C’était redouté depuis plusieurs éditions déjà. Les rincées successives ont finalement eu raison des Rocktambules. Pour leur anniversaire, les organisateurs ont tout donné pour parvenir à souffler leurs vingt bougies amplement méritées. Autour de minuit samedi soir, le couperet est tombé, juste avant le début de concert de No One Is Innocent.
La symbolique de l’intervention des organisateurs, peu avant le dernier concert de cette édition 2017 des Rocktambules, a été énorme. Comme si le dessous des mots nous renvoyait en pleine gueule « profitez de ce concert comme si c’était le dernier ».
Car cette fois, il n’y aura donc eu aucun suspense : pressentie depuis plusieurs années, la disparition du festival des Rocktambules est donc actée. Pas complètement vraie, certes. C’est la fin du festival sur plusieurs jours, en plein air, dans ses inconditionnels près de Landas. Une nouvelle formule devrait voir le jour, en salle, à travers des soirées « one-shot ». Cela ne remplacera jamais Landas. Cela ne remplacera jamais cette sensation de dévaler la pente pour arriver devant ce petit coin de paradis en pleine garrigue : le grand espace devant la scène, la petite buttée pour les fainéants ou les anciens, la fameuse guinguette en dur avec le rockmouth, fier, qui garde toujours un œil bienveillant sur le monde qui fourmille dans les herbes sèches.
Et il a eu de quoi faire car les hostilités ont commencé tôt samedi : en mode punk festif, Le Troquet d’Poche a ouvert sur la grande scène. Le vainqueur du tremplin de 2016 a déroulé, comme à son habitude, avant de laisser sa place à Mind Your Head sur la petite scène. La première grosse claque de la soirée viendra sur Darcy : le monde commence à arriver. Le concert est rude et incisif, avec du rock comme on l’aime, où toute la fureur contenue finit par exploser ! Darcy rend les coups (Darty, Marine) et ne fait pas dans la dentelle. Putain que ça fait du bien ! A la fois drôle et méchant, Darcy a déboîté. Tarte assurée !
Après un court passage auprès de Fnartch, Bagdad Rodéo a pris le relais. Dommage qu’il fasse encore jour car le groupe est encore plus percutant la nuit. Ils ne tournent pas assez souvent dans le Sud et chacun de ses passages est à marquer du croix rouge dans l’agenda : drôles, irrévérencieux, méchants et bougrement rock’n’roll, les Bagdad Rodéo sont plaisants sur le papier. Et en live, ça arrache vraiment ! Remonté et plein d’humour, il est bien difficile de ne pas chanter, hurler, sauter avec eux. Du rock avec la banane, des musiciens qui assurent, revenez-donc nous voir plus souvent !
Tandis que l’affluence est au plus fort après le concert des Black Stone, Les Fatals Picards apparaissent comme la véritable tête d’affiche de la soirée vu le monde devant la grande scène. De tout âge, les festivaliers se mettent d’entrée dans le bain. Malgré la sortie de leur « Country club » assez mitigé, le groupe garde cette spontanéité qui fait leur marque de fabrique. Amené par un Paul Léger en grande forme, le public a joué le jeu jusqu’au bout. Traversant les albums et leurs tubes (Bernard Lavilliers, L’amour à la française, Le retour à la terre, Mon père était tellement de gauche, Chasse, pêche et biture, Le combat ordinaire...), Les Fatals Picards s’enfoncent un peu plus dans le rock avec une intensité qui continue de grimper. Ce n’est pas la reprise de L’amour à la plage, déjantée et épicée, qui prouvera le contraire. S’ils ne se sont pas trop attardés sur leurs 17 nouvelles compos avec seulement une poignée d’entre elles jouées, le groupe aura eu le don de nous faire, rire, encore et toujours, plus particulièrement lors de leur départ de scène pour le rappel. Le finish, assuré dans une folie d’effluves de guitares (30 millions de punks, Punk au Liechtenstein, Fils de P., Noir(s)) a fait basculer Rousson dans le chaos. Une réussite !
La suite ne sera que plus forte : si Vicious Grace est, pour nous, le meilleur groupe tremplin entendu lors de cette édition 2017, il est nécessaire de mentionner également la performance de haute volée de No One Is Innocent. Grande habituée des Rocktambules, la bande de Kémar a secoué Landas. En préparation de leur nouvel album, les No One étaient de sortis sous la bannière de « Propaganda » (2015). Entre puissance et force, ils ont bien entendu balayé les incontournables de l’album (Silencio, Djihad propaganda, Kis are on the run, Drones et le rageur Charlie) mais pas que. Leur descente en eaux troubles a ravivé de sacrés souvenirs avec des bombes plus anciennes telles que Nomenklatura, La peau ou encore Johnny Rotten. Un set puissant, à s’en faire décoller les tympans, dopé à l’adrénaline et à la rage au ventre.
Un dernier tour de piste pour les uns et les autres, remplis à la fois de rage et d’émotions. Une bien belle fin. Même si elle est amère.
Malgré un son assez brouillon sur le set des Picards fataux, l’élégie tenue par les No One était de très haut niveau. La brutalité et la puissance du set étaient remarquablent, sans pour autant dissimuler la bonne cohésion du groupe et, bien sûr, la présence de Kemar.
Mention spéciale à la reprise de Bullet in the head de RATM, que peut de groupent oseraient. Soient qu’ils ne se sachent pas du tout à la hauteur de la tache, ou au contraire trop dédaigneux envers un groupe aussi « vulgaire ».
Incroyable groupe de scène, qui représente peut-être un peu le défunt festival : trop pointu et extrême pour déplacer les foules, et dès lors voué à plaire à une cercle de fidèles assez restreint.
En tous cas, félicitations à l’orga, aux groupes et au public pour ces 20 années de gros rock libre dans les Cévennes !
Entièrement d’accord. Et +1 concernant la qualité du son sur les Fatals Picards… Sans bouchon, devant, c’était très très limite…