« Nous ne sommes pas dans le moule tout lisse des Inrocks » – Jean Marc Sauvagnargues / Les Fatals Picards (1/2)

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Les Fatals Picards Avignon décembre 2016 Photos Nomades
Les Fatals Picards

Jean-Marc Sauvagnargues aux Passagers du Zinc d’Avignon 2016. Crédits : Photos Nomades

24h avant leur passage à la salle Victoire 2 de Montpellier, Le Musicodrome a rencontré Jean-Marc Sauvagnargues, batteur des Fatals Picards, pour évoquer, ensemble, l’actualité du groupe. De la sortie du nouvel album, « Septième Ciel », à la stabilité enfin trouvée par le groupe depuis plusieurs années, tout y passe. Des médias qui les boycottent, le départ d’Ivan, la chanson sur Johnny… à la fameuse moustache de Paul ! Place à présent à la première partie où vous aurez droit aux news croustillantes de leur nouvel album, « Septième Ciel », ainsi que la réitération de leur marque de fabrique : du rock et de l’humour ! Un registre non sans conséquence.    

Le Musicodrome : Salut Jean-Marc !

Jean-Marc : Ah ! Ca fait plaisir d’avoir La Marseillaise car Midi Libre ne souhaite pas couvrir l’événement… Je crois que leur directeur nous déteste. « On a trop vu les Fatals Picards ! ». Enfin, c’est ce que je crois…

Sérieux ?

JM : Oh oui, on a déjà la moitié des radios françaises qui nous détestent donc cela nous ne étonnerait pas. Ils pensent tous que nous faisons de la musique de ringard, à la Patrick Sébastien. Mais les mecs ne prennent pas le temps d’écouter nos chansons… Bref ! On pourra en parler plus amplement plus tard si tu veux.

Ok. Revenons à nos moutons : les Fatals sont à l’affiche de Victoire 2 à Montpellier ce samedi, est ce la fin de la tournée de « Coming Out » ou votre nouveau show est dans les tuyaux ?

JM : Non non ! C’est la 4e date de la tournée « Septième Ciel » depuis un peu plus d’une semaine. Elle prendra fin à la mi-novembre en 2014 qui célébrera notre 7e Olympia. Sept ou huit morceaux de « Septième Ciel » sont joués d’ailleurs sur cette nouvelle tournée.

« Pour 1€ de plus, un DVD bonus (…) nous sommes obligés de proposer une valeur ajoutée au disque »

Parlons donc de ce nouvel album. Combien de titres sont présents sur « Septième Ciel » ?

JM : Alors « Septième Ciel », notre nouvel album, sort le 14 octobre et sera constitué de 12 titres… sans oublier pas mal de pistes cachées, qui font leur grand retour ! Pour 1€ de plus, un dvd bonus est également dispo pour ceux qui le pré-commanderaient. Il fait 1h, beaucoup d’images OFF, backstages… On a hésité à en mettre, mais on s’est dit que les gens devaient savoir (rires) ! Il y a plein de bonnes choses pour les batteurs, bassistes, guitaristes, ainsi que des tickets d’or pour être en VIP toute la journée, avec nous, lors de notre passage à l’Olympia. A signaler que ce DVD ne se trouvera pas dans le commerce mais uniquement sur internet, à seulement 4 000 exemplaires. D’où le côté « collector ».

Une nouvelle stratégie pour relancer les artistes ?

JM : C’est en effet une bonne stratégie car cela nous permet d’exister, aussi, avant la sortie de l’album. Et surtout pour exister lorsque tu n’es pas en playlist sur Virgin ou RFM. Il faut trouver d’autres moyens pour communiquer…

Et cela redonne un côté inédit et original à un produit qui se télécharge de plus en plus sur internet ?

JM : C’est ça. Les mecs qui vont acheter le nouveau Daft Punk ou Mylène Farmer ne vont pas regarder les 3-4 disques qu’il y a à côté. Déjà que toi, tu n’es pas mis en avant, tu ne peux compter que sur tes réseaux sociaux pour te montrer. Mais ce problème-là est récurrent pour tous nos potes alternatifs. Et après de toute façon comme tu dis, les disques sont téléchargés illégalement sur le net donc nous sommes obligés d’apporter cette petite valeur ajoutée. J’ai vu que Shaka Ponk ajoute un T-shirt si tu précommandes l’album, ça non plus c’est pas con…

Il faut redonner de la valeur à un produit qui en perd…

JM : Qui en perd, c’est ça ! Tout se perd dans un iPod. On a d’ailleurs insisté pour que le prix du CD et du DVD soit à 14,90€. Ce qui reste abordable. On ne peut pas lutter face aux marges des revendeurs, mais de notre côté, on fait en sorte que ce soit le moins cher possible.

Les pré-commandes peuvent s’effectuer où ?

JM : Sur Fnac.com et Amazon.com, sans parler de iTunes, bien évidemment.

Est-ce-que tu peux me résumer le nouvel album en quelques lignes ? Le fil directeur ?

JM : Toujours pareil : l’humour. Grinçant, cynique, premier degré… Comme d’habitude ! Tout ce que permet l’humour en chanson. Une chanson est complètement métal (Pogo d’Amour), de la variété française (Ortance)…

Le morceau Robert est en version dub ou pas ?

JM : Ah ah ! Elle sera différente de la version live, clairement rock. Oui effectivement, il y aura des influences dub dedans ! D’ailleurs à ce sujet, nous aimons particulièrement cette chanson. Cela fait quelques semaines qu’elle prend beaucoup d’importance dans le set. Paul l’assume mieux, donc nous derrière on suit. On s’était interdit des chansons comme ça (de les jouer en live du moins) et pourtant on a remarqué qu’après l’avoir joué en tournée cet été, les gens sont restés stupéfaits. Ils ont eu plein de connerie pendant 1h pour se prendre une claque vraiment différente. C’est toujours délicat d’aborder la question de l’alcoolisme en public !

Les Fatals Picards Avignon décembre 2016 Photos Nomades
Les Fatals Picards

 

Jean-Marc Sauvagnargues aux Passagers du Zinc d’Avignon 2016. Crédits : Photos Nomades

« On a un esprit rock, même lorsqu’on joue en acoustique ! »

Le virage rock est définitivement là ?

JM : Oui, clairement. La question ne se pose plus. Il est là et bien là, depuis le départ d’Ivan en réalité. Même sur scène… même si nous avons plein de chansons qui ne le sont pas ! On a un esprit rock, même lorsqu’on joue en acoustique !

A ce propos, il y aura des featurings sur ce nouvel album ? Didier Wampas l’est par exemple sur Punk au Liechtenstein.

JM : Oui, tout à fait. Didier Wampas l’est sur Punk au Liechtenstein. C’est le seul vrai punk que nous connaissons bien… (rires) !

D’où est venu l’idée, sérieusement, de cette chanson ?

JM : (rires). Impossible de répondre à ça, je ne sais jamais  ! C’est Laurent qui a eu l’idée je sais… On faisait des balances en festival, on avait un riff qui tournait depuis quelques temps déjà, on avait la musique… mais on ne savait pas quoi dire (rires) ! Puis on a trouvé, et Didier est arrivé.

Il y aura-t-il ces fameux portraits comme Bernard Lavilliers ou 1983 (allusion à Yannick Noah) ?

JM : Et non, pas cette fois. Pourtant nous avions plusieurs idées puis finalement on s’est dit non. Enfin si, dans une des pistes cachées, je me permets d’égratigner un bonhomme, mais c’est tout. Ne me demande pas qui c’est, je te laisserai le découvrir (rires). Après il faut dire que l’actualité du moment, ce n’est pas très intéressant de parler d’un Mickaël Vendetta ou de Nabilla… On ne va pas parler de ces gens-là, c’est trop facile ! Alors que Bernard Lavilliers ou Johnny c’est différent.

« Les radios décident pour les gens ce qui devrait leur plaire »

Crois-tu que l’on puisse rire de tout ?

JM : Je pense sincèrement que c’est de moins en moins facile que ce que l’on croit. Je te dirais même non ! On DEVRAIT, mais ce n’est pas le cas. Et d’ailleurs, nous, on le ressent. On se heurte à beaucoup de murs. C’est un peu pour cela que l’on a fait Gros Con. Pourquoi notre single n’est pas diffusé ? Tout simplement car on se permet d’aborder un sujet de société, les femmes battues, et les radios ne cautionnent pas que nous fassions ça. Donc nous ne sommes pas diffusés. Ces chansons leurs déplaisent, contrairement à notre public, et ils décident, pour les gens, ce qui devraient leur plaire.

Nous l’avions déjà vu lors de la sortie de notre album précédent, où notre premier single était Coming Out. Nous avions choisi d’aborder le théme de l’homosexualité. Les radios nous ont expliqué que nous parlions d’un sujet complètement dépassé, ringard, qui n’intéresse plus personne. Je crois que le mariage gay nous a sorti une belle preuve, non ? Donc voilà, on nous fait passer à la radio des morceaux qui ont beaucoup moins de portée. Sur « Coming Out », on a pu entendre Le Retour à la Terre par exemple.

Oui, elle est très drôle mais ne fâche pas grand monde.

JM : Si, les bobos, mais ça ce n’est pas un problème. Là sur « Septième Ciel », Gros Con s’est déjà vu refuser par Radio France et France Inter.

Tu le perçois comme un frein dans l’évolution des Fatals Picards, ce fait d’être boudé ?

JM : Oui, et pour tous les groupes dans ce registre. Après on reste dans notre lignée, l’humour et chanson, et tant pis. On s’est toujours interdit 2 choses : la méchanceté gratuite et la vulgarité. Beaucoup ont pris la chanson sur Johnny comme de la méchanceté gratuite, ce n’était pourtant pas le cas.

« Il ne faut pas toucher à Johnny Hallyday, le porte-feuille de Warner »

Des artistes ont déjà mal pris plusieurs de vos chansons ?

JM : Oh oui ! Ils sont quelques uns oui. Lorsqu’on a fait la chanson sur les Enfoirés, ça n’a pas du tout plu à Patrick Fiori. Mais la pire chanson mal interprétée restera Le Jour de la Mort de Johnny. 4 ans après, elle fait encore parler d’elle. C’est surtout son entourage qui s’est manifesté à propos de cette chanson, pas lui-même. Warner nous a envoyé un courier procédurier à chacun des membres, et même chaque fois que quelqu’un mettait la chanson en ligne, ils les menaçaient d’un procès. Jusqu’à présent ils pouvaient le faire, puisque notre image leur appartenait. Mais maintenant nous ne sommes plus chez Warner, ils ne peuvent plus. On l’a compris : en France, il ne faut pas toucher Johnny Hallyday, qui en plus était le porte-feuilles de Warner.

Est ce que cela peut faire « caler » les Fatals Picards ? La machine est bien lancée en ce moment, le nombre de dates cette année a encore été impressionnant ! 

JM : Il n’y a pas forcément de la reconnaissance dans les salles. Il y a encore plusieurs salles en France qui sont subventionnées où nous sommes passés, on a blindé, et pourtant ils refusent de nous programmer car nous ne sommes toutefois pas assez classieux dans leur programmation, dans leur stratégie. Nous ne sommes pas dans le moule tout lisse des Inrocks ou de Télérama. Et c’est valable avec une bonne dizaine de salles en France. Ou en plus il y a de la demande. Ces programmateurs-là, payés par l’Etat, fonctionnement comme des programmateurs de scène nationale. Il faut du haut de gamme, du Benjamin Biolay & Co.

(affaire à suivre… demain)

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