Rencontre avec François Martin des Fils de Teuhpu (trombone/basse) qui nous présente le tout nouveau projet des Hurlements d’Léo et des Fils de Teuhpu. Des origines du collectif des Touffes Krétiennes aux différentes orientations du groupe, la grande famille alter’ française est encore pleine de ressources.
Salut François. Les Hurlements d’Léo et les Fils de Teuhpu qui se lancent dans un projet commun, c’est presque une évidence ?
Ça fait longtemps que l’on se connaît, on est des vieux potes. On s’est croisés il y a 10 ans de ça à Paris dans un festival : on a joué avec eux, on s’est super bien entendus. On est un peu tous issus de la même famille entre les Ogres, les Hurlements, etc. C’est une petite famille de groupes qui a eu la chance de tourner ensemble, voilà le premier point très important.
Ensuite, avec le trompettiste des Hurlements d’Léo, Pépito, le batteur des Teuhpu et moi, on a décidé de monter un collectif qui s’appelle les Touffes Krétiennes.
Je comptais t’en parler un peu plus tard à propos de la « grande famille »…
Voilà. Les Touffes c’est une famille et même beaucoup plus qu’un projet artistique. Attention, tous les membres des Hurlements ou des Fils de Teuhpu n’appartiennent pas forcément au collectif mais uniquement ceux qui le souhaitent. D’ailleurs, le collectif était agrémenté aussi d’autres mecs des Pellos… Mais ce collectif a surtout permis à divers projets de voir le jour comme « Un Air Deux Familles » entre les Hurlements et les Ogres, « 1 Air 2 Beaufs » entre les Amis d’Ta Femme et nous par exemple. Enfin bref plein de petits trucs.
A quand remonte cette idée de faire un projet commun avec les Hurlements d’Léo ?
Depuis quelques temps déjà. 6 ans, 3 ans, 2 ans… l’idée nous a traversé l’esprit plusieurs fois. Les Hurlements arrivent en fin de tournée de « Bordel de Luxe », nous le notre commence à dater un peu (« Camping Sauvage », 2009), donc on s’est dit que c’était le bon moment. On avait fait un premier test dans une salle de Bordeaux, donc chez les Hurlements, avec cette idée de partager la scène. Nous avions une setlist d’une douzaine de morceaux et ça c’était vraiment bien passé. Après le second test c’était le 5 mai dernier à Paris au New Morning. Pour notre première (vraie) date sous le signe du projet commun, ce sera le 14 août à Luxey (festival Musicalarue). Et si ça tient la route, la machine sera lancée !
Quel a été l’accueil du public parisien le 5 mai ? Ca s’est bien passé ? C’était, presque, la première grande sortie…
Super ! Les gens ont adoré ! On a fait un set Teuhpu puis un set Hurlements avant de faire notre set commun… Ca a envoyé ! Que de bons retours. C’est vraiment encourageant.
Cette date parisienne était une date charnière ? Soit ça passait, soit ça cassait ?
Ouais mais disons que l’on préfère aller de l’avant. Les retours motivent, encouragent…
Concrètement, le projet commun va consister à quoi ? Par exemple, le répertoire sera revisité ou, à terme, il s’agit de créer de nouveaux morceaux ?
Le gros problème que nous avons, c’est le facteur temps. On est très pris, eux habitent à Bordeaux, nous à Paris. Donc on a revisité notre répertoire pour l’adapter à cette nouvelle configuration sur scène, de 14 personnes. Au niveau des nouveaux morceaux, on a d’ores et déjà choisi de jouer Requiem pour un con de Serge Gainsbourg. Après on est encore dans une période de rodage : on est en train de calculer réellement comment nous allons nous organiser. Pour l’instant, on est partis sur l’idée de proposer au minimum 3 morceaux du répertoire de chaque groupe, donc revisités par les uns et les autres, le fameux Requiem pour un con et d’autres morceaux, puis on va essayer de faire 1 ou 2 compos inédites. Mais là encore, ce sera en fonction du temps.
Musicalement, cela va être un gros mélange festif rock, ska déjantés ?
Un peu de tout. Il est clair que l’on veut garder cette énergie sur scène à coups de rock, ska, punk, mais pas seulement ! Là on s’est penchés sur des morceaux qui pourraient être plus salsa, plus afro, des choses que l’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre à travers ces groupes. Dans le collectif, on a quand même eu la chance d’avoir pu toucher à tout (rock, funk, punk, jazz, etc), donc ça aide. Il faut montrer aux jeunes tout ce que l’on est capable de faire.
D’ailleurs, vous comptez nommer votre projet commun ?
(Rires). C’est la grande question du moment ! On y réfléchit mais nous ne sommes pas encore d’accords !
La tournée, elle, va débuter quand ?
La première date est à Luxey, le 14 août, ensuite il est évident qu’il faut d’abord lancer la machine pour voir si ça prend. Dans ce cas, on calera des dates pour la seconde moitié de 2012 ainsi que durant 2013.
Le projet commun ne signifie pas que les activités des deux groupes concernés s’arrêtent ?
Non. Il est clair que vu la conjoncture actuelle, il est appréciable d’avoir plusieurs cordes à son arc. On va tourner avec le collectif mais aussi de notre côté. On a bossé sur une nouvelle tournée qui démarre dès cet été, avec un nouveau spectacle pour l’occasion…
… une nouvelle tournée sur « Camping Sauvage » ?
On fête en réalité nos 16 ans cette année. On a choisi de baptiser notre nouveau spectacle Teuhpuberté, c’est-à-dire la fin de la puberté. On va revisiter notre répertoire, repartir de nos débuts plus acoustiques pour suivre notre évolution, plus électrique et intense. Pour information, la première date de Teuhpuberté sera à Vitry dans le cadre festival sur les pointes le 26 mai. Pareil, on va chercher à tester ça sur scène pour voir ce que ça va donner. On va faire gagner une mobylette, il y aura une tombola, enfin bref, plein de petites choses. On a envie de retrouver la complicité et la proximité que nous avions avec le public à nos débuts.
Il y aura un album anniversaire pour marquer Teuhpuberté ?
Non. Les morceaux existent déjà, dans leur version originale, je ne vois pas l’intérêt de les refaire.
Et avec les Hurlements ?
Oui. Je vais dire que ça fait parti du projet.
Tu disais qu’il était important d’avoir plusieurs cordes à son arc, penses-tu que face à la baisse d’affluence dans les salles de concerts pour prendre cet exemple, c’est devenu vital pour les artistes de se diversifier ?
Oui, c’est indéniable. Avec les Teuhpu, on veut varier le côté artistique. Depuis 2-3 ans, on s’est lancés dans les ciné-concerts. Là, avec Teuhpuberté, on veut viser des petites scènes et des cabarets pour retrouver un peu d’intimité. En parallèle, nous avons toujours notre dernier album, « Camping Sauvage », qui a désormais une machine bien huilée, sans compter maintenant la tournée avec les Hurlements d’Léo.
Après, on fait presque partis du décor. Avec les Hurlements, nous sommes de vieux groupes. Que ce soit en concert ou ailleurs, les jeunes ont besoin de découvrir autre chose. Il est certain qu’avec plus de 15 ans d’existence, il faut proposer des choses un peu nouvelles…
A propos du ciné-concert, vous en faites un ce jeudi au Bleymard en Lozère (48) au festi’val d’Olt, de quoi est-il constitué ?
C’est une des choses qui nous a particulièrement fait plaisir ces derniers temps. Nous avons choisi comme artiste Buster Keaton, un grand comique avec Charlie Chaplin que moi j’adore. Après avoir regardé toute sa filmographie, on a sélectionné One Week et Sherlock Junion. A partir de là, on a revisité toute la musique de A à Z.
Une fois la décision prise de la jouer en live, on s’est mis à jouer devant l’écran qui est au dessus de nous. C’est assez curieux comme spectacle puisque, du coup, on a mis des chaises, on s’est bien habillés, on ne parle pas, la concentration est de mise ! Il y a eu un gros travail d’écriture, quasiment 2 ans de travail là-dessus, il n’y a pas d’impro ou de gros n’importe quoi ! (Rires).
Un show bien accueilli malgré cette rupture ?
Lorsqu’on nous a dit que c’était vraiment excellent, on a décidé de ne plus lâcher ce spectacle. Ce que je retiendrais dans ce ciné-concert, c’est que la musique a notre pâte, 16 ans de Teuhpu ça laisse des traces, et c’est une réelle confrontation entre deux univers : celui des Teuhpu et celui de Keaton, à la fois ludique et joyeux. Complètement différent d’un concert des Fils de Teuhpu traditionnel, et d’ailleurs, je joue plus de 30 instruments différents sur ce concert. Confronter tant de choses sur un film, je trouve ça vraiment beau. Et je ne cherche pas à te le vendre !
Propos recueillis le lundi 14 mai 2012.