Kanka « Abracadabra » / Panda Dub « The lost ship » (2015)

6 min de lecture
Kanka et Panda Dub

Pour Kanka et Panda Dub, 2015 est synonyme de nouveautés. Les deux artistes ne sont d’ailleurs plus à présenter, ils occupent une place de premiers choix parmi les nombreux amateurs de dub de l’hexagone. Kanka, avec son sixième opus, fait figure de vieux briscard tandis que Panda Dub, lui, fait partie des nouvelles pousses du genre… L’explosion dès son premier album l’aura catapulté dans toutes les places où le dub fait la loi. De quoi se dire que le genre, en France, n’est pas prêt de se perdre… d’autant plus que pour prolonger le plaisir, les deux albums du jour sont disponibles en téléchargement gratuit sur les plate-formes de ces deux artistes (mais rien ne vous empêche de faire un don pour soutenir les artistes !). 

Kanka « Abracadabra (Chapter 1) » (2015) -DUB-

Cela faisait quelques années que l’on avait perdu de vue le maître à stepper Kanka. En tout cas, la sortie le 26 octobre de « Abracadabra », premier chapitre, laisse entrevoir plusieurs certitudes : avec ce nouvel opus, Kanka se pose en véritable sorcier du minimalisme. Aucun featuring et aucun MC ne pose la voix sur ce 10 titres, Kanka s’offre en solo une escapade en pleine nature qu’il a voulu placer sous la bannière dubwise. A la mode steppa, Kanka balance la patate chaude à coups de Ego kills, Musically et Yvnwii dub purement steppa avec leurs basses massives. Navigant à la fois dans une ambiance embrumée et pesante (Blood moon, Let’s go), le tempo des tracks est majoritairement lent (Dub is medicine) mais le dubber laisse aussi la part belle aux saturations digitales : Abracadabra s’envole loin, très loin, les vibrations se ressentent, « strictly dubwise », son écho s’affole sans ménagement (Doodidoo dub). Si l’album se laisse écouter d’une traite sans trembler, on constate que Kanka a joué la carte minimaliste, proposant un son finalement assez lisse qui aurait pu avoir un peu plus de punchy. C’est dubby, c’est steppa, peu trituré et très épuré, nul doute que ce « Abracadabra » prendra toute son ampleur lors des sessions sound system.

Panda Dub « The lost ship » (2015) -DUB-

PAD

« Antilogy » (2011) avait jeté un pavé dans la marre. « Psychotic symphony » (2013) fut un second brûlot indiscutable. Lors de la sortie de « The lost ship » en avril dernier, toute l’appréhension de l’auditeur se concentrait lorsque le bouton play s’enclencha. Trop de questions se bousculèrent à la fois : Panda Dub va-t-il réaliser la passe de trois ? Car il y a toutefois beaucoup de similitudes musicales à travers les deux premiers LP : le son est bon, il te fait bondir au plafond, mais le cap d’un dub olschool est clairement visible. Que pouvons-nous réellement attendre de « The lost ship » ? Ce troisième album se distingue d’abord par sa couverture, à la fois d’un autre temps mais surtout lunaire, immense, lointaine. « The lost ship » est indéniablement différent. Il va côtoyer les hautes sphères du dub. En deux albums, il a épuisé les sonorités steppa qu’il affectionnait tant pour se ressourcer ailleurs, elle est là, la véritable prise de risque. Cette mutation se note d’emblée : Milky away, en ouverture, donne des signes qui sont rarement trompeurs. On sent bien qu’il ne veut pas perdre de vue ses tendances dubby, mais elles mutent, se transforment, côtoient l’impact puissant des ondes électroniques. Moins ethno et moins reggae que ses deux premiers, Panda Dub apparaît bien plus atmosphérique. La première partie de ce 10 titres confirme en tous cas ce sentiment, plus saturé (Feeling alive), plus digital (Lost reality), plus stratosphérique (Planet pillow)… Pourtant les influences dubwise sont bien toujours-là, l’alchimie marche sur les bombes ethno-dub-digital percutantes (Purple trip, Unknown attack), les envolées dubstep et influences UK explosent les comètes sur Hate (faisant d’ailleurs penser aux touches de « Out back » de leurs camarades High Tone). Ne proposant pas un seul morceau construit de la même manière, Panda Dub dévoile-là un talent que l’on connaissait mais qui ne s’était pas encore pleinement exprimé : les touches métalliques sont tonitruantes sur Danse macabre, la mise sur orbite de la planète techno de Die brücke dépasse le cadre idyllique de « The lost ship ». Le tribute à Yabby You, remix de Mayd Hubb & Joe Pilgrim, en compagnie de Jamma Dim propose une autre apothéose qui n’est pas prête de s’arrêter de tourner. Nul doute, Panda Dub est le nouveau fleuron de la scène dub française. C’est frais, c’est plein de vie et d’énergie, le panda n’en finit plus de dévoiler toute sa créativité. A voir, voir et revoir en live pour mesurer l’ampleur des sons lorsqu’ils sont joués sur les planches avec les machines.

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