L’association Perchépolis a encore frappé fort ! Ce sont en effet pas moins de 4 000 festivaliers qui ont investi le château médiéval d’Ainay-Le-Vieil pour cette 4ème édition du Château Perché qui s’est déroulée du 04 au 06 août.
Le concept de ce festival est né d’une rencontre entre Samy et Katy. Lui, clermontois d’origine et en année sabbatique à Berlin à la suite d’études en école de commerce, est tombé amoureux des soirées déjantées de la capitale qui n’ont plus à faire leurs preuves. Elle, berlinoise, avait un réseau local d’artistes, notamment par son implication dans le collectif Stay Free. Cette relation, saupoudrée d’amour et d’un peu de poudre magique, a donné naissance au concept : allier la folie des fêtes berlinoises aux joyaux du patrimoine auvergnat.
Le propriétaire de la bâtisse du XIVème siècle, le baron Auguste d’Aligny (descendant de Colbert), n’a pas hésité longtemps à donner son accord pour cette manifestation. Ce qui peut paraître un acte de folie, a été vu par le châtelain comme un levier de promotion médiatique du château et du village, un moyen de sensibilisation des jeunes au patrimoine régional, et par ailleurs, un apport financier de quelques dizaines de milliers d’euros destiné à la rénovation d’une partie de la toiture. C’est davantage l’accord du reste de la famille et des autorités locales qui fut difficile à obtenir. Une partie des jardins et de la forteresse a donc été interdite au public.
Avec l’achat de la place (entre 60 et 80 euros selon les phases de ventes), un mail de l’organisateur envoyé à chacun plante le décor : déguisements chaudement recommandés sur le thème « les sorcelleries de mon enfance ». Les perchés ont donc rivalisé d’imagination pour se parer des déguisements des plus abracadabrantesques. On a ainsi pu croiser une horde de Schtroumpfs, des princesses et fées en tout genre, sans oublier les traditionnelles licornes. La nuit tombée, les totems et guirlandes lumineuses ont fait ressortir les sourires sincères des festivaliers, le plus souvent badigeonnés de paillettes multicolores.
L’organisation n’a pas non plus lésiné sur la décoration. Nous avons été plongés dès l’entrée dans un monde imaginaire avec des projections diverses sur les murs d’enceinte extérieurs, des chill zones disséminées ici et là, une multitude d’objets insolites ainsi qu’une ambiance propre à chaque scène.
Trois scènes se sont partagées l’intérieur de l’enceinte fortifiée. Les fans de techno bien lourde n’ont pas été déçus par la salle des archers. En témoignait notamment la chaleur humide qui y régnait le vendredi soir (proche des 50°C !). On retiendra spécialement les prestations du suédois Joel Mull et du berlinois DJ Pete aka Substance. Les cardiaques n’ont eu qu’à s’abstenir !
Ceux préférant plus d’intimité ont été séduits par la salle des équipages. La scène de la cour centrale a quant à elle présenté des artistes éclectiques, comme le Cabaret Contemporain composé de 5 musiciens restituant l’énergie de la dance music à la sueur de leur front ou encore les chinois du Shanghai Restoration Project. Ces derniers ont été invités dans le cadre d’un échange avec le Yin Yang Music Festival qui s’est déroulé sur la muraille de Chine fin mai. Ambiance cosmique avec planètes lumineuses et immense tête de dragon surmontant la scène.
Des autres plateaux, nous retenons particulièrement la Volière, décorée à la manière d’un restaurant chinois, où le Camion Bazar aura mis le feu du samedi soir jusqu’au closing le dimanche avec un J’aurais voulu être un artiste chargé d’émotion.
Une fois de retour sur le camping, l’heure était toujours à la fête. En effet, pas moins de trois scènes y ont été disposées et crachaient leurs basses fréquences sans interruption. On pouvait par ailleurs y emprunter des casques, qui, reliés par ondes, restituaient les sets des différentes scènes du festival. Ceux-ci ont été utiles aux acharnés restés le dimanche soir pour continuer la teuf sans déranger les autochtones. Sur ce camping des plus convivial (on peut d’ailleurs remercier nos voisins et spécialement Thibault pour sa générosité sans limites), différentes activités étaient proposées : body painting, séances de yoga ou encore balades contées.
Pour résumer, le Château Perché 2017, ce fût 180 DJs jouant sur un son parfaitement réglé en deux sessions d’une vingtaine d’heures, le tout dans un lieu d’exception à la décoration fantastique. Une équipe de 400 bénévoles au top, malgré quelques soucis d’approvisionnement des bars en verres. Et des perchés tous plus gentils les uns que les autres, arborant de larges sourires dans des déguisements excentriques. C’est seulement à cet évènement que deux festivaliers peuvent investir la scène quand le DJ part pisser et qu’il les en remercie. Ou encore qu’une de nos chroniqueuses se fait déguiser en Play Mobil lumineux pour danser au milieu du public en liesse.
Seul bémol, la présence oppressante des gendarmes (120 sur le site), renforcée par un hélicoptère, qui aura provoqué la fermeture prématurée des portes du Château et coûté le permis de nombreux festivaliers. Pourtant habitués des festivals électro, le Château Perché a su nous séduire par son caractère original et plein de liberté. Vivement la prochaine édition !
Par Fanetton & Père Charlie
Champions du monde de Super G 2013 (Schladming, Autriche)
Crédits photos : Hannibal Poenaru