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Les Zoufris Maracas ont créé leur propre chemin sur la scène française. Ce chemin, jalonné de jolis mots, ils l’arpentent avec un étendard de liberté et à chaque pas ils témoignent de la folie de notre époque (et quelle époque !). Pour tout dire, c’est ce qui fait de ces compères un groupe qui prend aux tripes et qui permet d’avancer en ayant l’impression d’être un peu moins fou. « Bleu de lune » est une magnifique étape de chemin, à n’en pas douter. En ces temps obscurs, il est certain que cet album est un baume de premier choix pour apaiser tous les zoufris d’ici et d’ailleurs. Petit tour d’horizon de la folie des hommes.
Tout au long de leur voyage, de leur vie, Zoufris Maracas, comme chacun de nous, ne peut qu’observer la déchéance. Mais ces gars-là, ils ont la particularité unique de savoir la transformer en une complainte festive. De Maré à Lifou vous emporte et vous emmène dans cet état de liberté qui permet de reprendre son souffle. Parfois, il est possible d’oublier que la vie est belle. Alors inspirer et monter le son. C’est bon, vous vous rappelez comme elle peut être belle aussi ?
A d’autres moments, arriver à un certain point, on oublie qu’on est tous frères. C’est ce qui fait la spécificité de chacun des concerts de Zoufris Maracas : la création d’un rassemblement de frères et de sœurs. Pourtant il ne cesse d’observer que l’amour de l’homme et de l’humanité est à l’épreuve lorsqu’il s’oppose à la bêtise cupide de certains rapaces. La proposition est alors faite de se jeter dans l’eau comme pour s’en remettre à l’océan et à Sa majesté la mer. Allez, copain, Mon ami mon cher, ces usuriers n’ont pas (encore) arrêter le temps, tout est vanité, mais Zoufris Maracas est avec toi. Comme pour mieux te relever malgré le marasme ambiant et continuer à te trémousser, l’air festif de Sur quel pied danser est un remède sûr.
Cet album cache aussi des surprises. Le bruit du Métropolitain qui se ferme au début la piste 8 pour parler de l’amour et qui en rappelle à la genèse du groupe. Le doux son des conques ajoute une belle saveur iodée à l’album. Au-delà de ces sonorités, il y a la troublante ressemblance entre le Parasite de « Bleu de lune » et Le démon de « Prison dorée ». Chacun pourra l’interpréter comme il le souhaite mais il n’en reste pas moins que le démoniaque possède plusieurs facettes… Une dernière surprise est le parlé de Vincent Sanchez sur l’ultime titre de l’album : Explosif. Avec des airs de Gainsbourg, l’album s’offre une chanson-épilogue. Il parait plus facile d’être attentif et disponible pour l’apprécier au mieux. Ici, il a fallu l’écouter plusieurs fois pour saisir toute sa dimension. Certainement parce qu’il y a quelque d’hypnotique. A vous d’en juger.
Ce qui est aussi délicieux avec cet album, c’est l’invitation à faire un pas de côté. Le dimanche est ce bonbon qu’on laisse fondre sous la langue. Une belle ode à la pause, au repos. Et quel accord parfait avec la valse du Petit café genou qu’on a entendu en live l’autre jour à La Moba à Bagnol-sur-Cèze. La tendresse de l’amour et des amourettes n’est pas en reste avec Clara, mais elle prend toutes ses lettres de noblesse dans le titre éponyme de l’album, Bleu de Lune.
Oui, ce troisième album est définitivement festif. Le message y est pourtant terrible. D’autant plus terrible que ce n’est pas de la science fiction. C’est sûrement par la poésie mise dans les mots ou la joyeuse fulgurance des mélodies. Et c’est en ça que repose le génie de ce groupe de musique. Et au plus profond de mon petit cœur, je sens que j’ai été touchée. Par leurs mots, par leurs voix, par leurs instruments. Et tout au fond de moi, j’ai hâte de sortir, de prendre l’air frais et puis de me plonger, une fois encore, dans une foule d’amour devant une scène pour entendre « Bleu de lune ».
Zoufris Maracas, « Bleu de lune », disponible depuis le 13 mars 2020 (12 titres, 46 min.)