Cinq ans après leur dernier passage à la Halle Tony Garnier de Lyon (69), les Cowboys Fringants revenaient cette fois-ci accompagnés pour leur tournée express en Europe. Avec le fameux « Octobre« dans leurs valises, les québécois étaient attendus de pied ferme. Et, forcément, ils ont été accueillis à bras ouverts.
Les venues des Cowboys Fringants sont toujours rares sur le territoire français. Chaque concert passé à leurs côtés est donc un délice. Un délice bien trop court, forcément, même si le groupe n’a pas été avare de tounes avec près de deux heures de show. Avec ces cinq petites dates dispersées entre la France et la Suisse, il était en tous cas impossible de ne pas répondre à l’appel lancé par les québécois.
Cette année, le groupe n’a pas venu tout seul : dans ses valises, il a amené une première partie, Vincent Vallières, qui a ouvert la soirée en douceur sur des notes pop/rock. Devant une foule déjà compacte, le groupe a joué le jeu et il a visiblement apprécié le répondant de la salle. En racontant ses périples avec « madame la douanière » en Suisse, Vincent Vallières a fait le boulot. L’attente pour les Cowboys deviendra alors insoutenable.
Croisés en 2015 sur leur sol, à Montréal, les Cowboys avaient, à l’époque, passé un message clair : notre retour sera plus festif, plus débridé, plus brut de pomme. Et ce fut bien le cas ! Deux ans plus tard, dans une Halle Tony Garnier fleurie de 8 500 personnes, le décors fut planté. Avec une immense toile à l’image de la pochette d’album, les Cowboys ont embarqué un p’tit bout de leurs sapins géants dans la cité rhodanienne.
Si Karl Tremblay est un peu enroué pour cette dernière « party » en Europe, il parait toujours aussi en forme ! Ses deux culs-secs de H dans le concert ne le feront même pas vaciller ! Dans une salle entièrement conquise qui connaissait toutes les tounes par cœur, les Cowboys n’auront pas fait dans la demie-mesure : en jouant essentiellement les tracks de leurs trois albums incontournables (« Octobre », 2015 / « La Grand-messe », 2004 et « Break syndical », 2002), la machine à hits fut de sortie. Seuls Droit devant, Paris-Montréal, Joyeux calvaire !, Awikatchikaën, Le Shack à Hector et Tant qu’on aura de l’amour arriveront à se faufiler au milieu de cette setlist dominée par ces trois opus.
Baignant dans une ambiance marquée par le partage, le vivre ensemble et la convivialité, les Cowboys Fringants ont fait résonner beaucoup d’émotions sur Les étoiles filantes, 8 secondes, Les vers de terre ou sur la version épique, oui, le mot est bien choisi, de Plus rien. Avec une trompette endiablée, la lumière a jailli de nulle part et le temps s’est suspendu quelques instants. C’est ça, aussi, la force des grands groupes : parvenir à refaire vivre des morceaux différemment, que ce soit dans la finesse musicale, dans la mise en scène ou encore dans le jeu de lumière, saisissant par moment !
En 2017, les Cowboys ont décidé de laisser un peu de côté les notes plus moroses rencontrées sur des précédents disques : comme si Marie-Annick Lépine était le symbole du groupe, elle représente aussi la vie et l’espoir au sein d’une époque plutôt sombre. Entre les En berne, La cave, Marine marchande ou Si la vie vous intéresse, les Cowboys Fringants n’avait plus paru autant énervés depuis longtemps. Embarqués dans des envolées festives, là où le punk parvient à épouser la folk et des penchants country, les québécois se moquent des genres sans prétention. Il sait aborder des sujets plus graves, qu’ils soient à la fois sociaux et écologiques (Pizza galaxie, Pub royal, Ti-Cul, Les vers de terre…) tout comme il peut se rouler, sans retenue, dans leur folklore culturel local avec humour (La dévisse).
Même si leurs rêves de révolution se sont (un peu) envolés (La manifestation), les Cowboys Fringants nous ont concocté un concert à partager, coopératif, et surtout rempli de saveurs. L’énergie avec laquelle ils ont interprété leurs morceaux a semblé inépuisable : le bassiste, Jérôme Dupras, reflète bien le côté dynamiteur du groupe… quand ce n’est pas la belle Marie-Annick Lépine, multi-instrumentiste, qui survole -comme à chaque fois- le concert du début jusqu’à la fin.
Défenseurs d’un autre monde et surtout d’une autre façon de l’aborder, les Cowboys Fringants ont une nouvelle fois justifié tout le bien que l’on pensait d’eux. Autant humainement que musicalement, ils parviennent à nous apporter un petit bout du Québec dans leurs valises pour nous le faire découvrir. Avec humour, avec sévérité, tantôt avec colère mais tout le temps avec passion… Beaucoup sont repartis avec des étoiles plein les yeux, d’autres ne s’arrêtent pas de chantonner les airs entêtants des Etoiles filantes. On y rencontre aussi des râleurs qui auront aimé plus d’anciennes comme Banlieue, Mon Chum Rémi ou un petit Shooters… Cela fait partie, aussi, du grand jeu de la loterie de la setlist d’un concert.
Pourtant, à peine sorti de la Halle Tony Garnier, on a déjà envie de les revoir !