Après les deux francs succès des LP « Izia » (2009) et « So much trouble » (2011), Izia revient en 2015 avec « La vague ». Abandonnant (quasiment) l’anglais pour le français sur ce troisième opus, Izia avait prévenu : cet album sera différent. OK, mais à quel point ? Quoi qu’il en soit, la fille de Jacques Higelin va faire le buzz. Que ce nouvel album plaise… ou non.
« La vague » est une claque. Il est encore difficile de dire si c’est une bonne ou une mauvaise gifle. Au moins, Izia a réussi le défi de nous perdre et de nous surprendre à la fois. Il semble également évident que « La vague » va montrer son vrai visage au fil des semaines, si ce n’est des mois tant il est délicat d’émettre un avis arrêté aujourd’hui sur l’opus : « La vague » doit se laisser mariner. En à peine 9 titres, Izia arrive à semer le trouble… Un comble !
Elle qui nous avait habitué à ce rock furieux et dérangé sur son premier album a donc passé l’arme à gauche. Avec un peu de réflexion, cela paraît presque limpide si l’on s’attarde sur les tendances musicales du second album : « So much trouble », déjà, renfermait des pépites plus douces, plus matures, moins « rentre-dedans ». Et même si on attend encore l’album de la maturité pour Izia en 2015, montrons-nous aussi patients, la gamine n’a que 24 ans. D’ailleurs, combien d’artistes ont décidé de proposer un premier album très rock avant de prendre un virage plus pop ? Ils se comptent à la pelle…
Désormais, fougue et rugosité ont déserté. Pour ceux qui commençaient à stresser suite à la diffusion du premier extrait, il n’y aura guère de solution miracle pour pallier vos maux. Ce sera un mal-être permanent ou une bonne boîte de stresam pour vous apaiser. Pourtant, impossible de ne pas reconnaître qu‘Izia, que nous avons connue plus hurlante, nous berce tout au long de l’album par sa voix. Elle sait en jouer, elle est mélodieuse, la track d’ouverture en est le symbole (Hey) avant que le titre éponyme, La vague, ne complète la panoplie.
Dès ces premiers titres, on comprend aussi à quelle sauce on s’apprête à être mangés : on croule sous les arrangements, les guitares, raffinées, répondent en écho à une ligne de basse reconnaissable parmi tant d’autres… You renvoie, sans conteste, ce sentiment de déjà entendu. Cette pop tenace, où la dimension électronique n’a évidemment pas raté le rendez-vous, s’entrechoque avec les claviers, davantage en avant.
Si ces morceaux fonctionnent malgré tout, on se serait bien passé du featuring avec Orelsan (Les ennuis), pop pompeuse agrémentée de cordes, on apprécie déjà plus la guitare qui couve avant de dicter sa loi sur Silence radio. Et on est forcément obligé de tomber sous le charme d’Izia avec Bridges, mi-français mi-anglais, qui dégage toute la sensualité qu’on lui connaît.
Ce bout de femme se veut aussi plus sombre, la brume qui enveloppe Reptile est fragile, parsemée de machines qui ne demandent qu’à bondir. Cette chrysalide poursuit sa mutation, sans scier, comme sur Autour de toi, où le virage pop prend une dimension encore plus forte. La clôture de l’album, sur Tomber, ne fait que renforcer ce constat. L’accroche est encore plus difficile sur ce dernier tiers…
Sous ces arrangements, Izia va probablement perdre une partie des fans de la première heure. Avec ce nouvel élan pop et ces riffs finalement assez banals, le voyage des mélodies n’est pas aussi évasif qu’on pourrait le croire. Pourtant Izia s’assume : sa voix, sublimée sur l’opus, libère l’auditoire. Dommage que les textes, en français, manquent de portée pour apporter une nouvelle dimension à cette ballade.
Entre deux-eaux, pas aussi tranché que les nouveaux fans ou les grands déçus, laissons un peu de temps à « La vague » pour qu’elle puisse se libérer complètement.
Clip « La vague »
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Hey
2. La vague
3. You
4. Les ennuis (feat. Orelsan)
5. Silence radio
6. Bridges
7. Reptile
8. Autour de toi
9. Tomber
Album : 3ème
Sortie : 13 avril 2015
Durée : 32 min
Genres : Pop / Rock