Après les montpelliérains de Mauresca hier, Le Musicodrome vous propose aujourd’hui un aller simple dans l’arrière pays bittérois avec un groupe qui sévit en pays d’oc depuis presque 20 ans, les Goulamas’k. A l’occasion de leur dix-septième bougie soufflée, le groupe vient de ravir ses fans avec la sortie de « Resisténcia », le sixième opus du groupe depuis sa création.
Dès le premier coup d’œil, on se dit bien que cet album va transpirer la bonne humeur et la fête malgré les sujets graves abordés. Il y a bien sûr les couleurs, sang et or, de Gueules à la croix d’or, qui explosent de mille feux. Il y a aussi un arbre, mort, symbole d’un Béziers assiégé ou d’une France maltraitée, qui parvient à renaître par ses racines, dévoilant un olivier flamboyant.
« Même si l’homme tombe, l’olivier résistera. Sous son ombre, la résistance refleurira »
Cette « Resisténcia », Goulamas’k y tient et ne déroge pas à la règle. Sous son étendard punk/rock/ska, cette joyeuse bande d’allumés continue aussi de chanter en français, en occitan et en catalan, mettant à mal tous les pebronas. Dans ce monde de fous, Goulamas’k garde bien entendu son identité en réitérant sa griffe musicale avec des instruments traditionnels occitan et catalan tels que la gralla catalane, le bouzouki, le sac de gemecs ou encore la boha. Le cocktail culturel finement préparé peut alors s’embraser sans attendre : dans la lignée de « Ràbia e poësia (en concert !) » (2014), Goulamas’k est toujours aussi percutant !
L’ouverture est donnée tambours battants avec Dames de cœur, entièrement en français, et la compo se pare de guitares affûtées. Les cuivres, jamais bien loin, finissent par s’emballer dans un punk/ska nerveux qui appelle toutes les femmes muselées et malmenées à se réveiller ! Avec la résistance comme fil rouge, Goulamas’k va d’ailleurs s’offrir quelques pépites qui méritent que l’on s’y arrête quelques instants : Resisténcia, titre éponyme de l’album, est un véritable pied de nez à la mort en ces temps obscurs. Sur cette balade guidée par la tramontane et les notes traditionnelles, le rock nous donne un second souffle, celui nécessaire pour aller de l’avant et fuir les atrocités du présent.
« Et si on sait qu’on mourra / pour le moment l’important c’est de vivre / … / mais pour le moment donne-moi / la force de hurler « résistance » ! »
Comme si nous étions perdus dans le brouillard, les langues se délient dans une ambiance quasi-mystique, « l’âme des morts tristement erre, larmes de feu, armes de fer » (Les larmes des morts). Tantôt en anglais, tantôt en français, Goulamas’k nous fait même vaciller par sa spontanéité. Là où le temps semble suspendu, le rock se met à rugir dans un sursaut d’orgueil (ou de survie, chacun choisira) entre les échos du Moyen-Orient et du Bataclan.
Touché mais pas coulé, les goulamas sont pourtant bien décidés à ne pas courber l’échine : sur Voli volar, Goulamas’k passe la vitesse supérieure et propose un brûlot taillé pour le live. Dans cet appel à la fête, le groupe appelle à lâcher prise comme leurs frangins du Massilia (« il nous faut oublier les cons peuchère / il nous faut oublier ce qui nous emmerde / viens avec moi on bouffera la vie ») dans un punk/trad’ surboosté ! Troubadours des temps modernes, Goulamas’k tient à ses idées et en profite pour les rappeler sur Donnez, bombe reggae/ska (rappelant les fougueux Ska-P) qui est aussi une ode à la vie, au partage et à la mixité même s’il a décidé de rebaptiser son beau pays utopie.
Gardant toutefois une sacrée part de rancœur contre la société et ceux qui les gouvernent, Goulamas’k prend le temps de distiller un son rock sans fioriture sur Adios amor.
« Les enfants et les vieux ne pleurent pas ils n’ont pas faim / les enfants et les vieux, s’ils meurent, c’est de la haine / de jour et de nuit, on gardera les yeux ouverts / si on peut résister, pas de chances pour eux »
Ce n’est pas l’ultime appel à la révolte sur Miseria qui changera la donne : à toutes époques, « il reste beaucoup de têtes à supprimer en lançant une mise en garde : « attention si tu ne nous respectes pas, le peuple longtemps se rappelle, des patrons qui les affament. Attention à la colère ! ».
Si Goulamas’k fait flotter le drapeau rouge au-dessus de la tête à Ménard, ces derniers ne perdent pas pour autant le nord en nous proposant, en guise d’apéritif, une version « plus-plus » de Skatalunya histoire de garder les idées claires.
Avec « Resistència », Goulamas’k régale une nouvelle fois par ses textes engagés et son univers rafraîchissant. Dommage toutefois que cet opus ne contienne que 8 titres (dont 2 déjà connus) tant ces gaillards-là ont la faculté de nous redonner de l’énergie !
Clip « Voli volar »
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Dames de coeur
2. Resisténcia
3. Voli volar
4. Donnez
5. Adios amor
6. Les larmes des morts
7. Miseria
8. Skatalunya II
Sortie : 8 décembre 2016
Durée : 40 min
Discographie : 6ème
Genres : Punk / Ska / Occitan
Label : GK Prod
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