèrement en dessous des attentes par rapport à l’année dernière, l’ambiance chaleureuse du Pois Chiche a toutefois rassemblé les foules dans les petites rues du village pour se retrouver, sourires aux lèvres, sur la grande place aux platanes de Montaren. Toujours bien décorée et intimiste, cette place renferme ce petit brin de paradis qui pousse chacun d’entre nous à s’asseoir sur les grandes tables, prendre une bonne mousse artisanale et déguster de succulentes panisses (pois chiche oblige !). Palais des odeurs, ode aux délices, le Pois Chiche est un lieu où l’on mange bien… mais pas seulement. Comme chaque année, c’est aussi un endroit de retrouvailles où se mêlent toutes les générations. Les amateurs de musique, d’arts de la rue, de jeux en tous genres se retrouvent. Les curieux, avides de bonnes découvertes, ont depuis longtemps coché le Pois Chiche dans leur calendrier.
Vendredi soir, la chaleur était au rendez-vous. Dommage que les gardois aient répondu plus faiblement à l’appel. L’accueil, assuré par Foolish Ska Jazz Orchestra, donna le tempo en reprenant des grands classiques de Bob Marley et The Skatalites pour ne citer qu’eux. De quoi mettre dans l’ambiance et ouvrir la voie à Mathis Haug. Ce n’est pas la première fois que nous croisons l’artiste, que ce soit sur ce projet ou avec Mathis & The Mathematic. La qualité est toujours indiscutable : Mathis Haug est à créditer d’un très bon set. Son batteur dépote, c’est jazzy/rock, percutant et surtout incisif… et à voir la réaction du public, un bon nombre de spectateurs a apprécié.
Le flambeau, transmis à N3rdistan, était lourd à porter. Une fois encore, nous avions déjà croisé la route de l’artiste auparavant et le constat est identique. La sensation de chaleur ressentie en première partie d’Orange Blossom l’année dernière s’est une nouvelle fois manifestée. C’est toujours très bon, poétique et léger, le chanteur puise son inspiration auprès de poèmes orientaux sans oublier la triste réalité de la vie. De la révolution arabe à de simples envies d’ailleurs, N3rdistan a invité le Pois Chiche au voyage… Une escapade enivrante et envoûtante !
Samedi, la journée a été bien remplie. Les parfums de voyage ont laissé la place aux jeux, aux rires et aux nombreux spectacles proposés par l’asso. En déambulant dans le village, impossible de ne pas lever les yeux au ciel et de se demander si le Pois Chiche va frémir une seconde fois. A 19h, la décision de lancer les hostilités n’est toujours pas prise… Il faut dire que le Pois Chiche déguste depuis 2 ans avec, déjà, une de ses deux soirées annulées en 2014. Finalement, les Fanfreluches Brass Band donnent le pulse en chauffant la foule… La machine est lancée ! Namaz Pamous (vainqueur du tremplin organisé par le Pois Chiche) a surpris : les jeunes groupes sont souvent très scolaires (mais peut-on leur reprocher ?) mais Namaz Pamous a été plus que sympa.
La suite ? Elle est plus difficile. Pas d’un point de vue musical… plutôt au-dessus de nos têtes. Perfect Hand Crew s’est lancé dans une véritable course poursuite contre la pluie. Tout droit influencé par un son made in UK, le crew a été très saignant. Auteur d’un set incisif sous une pluie battante, le Perfect Hand Crew n’a rien lâché ! Les machines du selecta bâchées, rien ne semblait pouvoir arrêter la folie du Pois Chiche. MC’s et public trempés jusqu’aux os, tous sont pourtant restés au front…
Le courage a pourtant ses limites : à la fin du set des Perfect Hand Crew, les organisateurs ne peuvent que constater les dégâts… C’est un déluge qui s’abat sur Montaren et la grande scène est noyée. Mais la pluie est-elle plus forte que le Pois Chiche Masqué ? Initialement prévu sur la grande scène, le phénomène israëlien A-Wa -composé de trois sœurs- déboule sur la petite scène. Avec les moyens du bord certes, mais avec la détermination de partager leur son aux nombreux aficionados restés aux premières loges. Clairement festif, alliant musiques traditionnelles et gros penchants électroniques, ce mélange clairement pop est savant ! Leur premier album, produit par Tomer Yosef (des Balkan Beat Box), renferme ces ingrédients portés à la fois sur les traditions locales et les sérieuses envies (festives) d’en découdre sur scène ! On comprend pourquoi, la veille, elles affichaient « sold out » à Paris !
Pour la suite, les miracles n’existent pas… la petite scène est devenue un lieu de passage où la musique a fini par triompher, quand le ciel rendait les choses possibles. En revanche, on quitte le Pois Chiche avec les mêmes certitudes : nous reviendrons l’année prochaine !