A la rencontre d’Irène Drésel qui fait rimer techno et sensualité

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Fiesta des Suds 2019 - J4 (c) Olivier Scher
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La dernière édition de la Fiesta des Suds était l’occasion de discuter avec Irène Drésel avant sa montée sur scène. Son univers composé de fleurs et de soie amène un vent de fraicheur sur la scène électronique française.

Bonsoir Irène, enchanté de te rencontrer avant ton concert à la Fiesta des Suds. Tu joues de la musique électronique alors que ta formation est plutôt axée sur l’image (photographie, ndrl). C’est quelque chose que tu pratiquais avant ?

Irène Drésel : Non pas du tout en fait. J’ai fait les beaux arts de Paris puis les Gobelins en photo. J’étais vraiment dans l’image mais pas totalement satisfaite avec ça, il me manquait quelque chose. C’est lors d’une expo pour laquelle j’avais besoin d’une bande son pour une vidéo que la rencontre a eu lieu. Au départ je voulais faire appel à un ami musicien puis je me suis demandée si je ne pouvais pas la faire moi-même.

Du DIY  (Do It Yourself)? Une approche très présente de nos jours.

Irène Drésel : Non. En fait je ne l’ai pas fait pour l’expo finalement mais cela m’a permis de voir comment les logiciels de musique pouvaient marcher. Faire de la techno, c’était un souhait que j’avais ressenti déjà 10 ans auparavant et là, je me suis dit c’est peut-être le moment. Quand je suis tombée dedans je ne suis plus jamais arrêtée.

Je t’ai vu sur scène il y a deux ans (Scène cachée du festival Panoramas à Morlaix). Tu tournes beaucoup et un album a pu émerger entre temps (Hyper Cristal ndlr). Comment s’est construit cet album du coup ?

Irène Drésel : Ça a pris du temps, le premier morceau a 5 ans, d’autres sont plus récents. Ça fait longtemps que j’avais envie de sortir un album et je me suis triturée la tête dans tous les sens pour trouver le mariage parfait des morceaux entre eux, faire l’éditing, etc. c’était très long comme travail.

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Sur scène, tu es entourée de fleurs dans une ambiance très « nature »

Irène Drésel : Une ambiance très cérémoniale plutôt, c’est totalement artificiel, les fleurs sont en tissu ignifugé !

Est-ce que cela signifie que l’aspect visuel est important pour toi ?

Irène Drésel : Oui, en fait quand on va voir un show, quand je me mets à la place du spectateur, j’ai besoin qu’il se dise « je vais voir un spectacle ». Il y avait des DJ que j’aimais beaucoup, quand j’allais les voir et qu’en fait il ne se passait pas grand chose… C’est tout noir et même si le son est génial et te transporte, il n’y a pas de répondant, le DJ ne te regarde même pas.

Pour un photographe en effet c’est assez compliqué…

Irène Drésel : Et bon je me suis dit, je veux faire du son techno mais je veux rester qui je suis naturellement et proposer ce que j’aime. En tout cas c’est comme ça que je vois les choses et très très vite ça s’est fait comme ça et finalement c’est devenu mon image. La première fois où on a mis des fleurs je ne me suis pas dit que ce serait mon identité pour toute la vie, juste j’avais envie de mettre des fleurs sur scène. Maintenant ça a pris et on veut en mettre plus.

Il y a quelque chose d’assez organique dans ta musique, ce n’est pas froid

Irène Drésel : Ce n’est pas froid, c’est sensuel…

C’est très sensuel et tu travailles beaucoup sur ton image, je pense aux réseaux sociaux. On te voit souvent au milieu des champs, à la campagne. C’est en Normandie ?

Irène Drésel : C’est en Eure-et-Loir ! Là ou j’habite.

C’est l’endroit où tu composes ?

Irène Drésel : Oui tout se passe là bas. Je suis une ancienne parisienne et c’est la maison de ma grand-mère (décédée il y a 20 ans) que j’ai investie. C’est une petite maison.

Et c’est un choix vraiment actif d’être déconnectée de la capitale ?

Irène Drésel : Oui j’ai habité Paris 7 ans et j’en ai eu marre. J’ai vraiment fait un rejet. Je suis d’abord partie en Angleterre et cela ne s’est pas très bien passé. Puis je suis revenue à Paris et mon frère m’a suggérée d’aller dans la maison de notre grand-mère. Mon père voulait la vendre. J’y suis allée. Au début c’était assez austère, une maison baignée dans son jus des années 60 et petit à petit je l’ai décorée, etc.

Du coup tu travailles de manière très solitaire ou tu as fait partie de collectifs ? En même temps les photographes sont souvent très solitaires…

Irène Drésel : Oui c’est vrai. En effet je suis très solitaire. Je ne fait pas partie de collectifs. Un ordinateur , des VST (Virtual studio technology ndlr) et voilà. Sans oublier une tasse de thé et un bout de chocolat, ça marche bien.

Photo (c) XIANGYU LIU
Une question sur une chose beaucoup interrogée actuellement, à savoir la place des femmes dans les musiques actuelles. J’imagine que c’est quelque chose qui revient. Et si il y a bien des pionnières, on sent qu’une génération de femmes émerge dans le monde de la nuit. Je pense par exemple à Calling Marian que j’ai découvert dans le cadre de la tournée des Inouïs du printemps de Bourges.

Irène Drésel : Oui c’est vraiment bien ce qu’elle fait.

On sent qu’il y a un renouvellement, l’apport de nouveauté dans cette scène électro assez « froide »

Irène Drésel : Calling Marian, elle n’est pas DJ non plus, elle a son live comme moi. J’ai l’impression que c’est un truc qui concerne plus les DJettes car pour elles c’est difficile de faire sa place en tant que femme. Mais pour moi j’ai l’impression que c’est différent, c’est un show. J’ai plus l’impression d’être issue du monde circassien, du spectacle. Je ne me vois pas comme une DJ en fait.

C’est peut-être générationnel en fait. On sent qu’il y a de plus en plus d’artistes issus de disciplines artistiques variées avec une approche plus large, pas seulement restreinte à la musique ?

Irène Drésel : Il y a de ça en effet. Et puis la relation aux logiciels a changé aussi. quand j’étais en terminale, il fallait un bac S pour maitriser les logiciels de musique. Aujourd’hui l’approche est différente avec des choses plus intuitives.

Et ça te plait de tourner ?

Irène Drésel : Oui ça me plait ! Même si c’est fatiguant. Quand ça se passe bien ça ma plait vraiment beaucoup.

Contrairement à tes débuts sur scène, il y a aujourd’hui de la projection vidéo qui accompagne le show. Tu peux nous en dire plus ?

Irène Drésel : Je travaille avec l’agence Blow factory. Elles reprennent des gif des clips déjà sortis et elles rajoutent leurs propres animations. Cela crée un univers assez riche. On l’avait déjà fait à Marseille pour le MUCEM Plan B avec un grand écran de ciné. C’était très très beau. On verra ce soir !

Merci beaucoup et à tout à l’heure sur scène.

Pour en savoir plus sur Irène Drésel

Interview réalisé par Olivier Scher, à Marseille (13), lors de la Fiesta des Suds 2019.

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