C’est devenu une tradition pour nous : nous retrouver au bord de l’étang de Berre en fin d’été sur la célèbre plage de la Romaniquette pour célébrer le rock et la jeunesse. Orchestré par les Oreilles en face des trous, la Guingette sonore est le rendez-vous incontournable de cette fin d’été.
D’année en année, la Guingette sonore innove, expérimente et cherche à nous offrir une expérience de festivalier toujours plus riche. Cette année, l’une des innovations majeures est l’apparition de deux concerts en chansignés, une manière de rendre toujours plus accessible la musique à tout le monde, et la présence d’une nouvelle scène, la plage arrière, avec sa programmation folk.

Premier soir, vendredi 29 août
A notre arrivée sur place, Le Bien est déjà sur scène. Emmené par un Davy Sanna déchainé (qui le sera devant la scène tout le reste du week-end), le groupe marseillais nous offre un set enthousiasmant qui fera d’eux notre coup de cœur de la soirée. Entre surf rock et garage bondissant, Le Bien titille nos oreilles et nous lance sur des rails pour les deux jours à venir. Auteurs d’un premier EP Sheeplanding, sorti début avril, les marseillais participent à la reconnaissance de Marseille comme capitale du rock.




La route nous a donné faim et comme d’habitude, direction la table du Pointu pour le burger au thon et le bar pour la bière de Sulauze. Vue sur l’étang et ambiance posée de fin d’été franchement agréable dont nous prenons le temps de profiter.
La festival se poursuit avec un autre groupe marseillais inspirant : Crache. Nous retrouvons l’énergie d’un garage rock aux influences puisées dans le meilleur du rock des années 60 et 70. Le clavier amène du groove et le public répond au déhanchements de Nathan à la guitare par de beaux pogos puis la classique coupure de courant de la Guinguette arrive (ce sera la seule et unique, qu’on se le dise !). Leur dernier EP Éclaircie sauvage est sorti fin 2024.
Le concert est chansigné et l’énergie des deux interprètes qui se relaient de titre en titre est un véritable spectacle en soi.




Nous poursuivons la soirée avec Ramkot qui va envoyer des watts ! Originaire de Gand, le trio belge va agiter la fosse avec ses riffs épais et ses nombreux messages d’amour régulièrement envoyés au public (en français). Leur dernier album Rosa a été produit par Alan Johannes, à l’origine du son des Queens of the Stone Age ce qui peut expliquer une certaines filiation dans l’énergie dissipée sur scène. Néanmoins, si des parties de rock bien brutales sont bien présentes, elles sont entrecoupées de moment plus calmes qui viennent donner plus de profondeur à leur son. Le set de termine sur More than this de Roxy music, le temps de souffler et de laisser redescendre tranquillement la pression.


Pendant ce temps, des choses se passent également du côté de la plage arrière.
Nous avons en particulier le plaisir d’écouter Grand Kosmi, seul avec sa guitare qui nous offre un récital de toute beauté. Nous l’avions déjà aperçu avec Gami et prenons plaisir à découvrir sa voix un peu éraillée dans cet exercice. Plusieurs de ses morceaux sont à découvrir sur son soundcloud.

Autre artiste que nous apprécions, Arthur pose lui aussi sa voix derrière le micro de la petite scène. Membre incontournable des Neurotic Strangers, son projet solo est tout aussi intéressant. Avec des titres en français et en anglais, le répertoire du jeune musicien est portée par la voix aérienne d’Arthur qui fascine tout autant qu’elle apaise.

La température commence sérieusement à chuter quand le remède idéal cette situation se présente sur scène. En effet, les bordelais de Nastyjoe ont décidé de nous réchauffer. Qui dit Bordeaux, dit capitale du rock. Et nous ne sommes pas déçus avec un set qui penche à la fois vers l’indie rock et le post-punk. Les mélodies sont accrocheuses, les guitares libérées. A l’image de leur denier titre sorti, Strange Place qui nous évoque de beaux moments des années 90. Leur premier album est annoncé en janvier 2026, un groupe à suivre…




La fin de soirée est de plus en plus fraiche (heureusement j’ai pensé à ma doudoune) et nous poursuivons l’atelier réchauffage avec 111, trio lyonnais franchement punk qui achève les âmes du soir. Emma nous transmet son énergie avec enthousiasme. La basse est lourde, les riffs tranchants et la batterie martèle le rythme. On n’est pas là pour niaiser et la poussière se soulève à nouveau dans la fosse. Leur dernier album Oh Wow ! est sorti en début d’année avec des textes engagés qui donnent envie de tout casser. En ces temps perturbés/perturbants, c’est une bande son recommandée pour aller faire la révolution.



La soirée s’achève sur une déjà très belle journée.
On part se reposer afin d’être un minimum d’attaque pour le lendemain.
Deuxième soir, samedi 30 août
Le soleil (et la chaleur) sont de retour au bord de l’étang pour cette deuxième journée. Comme à chacune de mes venues, je suis enchanté par l’air de vacances qui imprègne mes pupilles en prenant la route qui longe le nord de l’étang de Berre jusqu’à l’arrivée sur Istres. Les pins et la côte rocheuse donnent à cette virée un petit air de côte d’Azur (n’en déplaise à Denis, le président de Radio Active 100FM 😉 ).

Pour attaquer cette deuxième soirée, la scène est offerte au groupe toulonnais Curtism. Du haut de leurs vingt ans, les quatre copains de lycée baignent dans un univers indie rock plaisant qui lorgne du côté des ainés The Cure ou Joy Division. Les mélodies sont accrocheuses et sensibles, de quoi augurer d’un bel avenir pour ce groupe déjà très pro dans sa manière d’aborder la scène. Pour les découvrir, rien de mieux que d’aller écouter leur premier EP Curtism sorti en 2024.



La suite est assurée par l’invité de dernière minute, Irnini Mons. A l’origine, on aurait du retrouver La Flemme, puis Bonjour. Ce sont finalement les lyonnais qui sont là pour nous présenter un univers post punk particulièrement original. Contrairement à beaucoup de groupes, tous les textes sont en français et nous racontent des histoires plus ou moins surréalistes parfois à une voix, parfois à plusieurs voix. Ceci n’est pas sans rappeler les expérimentation d’un autre groupe chorale, Catastrophe. Leur dernier album paru Une habitante touchée par une météorite est à l’image de leur univers à la fois punk et folklorique.




Ce soir la température est plus que clémente et se poser au bord de l’étang plus qu’agréable. C’est dans cette bonne ambiance que nous découvrons la grosse d’affiche de la soirée, à savoir Projector, groupe tout droit venu Brighton. Ces derniers étaient sur scène en juin pour le Beau Week-End, nous sommes donc ravis de les retrouver ici. L’énergie brute des guitares et le chant à deux voix donnent une belle profondeur à ce projet alternatif très séduisant. Le public est déchainé et reçoit très positivement ce Now When We Talk It’s Violence sorti l’an dernier. C’est très bien fait et on regrette juste que cela n’ait pas duré plus longtemps. Un groupe à suivre, assurément.





Comme la veille, la plage arrière a reçu de la visite ce soir, à commencer par Jamie Spacey (dont nous n’avons malheureusement pas assisté au set) mais que nous retrouverons un peu plus tard en duo avec notre Jules Henriel national, toujours au top dans l’exercice solo qu’il affectionne. Les deux musiciens se retrouvent ensemble pour un tour de chant d’anthologie en fin de soirée.


La suite de la soirée passe par le projet post punk acoustique de Péniche. En voilà un projet inhabituel. Et pourtant, on se laisse convaincre par l’énergie de cette musique sans paroles qui semble se raconter toute seule. Le trio, originaire de Tours, rejouait ce soir pour la première fois depuis plusieurs semaines et semblait ravi de retrouver la scène avec ses riffs ravageurs. Basse et batterie ne sont pas en reste et dessinent un univers riche et coloré. Pour les écouter, direction leur dernier album Triplé, sorti l’an dernier.




Nous finissons le festival avec TREAKS, trio nantais aux revendications assumées. Le son est frontal, puissant et saturé. Leur dernier album Ego parle des violences faites aux femmes, d’esprits vengeurs contre le patriarcat ou de consentement. La musique est plutôt dansante et évoque un genre de Gossip en plus énervé. TREAKS vient absorber le peu d’énergie qu’il reste aux vaillants festivaliers et une nouvelle fois la poussière est en suspension dans la fosse.




La nuit s’achève sur l’un des plus chouettes festivals de la région. Un lieu incontournable pour découvrir des groupes émergents dans une ambiance détendue, au milieu des sourires des bénévoles tout en profitant d’une excellente offre de restauration.
Bravo une nouvelle fois aux Oreilles en face des trous et longue vie au poulpe !

Crédits photos : Olivier Scher