Et la moustache… euh la lumière, fût : « Stachelight » Deluxe (2016)

11 min de lecture

Cela faisait plusieurs mois que l’on attendait cela. Le deuxième album de Deluxe, le groupe le plus moustachu et funky de l’hexagone, « Stachelight » pour le 22 janvier 2016. Alors forcément avec leur premier EP « Polishing Peanuts » de 2011, ils avaient déposé une bombe dans le paysage de la musique en France, posant ainsi leur marque de fabrique. C’est en 2013 que vient leur premier album, « The Deluxe Family Show », encore une fois qui nous aura conquis par son étonnante maturité. C’est donc, avec une exigence encore plus grande et une attente plus forte, que l’on a entendu cette lumineuse moustache !

Le rituel est le même, toujours le même, avec les nouveaux albums. On le reçoit, on appréhende, on l’écoute une première fois, l’esprit rassuré, on le range, et on fait autre chose. On le ré-écoute une seconde fois, pour essayer de plus le savourer, et entrevoir la lumière des sonorités Deluxiennes ! Puis on le réécoute plusieurs fois en se frottant les moustaches devant un tel condensé d’influences, de styles, et d’intensités !

On met le cd pour vous et on découvre ces chansons une à une : « Stachelight » est dans la digne lignée de son prédécesseur, bien que différent, il nous confirme que Deluxe fait de la musique pour la scène et que la scène est faite pour la musique. Leur nouveau live promet d’être chaud avec ces 13 nouvelles pistes groovy, jazzy, « popy », qui jonglent parfaitement entre différentes intensités et sonorités. Les poulains du label de Chinese Man Records, ont, sur cette galette, poussé leurs explorations musicales encore plus loin. Les six potes ont invité pour cela plusieurs artistes aux horizons variés pour faire des titres avec eux. On savait l’univers de -M- bien à lui et sans limite. Il vient donner la réponse, avec sa voix si particulière, à Lili Boy sur Baby that’s you ! Un titre au refrain des plus délicieux quand les deux se rencontrent. Et ce sans compter sur les violons qui finissent d’embellir une chanson déjà belle et juste dans son déroulement. Extrait avec un clip des plus artistiques :

Baby That’s You

Mais sur cette galette Deluxe a co-construit un morceau avec IAM. Rien que ça. C’est A l’heure où Deluxe s’attaque au rap français. Sur un fond de piano et de violon, Akhenaton et Shurik’n interprètent cette belle chanson, avec une Lili Boy qui s’envole, pour rendre hommage à la musique qui peut-être une lanterne dans les heures sombres.

« A l’heure où tant d’âmes se demandent si le monde tiendra ainsi encore un instant, investit par les armes et les cendres des nuages noirs planant sur un amas d’existence, la résistance apparaît comme seule évidence »

Deluxe a aussi pondu un morceau aux doux accents soul avec Nneka qui aura accompagné Lili sur un Bonhomme au refrain des plus entraînants, et à l’instrumentalisation si propre aux moustachus : groovy et rythmée, avec des cuivres et des sons électroniques. Le tout ensoleillé par la superbe et enrouée voix de la chanteuse Nigérianne.

Difficile de faire revenir un mot pour l’ensemble des titres, autant sur « The Deluxe Family Show », on pouvait dire funky. Autant là, on pourrait dire que Deluxe a encore élargi ses influences à travers plus de pop, plus de détente, tout en gardant cette patte décalée et quand même bien groovy. Du groove et les morceaux, qui vont à coup sur faire bouger les foules et les hanches, sont tout de même bien présent. Une Shoes qui balance sec ! Avec un grain des plus old school, pour une intensité, accompagnée d’envolés cuivrées, qui nous feraient décoller du sol ! C’est frais, c’est Deluxe. Cela promet de belles transpirés, tout comme avec Wait a minute, qui jongle entre les temps suaves et des refrains absolument effrénés qui donnent juste envie de courir sur place ! « Shalala-lala… » En fait, elle re-file carrément la bougeotte, et on a pas envie d’attendre une minute de plus. Y en a un, qui lui a laissé courir ses doigts d’impatience sur sa guitare pour nous offrir un superbe solo sur cette chanson. Vous aurez deviné, -M- et ses doigt gratifient nos oreilles de son immense qualité de soliste ! Et on pouvait se demander si avec Deluxe ça sonnerait bien, enfaîte ça sonne super bien. Tout comme les violons qui accompagnent le refrain.

Car oui Deluxe s’est entouré de violons sur plusieurs chansons de « Stachelight », un album où l’on sent clairement qu’ils font aussi dans la finesse et qu’ils le font bien. Avec Ear ils nous invitent à nous poser, écouter, ralentir, s’envoler avec eux et la voie filante et douce de Lili. Ou encore à prendre de la hauteur avec My world, qui alterne entre calme et des moments de symphonie qui s’envolent avec force à travers nos oreilles. Des morceaux contrastant avec le côté foufou-funky de ces 6 là. Ils sont certainement le fruit d’une maturité musicale déjà atteinte, et approfondie.

Force est de constater que ces deux côtés sont habilement mixés dans Ohoh, où Lili Boy et sa voie lancinante flirte avec la soul, et entonne un refrain qui s’impose dans nos tête sur des aires gentiment jazz/funk. Ou encore avec le morceau où Pietre et sa guitare nous fait son Tum Rakak inéluctable, lent et entraînant à la fois. Deluxe n’a pas perdu non plus son côté frais, et Lili n’a pas abandonné sa touche hip-hop comme l’atteste Right there où l’on retrouve cela qui va parfaitement se calquer sur un fond musical qui sent le soleil et la légèreté, entre scratch, rythme funky et percussions exotiques ! Mais « Stachelight » a aussi une trame de fond plus pop que son très funky prédécesseur. C’est ce que l’on entend le plus sur Seize your day, et ses beats caractéristiques durant une chanson au titre évocateur qui nous incite à prendre, cueillir nous journées et de les vivre, pas de les subir. Après on n’est pas particulièrement bilingue, mais c’est ce qu’on en déduit !

Éclectique, ce serait peut-être le mot pour cet album, toujours plus éclectique, qui pousse toujours plus les murs quand il s’agit de faire vivre la musique. Et comme pour confirmer ça, on trouve aussi en bonus l’excellente Tall Ground, qui apparaît initialement sur « The Groove Session vol.3 » de Chinese Man. Terriblement groovy, avec une Lily plus hip-hop que jamais, et à grand renfort de scratch et de cuivre.

Le plus fou sur cet album, c’est que toutes ces chansons aux multiples influences se succèdent, ne se ressemblent pas, et forment un flot tout en musicalité qui coule tout seul. Cette stache est moins colorée que la première, mais elle est lumineuse et ne reste à l’ombre de rien. Deluxe confirme qu’ils sont d’excellents cuisiniers qui savent se renouveler, et sans dénaturer la typicité de leurs plats. Avec toujours comme ingrédient la fraîcheur, la finesse, et la fête ! Ce second album va certainement illuminer bon nombre de scène durant le Stachetour qui a commencé le 19 novembre à l’Olympia. Avec toujours plus de costumes, d’énergies et de folie, on peut compter sur eux là dessus, ils n’en gardent jamais sous la moustache !

Pour cette deuxième galette, on attendait la confirmation. On n’avait pas oublié suite au premier, « si ça vous a plu, revenez moustachu ». On est revenu avec une jeune et fraîche stache pour cette sortie… du coup après écoute, on va la garder jusqu’au prochain !

FICHE TECHNIQUE

Tracklist :

1. Shoes
2. Oh oh
3. Too me (feat.-M-)
4. Tum rakak
5. Bonhomme (feat. Nneka)
6. Wait a minute (feat. -M-)
7. Talle ground (bonus)
8. A l’heure où (feat. IAM)
9. Right there
10. Ear
11. Seize your day
12. Oh oh (acoustik)
13. My World

Sortie : 22 janvier 2015
Durée : 49 minutes
Genres : Electro / hip hop / jazz / pop
Discographie : 2ème
Label : Chinese Man Records

Jack'

Jardins partout, musique tout le temps.
"Une société normalisée est à la fois répressive et rationnelle, mais la rationalité la rend plus normalisée et plus répressive. Dans cette perspective, rationalité, répression, normalisation, seraient indissociable" J.Dreyfus.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent

La Caravane Passe annonce son nouvel album pour le mois prochain

Article suivant

Vous ferez bien un p’tit tour en « Centre-ville » ? Erwan Pinard (2012)

Dernières publications