Après une courte nuit, direction la plage, pour accessoirement se baigner mais surtout pour assister au bal des anciens, parade saugrenue qui met en scène la gymnastique matinale des septuagénaires, octogénaires, profitant de la fraîcheur du matin pour réaliser quelques aller-retour bien sentis, en marche rapide dans l’eau turquoise de la baie Six-Fournaise. D’autres préfèrent la bronzette façon baleine échouée comme cet individu coiffé d’une charlotte assez saillante pour éviter les projections d’eau ou pour se protéger du soleil ? Beaucoup trop d’informations à gérer pour nous après la nuit dernière. Un petit temps calme s’impose, sieste au pied des pins, avant de repartir pour l’aventure insulaire.
Refais, nous voilà prêt à affronter les 4 concerts du soir, et cette fois nous sommes à l’heure et même en avance. Le temps d’aller bazarder 10 jetons dans 2 pintes et d’apprécier la sélection musicale d’attente avec notamment un petit Scorpio Rising de Death in Vegas featuring Liam Gallagher. C’est le moment de rejoindre le soleil couchant sur la scène du pointu. Peneloppe Isles lance les hostilités, parfait pour entamer la soirée. Du rock pépère, intime, des envolées shoegaze par moments. Les quatre ne sont pas les plus loquaces et expressifs, mais c’est propre et frais, pas mal pour cette première bière.
Concert achevé, nous décidons d’aller explorer le coin chill, réservé aux détenteurs du pass grand Gaou. Peut-être notre seul bémol quant à l’organisation du festival. C’est donc à travers la pinède que nous pénétrons et explorons cet espace coupé du monde et du temps. Des transats, tables, chaises à perte de vue, plutôt cool pour souffler un peu. La musique est assurée par les djs en mode 45 tours old school. Des animations sans grand intérêt.
C’est reparti, chemin retour, direction Steve Gunn, que nous attendons avec impatience. Le grand pote de Kurt Vile, affranchi de The War on Drugs, se présente en solo pour un set qui s’annonce prometteur. Finalement rien de nouveau, on reste sur du copier-coller du dernier album (excellentissime au demeurant), sans grande surprise live donc. Pas de solos très poussés ni d’envolées puissantes sur notamment Vagabond ou Lightning Field qui s’y prêtent à merveille et qui dans l’album laissaient à penser que la chanson pouvait vraiment décoller en live. Bref, c’est sans fioriture, plutôt réussi et esthétique, mais sans folie et ça nous rappelle beaucoup la prestation de son acolyte Kurt Vile à TINALS cette année.
Retour chez les VIP, sous les pins, pour déguster une énième pinte ou pourquoi pas de ce délicieux thé proposé par notre hôte Clément, expert, s’il en est, du thé, maté, ou autres boissons fraîches à base d’hibiscus. Le John Lennon de l’infusion, la bible du thé, le King of tisane. Nos connaissances sur les plantes aromatiques largement accentuées, nous retournons à essentiel de la soirée, se faire du bien aux oreilles. Finalement, c’est Twilight Sad qu’on connaissait le moins, qui empoche la mise. Le chanteur James Graham entre directement tête baissée sur scène, le show peut commencer. L’énergie déployée est phénoménale, tantôt manifestée par l’attitude survoltée du chanteur, tantôt contenue dans son chant. Ils alternent les morceaux new wave, post punk, voir shoegaze, toujours avec une certaine noirceur. Ça monte, ça sature, ça envoie, c’est mélodieux, c’est mystique, fiévreux, sombre, orageux, c’est la claque de la soirée. Ils se donnent corps et chants, la tornade écossaise s’abat sur le Gaou. On en redemande !
On en redemande aussi, de la bière, finit le thé, on le laisse à Lias Saoudi, à moins qu’il préfère autre chose… Dernier aller-retour chez les VIP, ça discute rock par ci punk par là, ça sirote de l’IPA de la Rade, du turmeric chai, du choco chili ou bien du green chai sorte de thé vert épicé. Nous voilà encore obsédés par Mister Tea, tellement à propos dans ce festival.
Place à la Fat White, en pleine bourre avec la sortie de son 3ème album « Serf up » largement éprouvé sur les scènes françaises. Les morceaux sont lents et léchés, ça joue fort et Lias Saoudi s’en donne à cœur joie, affublé de son short fétiche et d’un gilet de chasse du plus bel effet, à faire pâlir de peur Allain Bougrain Dubourd. C’est donc plutôt en forme depuis quelques temps, communicatif et heureux, que nous retrouvons l’olibrius sur scène. C’est bourrin et subtil à la fois, lent et fort, brut et recherché, autant d’antagonismes qui définissent FWF, son mode de vie et ses thèmes abordés.
Vidés et harassés, nous prenons la direction du ponton qui permet de sortir de ce lieu idyllique. C’est la fin pour nous, pas de troisième soir, mais déjà une belle découverte, nous qui avions ratés, dépités le combo Ride – Slowdive – Hanni el Khatib, Ryan Adams, Dinosaur Jr… de 2017. Enfin une première expérience (excellente) au Pointu. Un festival indépendant, familial, gratuit, à la programmation à chaque fois parfaite combinée à un lieu exceptionnel, on reviendra, pour sûr !